De : Ryan Bellgardt
Avec Yu Xing, Steven He, Mike Pu, Phuong Kubacki
Année : 2020
Pays : Chine, Etats-Unis
Genre : Action, Aventure, Science-Fiction
Résumé :
Les meilleurs joueurs mondiaux sont réunis pour expérimenter le tout nouveau jeu de réalité virtuelle ultime : « Dinosaur World ». C’est une expérience immersive unique, sans règle pour les participants, qui consiste à survivre dans un monde jurassique où règnent les dinosaures, et une prouesse technologiques inédite, inventive, sans pitié. Un seul participant peut sortir et remporter l’énorme récompense… Que le jeu commence !
Avis :
À l’image d’autres prédateurs, les dinosaures sont une manne providentielle pour des producteurs peu scrupuleux et dénués de la moindre ambition. Si Les Dents de la mer a amorcé l’émergence de la sharksploitation, Jurassic Park a attisé d’autres élans mercantiles des industriels du cinéma. À défaut de véhiculer toute passion paléontologique, il en ressort quelques méphitiques itérations ; de la saga Carnosaur jusqu’aux déplorables Jurassic Planet ou Jurassic Games. Pour ce dernier, Ryan Bellgardt récidive en la présence de Dinosaur World où réalité virtuelle et bêtise humaine vont de pair dans cette énième bévue responsable d’une extinction créative.
Dès le départ, l’entame est éloquente. Sans doute mû par quelques valeurs écoresponsables, Dinosaur World se lance dans le recyclage cinématographique. L’environnement et les premières confrontations avec les reptiles préhistoriques sont pompés sur Jurassic Games. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir ce cadre désertique ou cette évolution dans des corridors épurés avant d’affronter une bande de vélociraptors dans une pièce circulaire. Le procédé est tellement grossier que l’on s’interroge sur la nature du présent métrage. S’agit-il d’une suite directe ? Au vu des dérives virtuelles communes aux deux films et des premières images, le doute est permis.
« On se confronte à un pitch confondant de simplicité. »
Au sortir de ces premières considérations, on se confronte à un pitch confondant de simplicité. Une sélection de joueurs sont conviés pour tester un nouveau titre « révolutionnaire » et remporter une compétition. Le propos est antinomique, car un test de jeu vidéo a pour objectif de supprimer les bugs, d’éprouver les mécanismes de gameplay. Le fait d’amalgamer ce travail à un tournoi démontre l’ignorance du scénariste. Toujours est-il que l’on se contente d’un discours sans relief et linéaire au possible. On aurait pu s’attendre à ce qu’un retournement de situation vienne apporter un minimum d’intérêt. Par exemple, une dangerosité avérée des ennemis virtuels, comme ce fut le cas avec Jurassic Games. Mais non, il n’y a rien.
On nous inflige donc une bataille grandeur nature entre des gamers de tous horizons ; des plus stupides aux plus grandes caricatures envisageables. Leur inimitié tend même à reléguer les dinosaures au second plan ; au sens propre, comme au figuré. Les confrontations souffrent de nombreuses errances et d’échanges d’une rare idiotie. Les alliances ou les guerres de clans sont ridicules et doivent se contenter de tirer parti du cadre, à défaut de disposer d’une matière cérébrale suffisante pour piéger les adversaires. Quant aux armes, on s’en sert pour les ennemis humains, tandis que les reptiles ne méritent rien d’autre qu’un combat à mains nues, sens de l’honneur oblige…
« Dinosaur World plagie sans vergogne. »
Il est vrai que la modélisation des dinosaures s’avère correcte, notamment au niveau des textures. Toutefois, on s’en tiendra là pour les compliments. Entre deux rugissements de lions, les T-Rex en imposent par leur silence et leur démarche lourde qui ne s’accompagne d’aucun bruitage. Quant aux raptors, leur capacité de communication se calque sur celle de leurs congénères dans la saga Jurassic Park. À ce titre, il ne s’agit pas de la seule occurrence. Car Dinosaur World plagie sans vergogne la scène culte du premier opus où le T-Rex poursuit la jeep des protagonistes. La copie éhontée en va jusqu’à reproduire le cadrage du dinosaure dans le rétroviseur !
Au final, Dinosaur World est une production pathétique, dénuée de toute vraisemblance et de créativité. Au-delà des incohérences de circonstances, le film de Ryan Bellgardt se résume à une compétition vidéoludique à la fois inintéressante et fauchée. On dénombre pléthores de soucis d’incrustation, ainsi que des fonds verts ignobles. Mention spéciale aux envolées des proies dans les griffes des ptérodactyles. On ne peut même pas y trouver un semblant de divertissement dans cet enchaînement de faits où l’on concilie le recyclage de précédents projets, tout aussi mauvais, avec le plagiat de métrages plus emblématiques. Il en ressort un navet opportuniste, miteux, bête et inutile.
Note : 02/20
Par Dante