octobre 26, 2025

Minority Report – Quand Spielberg Adapte K. Dick

De : Steven Spielberg

Avec Tom Cruise, Colin Farrell, Samantha Morton, Max Von Sydow

Année : 2002

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la « Précrime » devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n’a alors plus qu’à lancer son escouade aux trousses du « coupable »…

Mais un jour se produit l’impensable : l’ordinateur lui renvoie sa propre image. D’ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha.

Avis :

Parmi les auteurs les plus adaptés au cinéma, on sait que Stephen King tient le haut du panier, et que cela ne risque pas de s’arrêter, puisque l’écrivain est toujours actif. Néanmoins, d’autres auteurs sont souvent mis en images au cinéma, comme Philip K. Dick. Il faut dire que ses ouvrages de science-fiction, empreints d’un contexte social fort, sont passionnants, et résonnent aujourd’hui comme de potentiels futurs à venir. Parmi les œuvres les plus emblématiques de l’auteur, on peut citer le chef-d’œuvre Blade Runner de Ridley Scott, ou encore le très réussi Total Recall de Paul Verhoeven. Au début des années 2000, Steven Spielberg a besoin de prendre des risques, et de proposer un cinéma plus ambitieux. Il décide alors de faire Minority Report, en se basant sur une nouvelle de Philip K. Dick, que lui a envoyé Tom Cruise, voulant alors faire partie intégrante du projet.

L’histoire se déroule en 2054, au sein d’un nouveau système sécuritaire qui arrive à prédire les meurtres avant qu’ils ne se déroulent. On y voit un agent trier des images provenant de trois individus plongés dans un liquide blanchâtre, montrant un type qui commet un double homicide. Afin de mieux nous expliquer ce système, et de ne pas nous perdre, le scénario fait intervenir un politicien à qui l’on explique comment fonctionne tout le système de prévention. Ainsi donc, de façon ludique et rapide, on comprend qui sont ces trois individus plongés dans l’eau, à quoi ils servent, et comment les nouveaux policiers arrivent à intervenir avant que les meurtres ne soient commis. Cette introduction permet alors de présenter un univers futuriste très réaliste, et de nous plonger dans une action débridée qui nous accroche dès le début. Du Spielberg tout craché.

« Tous les personnages sont intéressants, et sont nuancés »

Une fois cette première mission classée, le film va nous montrer le quotidien compliqué du héros, John Anderton, qui est divorcé et dont le fils est porté disparu depuis des années. Torturé, esseulé, on voit un homme détruit à l’intérieur, qui se plonge dans son travail avec l’espoir de retrouver le kidnappeur de son fiston. Le fait qu’il se drogue montre qu’il possède des fissures, et tout ce background contribue à le rendre empathique. Bien évidemment, les choses se corsent lorsqu’il découvre qu’il est le prochain meurtrier. Il prend alors la fuite pour comprendre ce qu’il lui arrive, et comment ces précogs (les êtres plongés dans l’eau ayant des visions) ont pu avoir une telle vision, alors qu’il ne connait même pas sa victime. Le côté enquête prend alors le dessus, avec de jolies partitions d’action pour mieux nous rendre addictif.

Si le scénario se dévoile de façon parcimonieuse, tout demeure limpide et relativement claire, malgré le fait que nous soyons dans une histoire qui joue avec les timelines et les temporalités. Notre héros fuit, trouve des astuces pour ne pas se faire attraper, et rencontre des gens plus ou moins honnêtes pour l’aider dans sa quête de vérité. Il va être confronté à la créatrice des précogs, une scientifique un peu barrée qui lui révèle que la naissance des ces oracles est due à un pur hasard. Et il va aussi faire la rencontre d’un médecin peu recommandable, qui va lui changer les yeux, afin d’échapper aux contrôles rétiniens, qui sont devenus une routine au sein d’un monde qui n’a plus de secret. Tous les personnages sont intéressants, et sont nuancés, comme par exemple le politicien qui peut sembler méchant et opportuniste, mais qui recherche aussi la vérité.

« Deux thèmes majeurs qui prennent sens encore aujourd’hui, avec les juges des réseaux sociaux. »

Pour donner corps à ces personnages complexes, le casting est relativement intéressant, et très investi. Tom Cruise est impressionnant dans le rôle de ce fugitif en quête de vérité. Il est physique, mais aussi convaincant dans les moments plus intimistes, notamment quand il est question de son fils. Colin Farrell est très bon dans le rôle du politique opportuniste, mais qui va découvrir des choses qui vont remettre en question ses idéaux. Max Von Sydow est très bon aussi, dans un rôle un peu monolithique, jouant entre les policiers et les politiques, se vantant d’être le créateur de ce système de prédiction. Puis Samantha Morton est excellente dans le rôle de la précog qui va aider notre héros, découvrant le monde et souffrant terriblement de ses visions. Tout ce petit monde est vraiment bon et donne un vrai caractère au film.

Bien évidemment, il est difficile de ne pas évoquer la mise en scène de Steven Spielberg. Le cinéaste trouve de nombreuses idées de réalisation, notamment dans les séquences d’action qui sont vraiment excellentes. L’affrontement avec les policiers qui ont des jetpacks est un exemple de maîtrise de mise en scène fluide et lisible. Le seul petit bémol concerne alors un éclairage parfois trop saturé, notamment dans les scènes de jour, comme pour masquer un décor trop contemporain et pas assez futuriste, donnant lieu à des passages un peu kitsch, comme dans le centre commercial. Mais cela n’entache pas la portée philosophique de ce film, qui interroge sur la véracité de ces prédictions, laissant alors des humains interpréter des visions comme ils l’entendent, ou encore sur la présomption d’innocence qui n’existe même plus. Deux thèmes majeurs qui prennent sens encore aujourd’hui, avec les juges des réseaux sociaux.

Au final, Minority Report est un excellent film d’anticipation et de science-fiction. Steven Spielberg propose un film qui fut, à l’époque, visionnaire dans ses effets spéciaux et dans ses thèmes. Aujourd’hui encore, le film continue de brasser des thématiques actuelles, et qui trouvent un écho dans notre monde contemporain, plus de vingt ans plus tard. Si l’on ajoute à cela une mise en scène dynamique et des acteurs investis, forcément, cela fait de Minority Report un excellent divertissement, loin d’être bête.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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