
Avis :
Le Thrash est un genre majeur du métal qui est porté, aujourd’hui encore, par quatre grands groupes américains qui forment ce que l’on appelle le Big Four. Là-dedans, on y met Metallica, Megadeth, Anthrax et Slayer. Bien évidemment, c’est totalement généraliste, lesdits groupes faisant bien plus que du Thrash en fonction de leur période et de leurs albums. Cependant, ils ont marqué au fer rouge le monde du métal et inspiré de nombreux jeunes qui se lancent dans l’aventure du Thrash. Et parmi eux, on peut compter sur Desecrator, un groupe australien fondé en 2008, qui va mettre beaucoup de temps avant de pouvoir produire son premier effort. Car oui, To the Gallows ne sortira qu’en 2017, après deux EP, une compilation et un album live. Le groupe signera alors sur le label australien Dinner for Wolves, permettant la sortie de ce premier LP.
Mais comme on le sait, les premiers albums sont souvent généreux, mais perclus de petites scories qui peuvent nuire à l’ensemble. C’est aussi dans ces premiers efforts que l’on retrouve une certaine candeur et une envie de faire bouger les codes. Ce ne sera pas forcément le cas avec ce skeud, qui reste très classique dans sa globalité, mais qui possède une énergie communicatrice, et surtout, bénéficie d’une bonne production, permettant une plongée à corps perdu dans un Thrash sincère et fortement plaisant. Il suffit d’ailleurs de lancer la première piste pour s’en rendre compte. To the Gallows ouvre le bal, avec un Thrash énervé et véloce, offrant ce que l’on est venu chercher, à savoir un riff addictif, un joli solo en guise de break et un refrain qui reste en tête. Bref, une entrée en matière qui donne envie d’en savoir plus.
En abordant Desert for Days, on pourrait que le groupe se repose un peu sur ce qu’il sait faire, mais il n’en est rien. En effet, derrière ses atours de Thrash classique, on aura droit à un superbe pont bien plus calme, qui permettra au guitariste de lâcher un superbe solo et au groupe de montrer qu’il peut aussi faire autre chose que du bourrin. C’est d’ailleurs assez étonnant d’entendre cela pour un premier album, avec une maîtrise technique parfaite et un beau sens de la composition. Red Steel Nation revient à quelque chose de plus brutal et de plus vif. Desecrator ne laisse pas retomber le soufflé et décide d’envoyer la sauce avec un titre percutant qui démontre tout le talent du batteur qui doit posséder plusieurs paires de bras. Néanmoins, le morceau est peut-être moins marquant que les deux titres précédents, la faute à un break moins impressionnant.

La réelle surprise proviendra de As I Die. Ici, les australiens décident de nous prendre à revers et de délaisser leur aspect Thrash pour quelque chose de plus doux et de plus mélancolique. On pourrait presque faire un parallèle avec certains titres de Parkway Drive, et notamment Darker Still de leur dernier album (sorti bien après To the Gallows). La piste fonctionne bien, et permet aussi de souffler un petit peu avant de se reprendre une petite mandale dans la tronche. Car Serpents Return ne va pas faire dans la dentelle. Le morceau est court, dense, et ne s’octroie aucune pause. Ici, on plonge dans un Thrash tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui claque sévère et donne une furieuse envie de headbanger dans tous les sens. Et Hellhound de continuer sur le même chemin, histoire de bien nous chauffer à blanc avant le dernier tiers.
Thrash is a Verb est lui aussi un titre qui déroule sa violence comme un rouleau compresseur. C’est d’une rapidité impressionnante, et le groupe ne va pas nous lâcher une seule seconde. Alors certes, la voix du chanteur n’a pas le calibre d’un Tom Araya, mais ce n’est pas vraiment grave tant l’énergie est là et que l’ensemble fonctionne à toute berzingue. Down to Hell revient à quelque chose de plus long et d’un peu plus complexe, et c’est avec plaisir de l’on tombe dans le piège de ce titre ravageur et bourré de technique. Enfin, le groupe présente Brainscan pour clôturer son album, un morceau bien nerveux, et qui possède un dernier solo épique qui donne envie de revenir dans la boucle. Petit bonus, un morceau caché se retrouve à la fin du titre, avec un vieil enregistrement qui fleure bon le garage qui résonne.
Au final, To the Gallows, le premier de Desecrator, est une très belle réussite, en plus d’être une surprise inattendue. On aurait dû s’en douter vu la qualité de la pochette, mais les australiens nous cueillent avec talent et générosité, au sein d’un album qui tape fort et bien. Restant dans un Thrash nerveux et sans concession, il est bon de noter que les musiciens essayent néanmoins de sortir du lot en proposant de beaux solos, et une paire de titres plus calmes, permettant de se faire remarquer. Bref, il est dommage que le groupe se soit séparé après leur second album, et on espère une reformation assez vite.
- To the Gallows
- Desert for Days
- Red Steel Nation
- As I Die
- Serpents Return
- Hellhound
- Thrash is a Verb
- Down to Hell
- Brainscan
Note : 16,5/20
Par AqME