janvier 17, 2025

My Sunshine – Ça Roule des Patins

Titre Original : Boku no Ohisama

De : Hiroshi Okuyama

Avec Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi, Ryûya Wakaba

Année : 2024

Pays : Japon, France

Genre : Drame

Résumé :

Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.

Avis :

Né en 1996, alors qu’il étudie à l’Université Aoyama Gakuin, Hiroshi Okuyama réalise son premier long-métrage, « Jésus« . Un premier film où le réalisateur est aussi le scénariste, le chef op et le monteur, et ce film, qui raconte l’amitié imaginaire entre un élève de primaire et Jésus, se fait très vite remarquer. Influencé par le cinéma de Kore-eda Hirokasu, Hiroshi Okuyama travaillera ensuite pour le Maître japonais sur la série « Makanai : Dans la cuisine des maiko« . Travaillant sur beaucoup de publicités, voici que cinq ans après son premier film, Hiroshi Okuyama réalise son second long-métrage.

Un second film qui continue par porter le jeune metteur en scène de vingt-huit ans comme l’un des héritiers de Kore-eda Hirokasu. Très personnel dans ce qu’il raconte, « My Sunshine » est un souvenir, ou du moins une partie d’un souvenir, car le patinage artistique, Hiroshi Okuyama a toujours voulu en faire, et alors qu’il a pris des cours enfant, il fut forcé de constater que ce n’était pas pour lui. Alors, comme pour exorciser cette époque, le réalisateur en a fait un film, mais un souvenir ne suffira pas à faire un film, il va alors romancer et construire toute une intrigue, et c’est joli.

« Un moment poétique, amusant, plein de charme »

Sur l’île d’Hokkaido, en plein hiver, alors que la saison du hockey s’ouvre pour les garçons, Takuya, douze ans, est quant à lui impressionné par Sakura, une jeune fille qui vient d’arriver de Tokyo, et cette dernière est très forte en patinage artistique. Il est si impressionné qu’il essaie, loin du regard des autres, de patiner et reproduire les figures de Sakura, et c’est là qu’il se fait remarquer par le coach de Sakura, un jeune homme qui lui aussi vient d’ailleurs. Au fil de l’hiver, une complicité s’installe entre le jeune garçon et son coach, et bientôt entre lui, le coach et Sakura…

Il y a des films qui n’ont rien de vraiment extraordinaire et en même temps, ils arrivent à se poser comme un petit moment à part. Un moment poétique, amusant, plein de charme, et qui en même temps n’oublie pas de se poser dans la réalité, en abordant un sujet plus sérieux, et même assez osé en ce qui concerne le cinéma japonais. Si « My Sunshine » parle d’un jeune garçon qui tombe amoureux d’une jeune fille qui fait du patin à glace, et s’il construit une jolie relation quelque part en l’amitié et la relation coach/patineur, « My Sunshine » est aussi un film qui va parler d’homophobie au pays du soleil levant. Si l’homosexualité n’est pas pénalisée au Japon, dans le cinéma japonais, cette dernière est très discrète, pour ne pas dire quasi inexistante, alors lorsqu’un film comme « My Sunshine » arrive, il se fait étonnant.

« il y a quelque chose de « Billy Elliott » dans « My Sunshine«  »

Joliment écrit, le film de Hiroshi Okuyama, entre deux séances d’entraînement, nous présente un coach, ancien patineur, dans sa vie privée. Une vie qu’il partage discrètement avec son compagnon. Le couple est simple, presque hétéronormé comme dirait certains aujourd’hui, et alors même que l’on ne s’y attendait pas du tout, au bout d’un moment, « My Sunshine » s’en va vers l’homophobie ordinaire. La petite chose que l’on ne dit jamais vraiment, mais que l’on fait comprendre, qui dérange grandement. L’écriture est fine, subtile et si le récit est injuste, on regrettera que l’émotion se fasse aussi discrète que ce couple d’hommes dans la vie.

Après, derrière ça, il y a quelque chose de « Billy Elliott » dans « My Sunshine« , avec l’histoire de ce petit garçon qui fait du hockey sans trop y croire ou le vouloir, un peu pour suivre le mouvement, et qui va se prendre de curiosité, puis de passion, pour un sport qu’on ne voyait pas forcément fait pour lui. Certes, il y a bien cette fille et la subjugation qui va avec. Puis il y a les premiers émois, les premiers sentiments, un peu maladroits, un peu touchants, qui rappelleront forcément quelque chose à celui qui regarde le film, mais avec ça, petit à petit, il y a le sport et la joie que procure ce sport, et là encore, c’est écrit avec beaucoup de subtilité.

«  »My Sunshine » est un film qui se pose comme un joli moment d’évasion »

Une subtilité qu’on retrouve aussi dans la mise en scène de son réalisateur. Certains voient en lui l’héritier de Kore-eda Hirokasu, et c’est vrai que dans ce film, il y a bien une veine du cinéma de Kore-eda, mais il y a aussi quelque chose qui s’en détache, notamment dans le travail des lumières, que le réalisateur nous offre presque comme un moment rêvé. Bien souvent, il y a quelque chose de presque irréel qui s’échappe du film, et ça, ça lui donne beaucoup de charme. Après, si c’est beau et joliment filmé, et s’il y a beaucoup de symboliques dans les idées de mise en scène, on notera toutefois un sentiment de longueur. Beaucoup de scènes se répètent, et même si c’est prenant dans un sens, d’un autre côté, il y a comme une sensation presque d’ennui parfois.

Avec ça, « My Sunshine » est aussi un film qui se pose comme un joli moment d’évasion, car le réalisateur nous entraîne sur l’île de Hokkaido en plein hiver, et les paysages enneigés de la région sont au-delà du sublime. Puis, c’est aussi un Japon que l’on n’a pas l’habitude de voir, et là encore, il y a presque quelque chose de l’ordre du rêve qui s’échappe de ces paysages.

Du côté de ses acteurs, Hiroshi Okuyama a parfaitement choisi son casting, avec un trio de tête qui fait des petites merveilles de complicité. Il y a une très belle alchimie qui se dégage des comédiens, même si à un moment donné, l’histoire se fait moins belle. Après si, Sosuke Ikematsu (« Rendez-vous à Tokyo« , « Becoming Father« ) est encore une fois sensationnel dans la peau de ce coach, « My Sunshine« , c’est aussi ces deux jeunes acteurs, Keitatsu Koshiyama et Kiara Takanashi, qui trouvent là leur premier rôle, et ils sont excellents, avec d’un côté le petit campagnard perdu et naïf, et de l’autre la fille de la ville, sûre d’elle, et un poil égocentrée.

Au bout du compte, ce nouveau film de Hiroshi Okuyama, qui sort pile cinq ans après « Jésus« , qui lui aussi était sorti un 25 Décembre, est un joli petit moment de cinéma. « My Sunshine » est un film qui n’a rien d’incroyable, qui se fait très simple, et malgré ses petites longueurs, c’est un film qui, de par sa simplicité, de par ses personnages et ses sujets, sait nous attraper, même s’il lui manque de l’émotion, il est touchant et plaisant. Puis il confirme le talent de metteur en scène de son réalisateur, qui encore une fois, est à l’écriture, à la lumière, au cadrage et au montage.

Note : 13/20

Par Cinéted

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