janvier 17, 2025

Le Déluge – Qu’on leur Coupe la Tête

De : Gianluca Jodice

Avec Mélanie Laurent, Guillaume Canet, Aurore Broutin, Vidal Arzoni

Année : 2024

Pays : France, Italie

Genre : Drame, Historique

Résumé :

1792, L’Ancien Régime touche à sa fin. À Paris, Louis XVI et son épouse Marie-Antoinette sont arrêtés et conduits au donjon de la Tour du Temple. Librement inspiré des carnets de Cléry, valet de chambre du Roi resté auprès de lui jusqu’à sa mort.

Avis :

Diplômé de philosophie, Gianluca Jodice se lance dans la réalisation après ses études. Très vite, il se fait remarquer dans les festivals où il présente ses films qui, bien souvent, vont repartir avec des prix. Il passe alors les années 2000 sur des courts, avant de commencer les années 2010 avec des documentaires. En 2013, son making-of de « Cercando La Grande Bellezza« , qui parle du film de Paolo Sorrentino, lui ouvre d’autres portes. Dès lors, on retrouve son nom sur le petit écran pour les séries « 1992 » et « 1993« , deux séries qui abordent la politique dans les années de leur titre.

Après un premier long encore inédit chez nous, voici que Gianluca Jodice arrive chez nous, et s’attaque à l’histoire de France, et mettant en scène un moment de l’histoire que l’on n’a jamais vu, les mois qui ont précédé la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Faire un film avec ce sujet-là, avec Mélanie Laurent et Guillaume Canet dans la peau de ces personnages-là, je dois dire que j’avais du mal à croire au projet. Non pas que je n’aime pas les acteurs, mais c’est juste que je ne trouvais pas qu’ils « correspondent » à l’idée que je me faisais des personnages.

« Il y a quelque chose qui fait que d’emblée, on rejette presque ces acteurs »

Puis derrière ça, il y a cette bande-annonce qui est loin de vendre du rêve, mais au bout du compte, même si « Le déluge » n’est pas parfait, il se pose comme un film très intéressant dans ce qu’il raconte, et avec ça, il arrive même à se faire étonnant, avec un Guillaume Canet impeccable de la peau du souverain.

1792, la monarchie touche à sa fin. Le Roi Louis XVI et Marie-Antoinette sont arrêtés avec leurs enfants et quelques gens de leur entourage proche. Emprisonnés au donjon de la tour du temple, ils ne le savent pas encore, mais le couple royal vit ses derniers mois. Des mois où ils vont passer de « quasi Dieu » à simple citoyen.

Il y a des films qui ne sont pas évidents à imaginer, dans le sens où ils se posent comme des objets qu’on a autant envie de voir qu’on les craint, et imaginer Mélanie Laurent et Guillaume Canet dans la peau du couple royal, ce n’était pas si évident que cela. D’ailleurs, lorsqu’on entre dans le film de Gianluca Jodice, « Le déluge » attise beaucoup des craintes que l’on pouvait avoir. Il y a quelque chose qui fait que d’emblée, on rejette presque ces acteurs, mais c’est là qu’on reconnaît la force d’un bon metteur en scène et de grands acteurs, car petit à petit, on se laisse totalement happer par l’histoire de ses derniers mois, et les réflexions qui vont avec.

« Gianluca Jodice arrive à tout rendre intéressant, même si le film est loin d’être parfait. »

La première idée qui vient en tête et qui se pose comme excellente, c’est celle d’avoir découpé le film en trois chapitres, « Les dieux », « Les hommes », « Les morts ». Cette idée, c’est comme un schéma qui voit arriver le roi de France dans toute sa splendeur, et petit à petit, au gré de cette période très courte, tout l’attirail du Roi et de la Reine s’évanouit, pour ne laisser place qu’au citoyen Capet. Tout le chemin pour aller de ces deux extrêmes est fortement intéressant. Le film est alors parcouru de discussions, de réflexions, de fin de privilèges et de silences, et Gianluca Jodice arrive à tout rendre intéressant, même si, comme je le disais, le film est loin d’être parfait.

Si le film a de l’ambition, on sent que parfois, le film se heurte à quelques problèmes de budget, et tout n’est pas incroyable à l’écran. Avec ça, alors que le film est basé sur les mémoires du Valet du Roi, Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry, on sent parfois que certains passages sont peut-être plus fantasmés, ou « métaphorés », que véridiques. Puis derrière ça, malgré une excellente interprétation, où elle est époustouflante parfois, Mélanie Laurent en Marie-Antoinette a bien du mal à fonctionner. Si Guillaume Canet compose un Louis XVI étonnant et touchant de « vérité », il y a quelque chose chez Mélanie Laurent qui fait qu’elle n’est pas Marie-Antoinette, et ça, c’est dommage, car, que ce soit le jeu de l’actrice, où le personnage même, l’ensemble est intéressant.

Notons un regard très intéressant avec Tom Hudson qui incarne « un procureur », assez partagé face au Roi, face à la Reine, face à l’époque, ses bouleversements, et ce qu’elle exige.

Ainsi, lorsque l’on conjugue ses bons et ses mauvais côtés, « Le déluge » arrive à se poser comme un film intéressant, qui s’arrête sur une période qu’on ne connaît pas tant que ça et c’est très bien. Que ce soit le chemin que vont parcourir les personnages en très peu de temps, ou encore l’intimité de ce couple, ou les réflexions autour de la fin des privilèges et des sentences, avec notamment une scène ô combien superbe entre le Roi et celui qui sera son bourreau, Gianluca Jodice livre un film qui se fait surprenant d’un bout à l’autre, et alors que dans un sens, il ne donnait pas plus envie que cela, il débarque comme une bonne surprise.

Note : 14/20

Par Cinéted

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