janvier 17, 2025

Sarah Bernhardt, la Divine – Kiberlain en Grâce

De : Guillaume Nicloux

Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne

Année : 2024

Pays : France, Belgique

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions. Découvrez la femme derrière la légende.

Avis :

Parmi la galerie de réalisateurs français, Guillaume Nicloux est un auteur qui tranche. C’est un cinéaste qui a une certaine idée du cinéma, et s’il se diversifie en permanence, son cinéma dégage quelque chose qui lui est propre. Après ses débuts dans les années 90, puis avec la décennie 2000, où il s’est grandement intéressé aux thrillers, Guillaume Nicloux a passé les années 2010 à tester tout un genre de cinéma, même s’il s’en dégage surtout sa trilogie autour de la mort. En ce qui concerne les années 2020, on n’arrivera pas encore à déterminer où Guillaume Nicloux va bien pouvoir nous entraîner, et finalement, la seule chose que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a jamais été aussi prolifique, puisque « Sarah Bernhardt, la Divine » est son cinquième film en l’espace de quatre ans. Oui, on comptera aussi « Les Rois de l’arnaque« , son documentaire disponible sur Netflix.

Deuxième film à sortir cette année pour Guillaume Nicloux qui, après la comédie « Dans la peau de Blanche Houellebecq« , se laisse tenter par le biopic. Pour cela, il a décidé de s’arrêter sur l’immense Sarah Bernhardt, actrice plus que célèbre à la fin du XIXe siècle. Enfin, un biopic, ce n’est pas vraiment un biopic comme on peut l’imaginer, car bien sûr, Guillaume Nicloux s’est réapproprié l’idée de biopic pour en faire autre chose, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il livre ici un biopic inattendu. D’ailleurs, à bien y réfléchir, ce n’est pas un biopic au sens propre du terme, non, c’est plus un film qui s’arrête sur une relation amoureuse, et fait le bilan de cette relation, à deux étapes importantes de la vie de La Divine.

« Guillaume Nicloux nous fait entrer dans la fin de vie de l’actrice »

À la fin du XIXe siècle, Sarah Bernhardt est la comédienne la plus connue au monde. Véritable icône moderne, elle vit libre et défie les conventions. Amoureuse, pleine d’envie et d’ambition, grandiloquente, Sarah Bernhardt marquera bien plus que son époque…

Dix-septième long-métrage de cinéma pour Guillaume Nicloux, qui revient en cette fin 2024 avec un film qui parle de Sarah Bernhardt, immense actrice et peut-être même la première star au monde. Normalement, lorsqu’on parle de biopic, on imagine aisément qu’un cinéaste va nous raconter la vie d’un personnage de son début à sa fin, mais ici, ce n’est pas ce que va faire Guillaume Nicloux, même si son film s’étalera tout de même sur une trentaine d’années. Avec « Sarah Bernhardt, la Divine« , Guillaume Nicloux nous fait entrer dans la fin de vie de l’actrice au moment où elle a déjà pratiquement cinquante ans. À ce stade de sa vie, le réalisateur va s’intéresser à deux moments clés de sa vie.

Le premier sera sa consécration, où un jour de 1896, il lui faut consacrer toute une journée. Puis Guillaume Nicloux s’intéressera ensuite (et en même temps) à ce jour de 1915, où elle se fait amputer sa guibolle comme elle le dit si bien. Ces deux jours sont importants pour la vie de l’actrice, ce sont comme des pierres angulaires, où elle passera un cap, mais c’est entre les lignes de sa vie que ces deux jours, plus que d’autres, vont être liés par l’amour. Un amour, une relation, une liaison, bref appelez ça comme vous le voudrez, mais c’est deux jours vont être autant liés à Sarah Bernhardt qu’à Lucien Guitry, l’amour de sa vie.

«  »Sarah Bernhardt … »est très bien écrit, joli et touchant »

Malin dans sa façon de raconter les choses, « … La Divine » est un film qui est monté en flashbacks, avec une Sarah Bernhardt qui sort d’intervention chirurgicale, et qui va alors se confier au fils de Lucien Guitry, le jeune Sacha Guitry, dont elle est la marraine. Ainsi, là où l’on s’attendait à avoir un biopic « normal », c’est donc une histoire d’amour que nous raconte Guillaume Nicloux. Mais avec ça, le réalisateur, au cours de joutes verbales de « … la Divine« , au cours des discussions, n’oubliera jamais de nous en apprendre beaucoup sur son personnage. D’où elle vient, son enfance, ses succès, ses projets à venir, ses engagements, notamment pour l’affaire Dreyfus, ou encore le féminisme avant l’heure.

Bref, ce « Sarah Bernhardt … »est très bien écrit, joli et touchant, même si on lui reprochera aussi de ne pas nous montrer l’actrice sur scène, l’actrice en train de travailler, de préparer un rôle, et de se poser comme une femme d’affaires. Non, tout ceci est soit suggéré, ou alors le réalisateur part du fait qu’on le sait déjà, et qu’il n’y a pas de raison de s’y attarder, ce qui est dommage, car ça crée un manque, comme un trou dans l’histoire.

« Sarah Bernhardt, la Divine« , c’est aussi et surtout un film qui, derrière son écriture, est tenu par une actrice flamboyante et lumineuse, l’excellente Sandrine Kiberlain. C’est bien simple, elle est parfaite en tout, et la Divine qu’elle compose est passionnante à suivre, aussi bien dans ce qu’elle raconte, que comment elle le raconte, avec cette verve, avec cette démesure, presque cette déconnexion. Puis il y a le punch de ses répliques et autres théories, qui sont pleines de drôlerie. Avec ce film, Sandrine Kiberlain est une très sérieuse prétendante pour la prochaine cérémonie des César, et ça ne serait que mérité. Face à elle, Laurent Laffite en amoureux partagé est très bon, tout comme le reste du casting, même si de ce côté-là, certains rôles auraient mérité d’être plus développés, comme celui tenu par Grégoire Leprince-Ringuet.

« un film qui est aussi flamboyant visuellement parlant, que son personnage principal »

Enfin, « Sarah Bernhardt, la Divine« , c’est le plus gros projet de Guillaume Nicloux, et pour le coup, le réalisateur nous offre une très belle reconstitution, avec un film qui est aussi flamboyant visuellement parlant, que son personnage principal. Après, malgré ça et malgré les bonnes idées pour raconter ces deux moments clés, il reste néanmoins quelque chose de classique, presque de trop académique et trop lisse qui se dégage de l’ensemble, ce qui fait qu’il manque au film une étincelle dans sa mise en scène pour se faire passionnant et puissant. D’ailleurs, si le film est touchant, on restera étonné de pas y trouver plus d’émotion que cela.

Mais « Sarah Bernhardt, la Divine » demeure est un bon, voire très bon, film qui évoque très bien son actrice, son époque, et même le début d’un star système. Puis derrière ça, le film est tenu par une très grande Sandrine Kiberlain qui nous donne très facilement envie de suivre sa Sarah Bernhardt n’importe où. Donc, ne serait-ce que pour elle, son énergie, et sa démesure, je ne regrette en aucun cas de m’être arrêté sur ce nouveau Guillaume Nicloux. Mieux encore, d’ici quelque temps, je me verrais bien m’y replonger.

Note : 14/20

Par Cinéted

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