
De : Saïd Hamich Benlarbi
Avec Ayoub Gretaa, Anna Mouglalis, Grégoire Colin, Omar Boulakirba
Année : 2025
Pays : Belgique, France, Maroc
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive… Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves.
Avis :
Né au Maroc et arrivé en 1997 en France, Saïd Hamich Benlarbi s’installe à Bollène dans le Vaucluse avec ses parents. À cette époque, il va passer beaucoup de temps à Marseille. Après des études secondaires, il monte à Paris et entre à la Fémis, dont il sortira diplômé en production. Par la suite, il crée sa société de production, Barney production, et avec elle, il va passer toutes les années 2010 à travailler à la production de courts et de longs-métrages. On lui en compte plus d’une vingtaine. En parallèle de ça, à la fin de ces années-là, il passe à la réalisation, avec « Retour à Bollène« , qui sera son premier long, sorti en 2018.

Après un court en 2020, Saïd Hamich Benlarbi se lance dans le projet de « La mer au loin« . Entre l’écriture, la production et le tournage, le projet va lui prendre cinq ans. Pour ce film, dont l’histoire va se dérouler sur une dizaine d’années, pendant la décennie 90, le réalisateur va se replonger dans ses années où, après être arrivé en France, il a fréquenté une communauté maghrébine et il a écouté les parcours de ces hommes et femmes qui sont arrivés du côté de Marseille. Avec tout cela, il a alors écrit un scénario qui va être un melting-pot de toutes ces histoires, pour un résultat qui malheureusement n’aura pas réussi à m’emporter. Si le film est parcouru de beaux instants de cinéma, il n’en reste pas moins que de manière générale, cette intrigue résonne comme clichée, lourde et ennuyeuse. Dommage.
« film qui va aborder tout un tas de sujets qui sont très intéressants »
Nour, vingt-sept ans, est un jeune immigré marocain qui vivote de petits larcins. Puis un jour, il tombe sur Serge, un flic pour le moins imprévisible. Très vite, Nour se lie d’amitié avec Serge, mais aussi avec Noémie, sa femme, et découvre alors une relation faite d’un amour mutuel fort, mais aussi de quelque chose qui est loin d’être commun. Cette rencontre, c’est la rencontre d’une vie, l’une de ces rencontres qui bouleverse tout, et surtout change la vie à jamais…
L’exil, l’intégration, et au-delà de ça, une histoire d’amour, « La mer au loin » est un film qui comme ça, sur le papier, avait bien des arguments pour me plaire et me convaincre. Puis en plus de ça, Saïd Hamich Benlarbi a sorti une carte qui me plaît énormément, Anna Mouglalis et Grégoire Colin, qui sont deux acteurs que l’on ne voit pas assez au cinéma.
Du côté de son intrigue, « La mer au loin » est une histoire qui se déroule sur une dizaine d’années, pour deux heures de film, et l’on se dit qu’avec ça, on va pouvoir suivre l’évolution d’un personnage, parti de rien, et sans pour autant atteindre les hautes sphères, on va le voir se construire et joliment trouver sa place. Dans le parcours de son personnage, « La mer au loin » est un film qui va aborder tout un tas de sujets qui sont très intéressants. Comme je le disais, il y a l’exil, et ce que l’on peut ressentir lorsque l’on reste loin de là où l’on a grandi pendant une très longue période. Puis, il a cette idée d’être entre deux cultures, ce qui fait qu’on finit par être comme une sorte d’étranger dans les deux pays.
« cette histoire se fait aussi bien trop lourde et terriblement clichée »
Évidemment, le film parle des années 90, avec certains événements, ou plutôt faits, qui ont marqué ces années-là. Faits qui feront basculer le personnage de Serge en un rien de temps. Si le personnage est beau et intéressant, notamment dans la relation qu’il a avec sa femme, d’un coup, en l’espace de dix minutes (et encore, c’est large), le scénario rectifie son histoire et nous laisse sur un goût de bien trop vite. Avec ça, évidemment, le film aborde le racisme, la famille, les traditions, l’honneur, la religion, puis il y a beaucoup de personnages qu’on pourrait qualifier de marginaux…
Bref, il y a vraiment de quoi faire avec cette histoire qui reste très riche, mais qui malheureusement se fait aussi bien trop lourde et terriblement clichée sur certains de ses passages. Pour caricaturer, on aurait presque envie de dire que tout y passe, que rien n’est épargné au personnage. Certaines ficelles ont la finesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, et derrière ça, le film n’arrive pas à toucher plus que ça, tant cette histoire se fait trop grosse. Pourtant, le film tient de très beaux interprètes, et nous fait découvrir un acteur plein de talent et de tendresse, Ayoub Gretaa, dont le regard et le charisme sont magiques.

Mais voilà, lorsque j’additionne tout cela, malgré tous les bons côtés du film, malgré les beaux et bons moments de cinéma, sur l’ensemble, « La mer au loin » n’aura pas réussi à m’emporter. Cette histoire fut trop lourde, et a résonné comme bien trop clichée, et même prévisible, ce qui fait qu’au bout du compte, c’est l’ennui plus qu’autre chose qui a gagné le terrain. Dommage, vraiment dommage.
Note : 08/20
Par Cinéted