septembre 26, 2025

Delirium – Thriller Apathique

De : Dennis Iliadis

Avec Topher Grace, Patricia Clarkson, Genesis Rodriguez, Callan Mulvey

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Un homme tout juste sorti de l’hôpital psychiatrique hérite de la maison de ses parents. Mais bien vite des événements étranges, l’amenant à penser que la maison est hantée, se produisent.

Avis :

Les années 2000 ont été propices à toute une flopée de remakes de films d’horreur. Si certains longs-métrages se sont révélés moins bien que les originaux, d’autres ont su tirer leur épingle du jeu, comme le fameux La Colline a des Yeux d’Alexandre Aja, ou encore La Dernière Maison sur la Gauche de Dennis Iliadis. Ce dernier était d’ailleurs promis à un bel avenir suite à son remake qui fut très intéressant et jusqu’au boutiste. Malheureusement pour lui, ses projets suivants n’ont pas connu un sort favorable. Home ne trouvera jamais de sortie en salle ou en VOD alors qu’il date de 2012. +1, teen movie à la sauce science-fiction, ne sera disponible qu’en VOD, ou plutôt en version pirate, tout comme Delirium sorti en 2018 et qui a sûrement dû se cantonner à quelques festivals de films de genre. Est-ce bien mérité ?

Delirium est ce que l’on pourrait appeler un thriller horrifique. On commence le film aux côtés d’un jeune homme qui sort d’hôpital psychiatrique et hérite de la grande maison de son défunt père, décédé pendant son incarcération. Bien entendu, ce garçon porte un bracelet électronique, et on ne sait pas trop pourquoi il a été interné. Le scénario tente de brouiller les pistes au démarrage, nous plongeant dans l’inconnu, avec un personnage principal trouble, dont on songe à la folie douce. Ce sentiment est renforcé par une maison immense, avec un père qui s’est suicidé et une mère portée disparue, ainsi que des bruits un peu partout. Hallucinations ? Véritables personnes dans les murs ? Le mystère reste entier, et le film joue les trouble-fêtes avec des personnages secondaires antipathiques, à l’image de cette flic qui va s’amuser à « torturer » ce pauvre bougre.

« Dans les faits, on connait ce genre d’intrigue. »

Dans les faits, on connait ce genre d’intrigue. On ne sait pas si ce qui se passe est réel, ou si c’est dans la tête de notre pauvre bougre, qui perd peu à peu les pédales. Dennis Iliadis fait ce qu’il peut pour nous rendre son personnage intéressant, le rendant sympathique, jusqu’à tomber amoureux d’une livreuse, à laquelle il va se confier pour que l’on comprenne un peu plus son incarcération. Le déroulement demeure assez bateau, avec un troisième personnage qui va venir faire son entrée, et qui sera à quelle part la némésis du héros. On entre alors dans un conflit fraternel, avec une histoire de famille étrange, où l’on va découvrir, à travers des vidéos et des découvertes dans la maison, que les mœurs du papa n’étaient pas très catholiques. Aux deux tiers du film, on sombre alors dans le thriller pur jus.

Le problème avec cette narration, c’est que les troubles du jeune homme sont assez clairs pour que l’on devine avant la fin ce qui se passe dans cette baraque. On pourrait avoir des doutes quant à la présence de son frère, mais les révélations sont rapides et laissent peu de suspens. Tout comme certains éléments sont assez grossiers, ou ne servent pas vraiment l’intrigue, de cette langue dans un bocal, à ses passages dans les murs qui permettent alors de voir la chambre parentale en secret, comme un gros pervers. Ce sont des choses qui sont connues de tous, que l’on a déjà vu dans un bon nombre de films, et malheureusement, Delirium ne tire pas son épingle du jeu. Et notamment parce que les explications autour de ces installations sont d’une banalité affligeante. Le film manque clairement d’ambition dans sa structure et ses enjeux.

« Tout repose sur les épaules de Topher Grace« 

Mais ce n’est pas tout. La mise en scène est aussi plate que son intrigue. Si nous avions laissé le réalisateur sur l’excellent remake du film de Wes Craven, avec des élans gores et une bonne gestion de l’espace, ce ne sera pas le même délire ici. La maison n’a pas de personnalité, les décors sont lisses et le travail sur la colorimétrie demeure anecdotique. Très clairement, on a l’impression de regarder un film taillé pour le marché du DVD, et non pas un film conçu pour les grands écrans. Il manque de l’ampleur, de l’ambition, et une envie de bousculer les codes. Certes, on a quelques moments un peu gores, des apparitions étranges et un jeu avec de l’ombre à un moment, mais ça reste très peu impactant. Delirium souffre du syndrome du petit film à petit budget qui n’a pas d’autre ambition que celui d’exister.

Et là-dessus, le casting essaye de faire ce qu’il peut. Tout repose sur les épaules de Topher Grace qui, pour une fois, joue un personnage sympathique, qui n’a pas une once de méchanceté en lui. Le problème, c’est qu’il n’est pas ambivalent, et de ce fait, son innocence nous éclabousse dès le début. L’acteur est bon, mais son personnage est trop lisse. Quant aux trois autres protagonistes qui gravitent autour de lui, ils manquent de profondeur. On a le frère méchant et psychotique, la flic cruelle qui ne sert à rien, ou encore la livreuse gentille qui se délivre à notre héros en lui montrant ses cicatrices et que elle aussi, elle a du mal-être. Le casting tient la route, mais il n’y a rien de vraiment emballant. En fait, il est à l’image de l’histoire et de la mise en scène.

Au final, Delirium est un thriller horrifique lambda qui n’a aucune personnalité. Si le film est loin d’être mauvais, surtout si on le compare à d’autres productions horrifiques lamentables, on reste tout de même sur un long-métrage lisse, qui ne prend pas de risque, et qui s’avère vite oubliable. Sans être une purge donc, on fait face à une histoire basique, portée par des personnages basiques, et avec une réalisation basique. On est loin du Dennis Iliadis de La Dernière Maison sur la Gauche

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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