De : Emmanuel Courcol
Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Nathalie Desrumaux
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…
Avis :
Venu d’Angers, Emmanuel Courcol est entré dans le monde du cinéma en jouant la comédie. À partir des années 90, il tient de petits rôles chez Pascal Thomas, Francis Veber, Laurent Bouhnik ou encore Philippe Lioret. En parallèle de ça, c’est du côté de l’écriture qu’il commence vraiment à se faire un nom. Aidant à l’écriture de plusieurs scénarios, il va plusieurs fois collaborer avec Philippe Lioret, mais aussi Arnaud Viard et Édouard Bergeon. Enfin, c’est dans les années 2010 qu’il passe à la réalisation avec un court en 2012, puis « Cessez-le-feu » en 2016.
« En fanfare » est le troisième long d’Emmanuel Courcol, et cette histoire, ça faisait longtemps que le metteur en scène l’avait en tête. En fait, dans les années 2000, il avait collaboré à un scénario qui parlait d’une fanfare dans le Nord de la France, mais ce film n’avait pas vu le jour. Du coup, le réalisateur avait gardé cette idée quelque part dans sa tête. Après « Un triomphe« , Emmanuel Courcol s’est dit qu’il était peut-être temps de laisser éclore cette idée. Amusant et touchant, si « En fanfare » est loin d’être le meilleur film français que l’on verra en salle cette année, néanmoins, il s’en sort bien grâce à ses deux comédiens, Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin, qui sont merveilleux dans la peau de ces deux frères qui se découvrent.
« En fanfare » est une petite comédie dramatique, qui se fait aussi légère que touchante. »
Thibault, trente-huit ans, est un chef d’orchestre célèbre. Alors que tout lui sourit, Thibault apprend qu’il est atteint d’une leucémie. Il lui faut alors une greffe de moelle osseuse. Après des tests avec sa sœur, Thibault apprend qu’il est un enfant adopté, et qu’il a un frère. Thibault va alors aller à la rencontre de ce frère, et cette rencontre va bousculer sa vie.
Troisième film d’Emmanuel Courcol, « En fanfare » est une petite comédie dramatique, qui se fait aussi légère que touchante. Avec ce film, Emmanuel Courcol s’aventure sur plusieurs pistes, puisque son histoire sera autant la rencontre entre deux frères qui ne soupçonnaient l’existence de l’autre, qu’un film sur la musique, le milieu musical et la hiérarchie de la musique, avec d’un côté, l’immense musique classique, et de l’autre, la fanfare des quartiers et de petites villes. Puis avec ça, il va y avoir aussi une sorte de parcours initiatique, avec un petit personnage qui va devoir apprendre à se faire confiance. Le film parlera aussi du Nord de la France, de la difficulté de vivre sur place, notamment avec la fermeture d’une usine, qui est l’un des seuls points économiques de la ville.
« En fanfare » est riche de ses sujets, même s’ils ne sont pas tous égaux, et parfois même, certains peuvent se poser comme en trop, alourdissant un film qui avait déjà beaucoup de sujets dans sa trame. Et là, on pense à tout ce qui est fait autour du mouvement social autour de la fermeture de l’usine évoquée plus haut. Si l’on voit bien l’intention de son metteur en scène, ce sujet-là, au milieu d’un film déjà chargé, abîme quelque peu le visionnage, se posant même en quelque sorte comme un cliché du cinéma français, qui ne peut s’empêcher de faire du social, alors qu’ici, l’histoire entre ces deux frères, conjuguée à la musique, est suffisamment forte pour tenir le film, et ce sujet-là, finalement, apparaît comme pas vraiment essentiel, d’autant plus qu’il a tendance à casser aussi le rythme du film qui, à plusieurs moments, tient un ventre mou.
« Benjamin Lavernhe en chef d’orchestre est habité par son personnage »
Toujours du côté de l’écriture, on sera gêné par la rapidité du récit dès l’ouverture, Emmanuel Courcol condensant tout très vite. En l’espace de dix minutes, le film nous présente son personnage, la maladie, l’adoption et la rencontre des deux frères, c’est trop rapide, et ça s’entrechoque avec le manque de rythme en milieu de film.
Après, face à cela, « En fanfare » reste un film qui s’en sort bien grâce à ses deux comédiens principaux qui tirent à eux deux le film vers le haut. Franchement, Benjamin Lavernhe en chef d’orchestre est habité par son personnage, et c’est particulièrement plaisant de le suivre, que ce soit dans son milieu que dans sa découverte d’un autre monde, celui d’une musique plus populaire, et plus largement, c’est touchant de suivre ce personnage se libérer, ou du moins s’ouvrir à d’autres univers. Puis la relation qu’il entretient avec son frère est belle, elle est d’ailleurs la sève du film, la vie et son cœur. À ses côtés, dans un rôle totalement opposé, Pierre Lottin fait des merveilles, démontrant qu’il est un acteur étonnant capable d’être hilarant chez « Les Tuches« , et prenant, voire bouleversant, dans des films plus sérieux.
« En fanfare » est donc un film qui tient une bonne idée, qui s’intéresse à des milieux qui sont intéressants, et plus largement, qui propose une relation entre deux frères qui se découvrent qui est vraiment touchante grâce à ses deux comédiens. S’il ne bousculera pas notre année de cinéma, étant trop académique pour marquer, ce troisième film d’Emmanuel Courcol demeure toutefois un petit moment de cinéma sympathique à suivre, et ne serait-ce que pour cela (et Benjamin Lavernhe), je ne regrette en aucun cas de m’y être arrêté. S’il n’est pas un essentiel de cette semaine-là, il reste à découvrir.
Note : 12/20
Par Cinéted