
Avis :
Marseille n’est pas une ville où le Métal a pignon sur rue. Bien au contraire, si la scène métalleuse marseillaise est bien en place, avec en prime de nombreuses salles de concerts, c’est surtout le Rap qui prédomine, avec des artistes qui remplissent des stades entiers. D’un autre côté, c’est assez logique que ce soit dans ce sens, puisque la musique urbaine demeure plus accessible pour le commun des mortels, et surtout, elle fait les beaux jours des chaînes de radio et dispose d’une mise en avant plus importante que le métal. Mais Marseille, comme dit au-dessus, c’est aussi une ville qui possède une scène violente, avec des groupes qui ont plus envie de gueuler que de parler. Et parmi les groupes les plus influents de ces dernières années, on peut compter sur Landmvrks et son Metalcore moderne, qui essaye aussi d’inclure d’autres références.
Fondé en 2014, rien de prédestinait son frontman, Florent Salfati, à faire du métal, puisqu’il voulait percer dans le rap. Cependant, c’est en faisant du Metalcore qu’il commence à avoir une certaine notoriété, jusqu’à un premier album en autoproduction en 2016. Le groupe fait quelques scènes, ce qui lui permet de se faire reconnaître par le label allemand Arising Empire, leur permettant alors de faire des albums plus conséquents. Le succès viendra notamment avec leur troisième skeud, Lost in the Waves, sorti en 2011, puis 2025 signera une confirmation en fanfare avec The Darkest Place I’ve Ever Been, qui va bien plus loin que le simple Metalcore classique. Ici, on a du Rap, mais on a aussi des influences qui font penser à Linkin Park, et des moments plus rugueux, où l’on va se rendre compte de la puissance vocale de Florent, qui joue constamment avec les textures.
L’album débute avec le titre éponyme de l’album, et ça commence tout doucement. Le concept ici est de raconter la descente en enfer d’un homme, et forcément, le démarrage a des élans assez mélodramatiques. Cependant, la seconde moitié du morceau pousse fort, allant même jusqu’à un break qui évoque le Deathcore, jouant avec un joli blast à la batterie. Puis après ce qui pourrait être considéré comme une longue introduction, on a droit à Creature, le premier titre qui fut présenté pour vendre l’album. Le début en rap français permet alors de lancer un gros cri avant d’enchaîner avec un couplet en anglais ultra rapide, où le chanteur fait étalage de son flow. Le refrain rentre parfaitement dans les carcans du Metalcore avec un chant clair et une baisse de puissance sur les riffs. Mais l’ensemble est terriblement addictif, et les breaks sont ahurissants.
Il est bien difficile de ne pas se péter la nuque à l’écoute du morceau. A Line in the Dust montrera une autre facette du groupe, qui correspond à cette similarité avec Linkin Park. On a droit à une grosse guitare, mais qui est adoucie pour un arrière-plan plus aérien et plus doux. Fort heureusement, les français ne font pas de plagiat et trouvent leur propre identité, avec des modulations vocales malines et intéressantes. Et il est à noter l’intervention du chanteur de While she Sleeps lors du second couplet. Avec Blood Red, le groupe retrouve ce qui fait son sel, avec un mélange de Metalcore et de Rap qui frappe fort, tout en jouant avec les langues et les ambiances. On a droit à un gros titre qui fait son effet, et démontre tout le talent du groupe, ainsi que sa qualité dans le songwriting.

Sulfur va rentrer dans un cadre plus conventionnel, mais il gagne ses galons après plusieurs écoutes, notamment grâce à la performance vocale du frontman, qui arrive à faire différents cris et à pousser de manière différente. Il sera à coupler avec Sombre 16, interlude en rap qui parle de regrets et de remords, et cela permet de lancer une certaine dynamique avec The Great Unknown qui, pour le coup, fait écho au groupe de feu Chester Bennington. Si le final est plus guttural, on reste dans un morceau calibré pour la radio américaine. Mais c’est vraiment La Valse du Temps qui retiendra toutes nos intentions, avec un début en chanson française, incluant un piano et de jolies phrases, avant de faire parler la poudre et d’introduire des éléments quasiment Prog. Un choix étonnant mais payant qui montre la richesse d’esprit du groupe.
Deep Inferno va aussi être un gros morceau. Si le titre est plutôt court, il arrive à jouer avec les éléments qui font la marque de fabrique de Landmvrks, jusqu’à un final qui évoque le célèbre groupe américain. Mais encore une fois, les marseillais arrivent à s’en détacher suffisamment pour avoir leur propre identité. Requiem vient aussi frapper un grand coup, avec une intro doucereuse, un milieu percutant, et un final qui laisse sur le cul par sa violence. Enfin, Funeral est une outro au piano qui forme une belle boucle avec l’introduction, et qui fait étalage de la belle voix de Florent, notamment sur quelques vocalises finales.
Au final, The Darkest Place I’ve Ever Been, le dernier album de Landmvrks, est une superbe réussite, et prouve qu’il s’agit-là d’un groupe à suivre de très près. Jouant avec les codes du Metalcore, du métal alternatif ou encore du rap et de la variété française pour mieux nous surprendre, la formation française trouve un équilibre parfait et offre un album complet, qui doit s’écouter d’une traite pour encore mieux l’appréhender. Bref, une surprise comme on les aime.
- The Darkest Place I’ve Ever Been
- Creature
- A Line in the Dust
- Blood Red
- Sulfur
- Sombre 16
- The Great Unknown
- La Valse du Temps
- Deep Inferno
- Requiem
- Funeral
Note : 17/20
Par AqME