
Autrice : Marie-Emmanuelle Kervénoël
Editeur : AMH Communication
Genre : Récit de Vie
Résumé :
Dans ce livre, nous pénétrons davantage l’âme de l’autrice dans son récit relatant sa conversion à l’âge de trente-trois ans, la narration de son sacrement de mariage au même âge. Puis, nous plongeons vraiment dans son essence par la découverte de son poème sur la mort mais nous n’en restons pas là puisqu’elle nous dévoile sans retenue ses états d’âme dans une narration du même nom. L’autrice nous fait toucher du doigt l’univers psychiatrique lors d’un de ses séjours, demeurant impénétrable pour une personne bien portante. Cet environnement qui est un monde dans un monde. Puis elle nous immerge de nouveau dans le monde religieux en nous faisant part de sa retraite spirituelle en tant qu’unique retraitante dans un monastère situé dans l’Oise partageant l’existence des moines et leur générosité. Quête de grâce pour atteindre cette inaccessible étoile. Un regard émouvant sur la vie. Par ailleurs, une fois encore l’écrivaine nous surprend agréablement en nous racontant quelques escapades dans nos contrées françaises, entre autres, au hasard d’un bistrot dans un petit village du Nord de la France, au comptoir, quelques rares habitués sont là pour boire et reboire un bon coup et n’écoutent, même pas, ce que le pauvre tenancier leur raconte. Il est non-voyant.
Avis :
Volupté & Tristesse ne suit pas le schéma classique du roman à intrigue, mais s’apparente davantage à une errance intérieure, guidée par les sens et l’émotion. Le récit se présente comme une traversée méditative du littoral belge – de Knokke-le-Zoute à La Panne, en passant par Ostende et Damme – autant de lieux réels qui, sous la plume de Marie-Emmanuelle Kervénoël, se transforment en paysages symboliques d’une exploration intime.
Une expérience immersive et sensorielle
Au fil de ces stations balnéaires, l’autrice compose un itinéraire littéraire où la mer, le vent, la lumière deviennent le langage d’un ressenti profond : une douce mélancolie, une écoute du silence, une forme d’abandon. Volupté & Tristesse se lit comme un poème en prose, une pierre jetée dans le miroir de la conscience, qui déclenche des cercles d’émotions. C’est un temps suspendu, un hommage au présent fragile, à la beauté éphémère, à cette force discrète qui permet d’avancer. Dans une cadence lente et quasi contemplative, l’écriture de Marie-Emmanuelle Kervénoël s’apparente à celle d’un carnet de terrain intime, entre journal et méditation.
L’autrice propose ici une œuvre profondément sensorielle, une écriture impressionniste où l’univers extérieur – souvent maritime, enveloppé de lumières pâles et de brises légères – devient l’écho d’un monde intérieur en recomposition. Sa plume, épurée et parfois répétitive, déjoue les codes habituels du roman pour ouvrir un espace plus libre, plus instinctif. Si son vocabulaire n’est pas toujours chirurgicalement précis, il révèle une sincérité spontanée, une écriture qui jaillit sans apprêt.
Volupté & Tristesse prend alors la forme d’un journal discret, où le fil narratif cède la place à des instantanés, des sensations fugaces, des images à peine murmurées. Derrière cette apparente simplicité se cachent des questions essentielles : la mémoire, la solitude, le sacré, la foi, la possibilité de se relever. Ces thèmes surgissent discrètement, dans les interstices, les silences, les non-dits. Il en résulte un texte à la fois équilibré et profond, où la douleur ne nie jamais la lumière, et où la spiritualité, suggérée plutôt qu’énoncée, vient doucement éclairer le propos.
La narratrice, qu’on devine marquée par une perte ou une rupture, choisit de s’isoler dans ces paysages côtiers. Au fil de ses déambulations solitaires, elle revisite son passé, explore ses blessures, questionne le sens de ce qui reste. Une ancienne relation, le poids du temps, la quête d’une vérité plus vaste : tout cela affleure, sans jamais prendre toute la place.
Volupté & Tristesse est un ouvrage singulier, exigeant dans sa lenteur, presque initiatique. Illustré de quelques images évocatrices, il tient davantage du carnet spirituel que du roman traditionnel. C’est, en somme, le récit d’une femme qui marche au bord de la mer pour tenter de se retrouver, en accueillant à la fois la lumière et l’ombre. Une traversée silencieuse et émouvante, entre dépouillement, lucidité, et apaisement.
Note : 14/20
Par Aubin