
Titre Original : Dodgeball : A True Underdog Story
De : Rawson Marshall Thurber
Avec Vince Vaughn, Ben Stiller, Christine Taylor, Justin Long
Année : 2004
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie
Résumé :
Peter LaFleur est le charismatique et sous-estimé propriétaire d’un club de gym, pompeusement appelé Average Joe’s. Mais l’endroit attire les convoitises de White Goodman, une puissante figure du monde du sport, propriétaire du rutilant Globo Gym.
Une banque commissionne une experte, Kate Veatch, pour s’infiltrer dans les rouages directionnels de l’Average Joe’s afin de finaliser l’OPA de la petite salle de gym par le géant complexe de fitness. Mais c’était sans compter sur les charmes enfantins de Peter qui, rapidement, acquiert à sa cause la belle Kate.
Une alternative se présente à eux pour sauver l’Average Joe’s : se lancer dans une compétition de dodgeball avec pour adversaires les gros bras du Globo Gym.
Avis :
La comédie américaine possède deux facettes qui sont réellement antinomiques. C’est-à-dire que l’on retrouve la comédie mainstream, celle avec des acteurs connus et qui bénéficie d’une sortie en salles. Puis il y a la comédie indépendante qui, en règle générale, est plus discrète, plus fine, et apporte des réflexions sur notre monde, ou tout du moins sur la nature humaine. Et généralement, elle ne bénéficie pas d’une sortie au cinéma, mais plutôt directement en DVD ou sur les plateformes de streaming. Dans les deux cas, on trouve du bon comme du mauvais, même si on peut reprocher aux comédies mainstream d’être vulgaire et de parfois en faire trop autour des pets, des rots et de tout ce qui se passe en dessous de la ceinture. Et parfois, malgré cela, on trouve des miracles, des comédies grasses mais drôles, et qui en sus bénéficient d’un vrai message de fond.

Même Pas Mal ! (Dodgeball) fait partie de celles-là. Et pourtant, ce n’était pas forcément gagné, que ce soit dans son thème principal, la balle au prisonnier, ou encore dans son casting, avec deux acteurs habitués des comédies, mais qui peuvent en faire des caisses et nuire à l’ensemble. Mais la magie opère, et vingt ans plus tard, cette comédie n’a pas pris une ride, demeurant drôle, décalée, mais avec en prime un fond qui colle à une réalité d’aujourd’hui, le culte du corps et l’avènement des salles de sport. Ici, on nous propose de suivre Peter, le patron d’une salle de sport qui est endettée. En face de sa salle, il y a Globo Gym, le géant du fitness mené d’une main de maître par White Goodman. Et ce dernier veut racheter la salle de sport afin d’en faire un parking.
« une critique acerbe du monde du sport, ou plus précisément du monde du culte du corps »
Mais les habitués ne sont pas de cet avis, et pour trouver la somme d’argent qui permettrait de garder la salle de sport, ils décident de participer à un tournoi de balle au prisonnier. Le pitch est simple, et on se doute bien que White Goodman ne va pas se laisser faire, s’inscrivant alors à la compétition. Le film joue alors sur la confrontation entre un homme imbu de lui-même, qui se croit beau et fort, jouant de son image pour cacher l’ancien obèse qu’il était, et un homme simple, qui ne veut pas prendre de risque pour ne pas être déçu par la vie. On se doute bien comment tout cela va se finir, et le scénario suit un schéma très classique, où la fin est connue d’avance. Mais ce n’est pas ça le plus important.
Au moment où ces lignes sont écrites, le film fête ses vingt ans d’existence, et force est de constater qu’il était très en avance sur son temps. En effet, on peut y voir, en première ligne, une critique acerbe du monde du sport, ou plus précisément du monde du culte du corps, avec cette chaîne de fitness qui impose un diktat de la beauté. Comment ne pas y faire un parallèle avec ce qui se passe aujourd’hui, où les réseaux sociaux pullulent de photos de types musclés faisant de la salle, ou de filles en legging qui montrent leur forme. Bien entendu, ce monde est critiqué pour son côté factice et stupide. White Goodman essaye de paraître intelligent, sort des phrases à l’emporte-pièce, mais il en ressort plus bête qu’il ne l’est vraiment. Tout comme il se fait gonfler le sexe pour espérer charmer les demoiselles…
« il y a ce casting si parfait »
En dehors de ce thème principal, le film s’évertue aussi à montrer qu’une équipe gagne par la cohésion d’équipe, et par amitié, plus que par force physique. Les loosers magnifiques qui composent l’équipe « gentille » vont s’entraîner, trouver des astuces pour devenir plus performant, mais surtout, ils vont utiliser les forces de chacun pour gagner. Le film fait la part belle à un humour cabochard, mais on y voit une vraie envie de fournir un fond malin et intelligent, poussant alors à la réflexion autour de l’amitié, de l’amour, de nos différences qui permettent de devenir plus fort. Comme quoi, on peut faire un film à l’humour au ras des pâquerettes, et y injecter des thèmes universels et intelligents. Et ce ne sont pas toutes les comédies américaines qui peuvent se targuer d’avoir cela.
Au-delà des messages que renvoient le film, on trouve aussi des personnages hauts en couleurs, mais très attachants. Comment ne pas aimer ce jeune garçon qui veut devenir pom-pom girl pour sortir avec la fille de ses rêves ? Comment ne pas apprécier ce mari un peu peureux qui ne se rend pas compte que sa femme ne l’aime pas ? Et plus ubuesque, comment ne pas rire devant ce type qui se prend pour un pirate, car il refuse de grandir ? Chaque personnage est empathique, et on a envie qu’ils réussissent pour faire la nique à ces pseudos beaux gosses testostéronés. Et puis il y a ce casting si parfait, avec un Vince Vaughn nonchalant, un Ben Stiller loufoque et détestable, ou encore un Justin Long qui en prend plein la tronche. Pas de doute, le casting de ce film est vraiment redoutable.

Au final, Même Pas Mal ! (Dodgeball) reste une comédie qui n’a pas pris une ride et qui s’avère toujours aussi réussie de nos jours. Possédant plusieurs messages malins, jouant avec des personnages attachants, ainsi qu’une rythmique qui ne s’arrête pas un seul instant, malgré son humour débile et son côté en-dessous de la ceinture, on passe un excellent face à un film qui se veut plus intelligent qu’il n’y paraît, et pour lequel on éprouve un sacré capital sympathie.
Note : 15/20
Par AqME