
Avis :
Si le Power Métal peut parfois sembler désuet et légèrement ringard, il apporte tout de même son lot de groupes qui n’ont plus à faire leur preuve, tant sur le plan technique que sur leurs prestations scéniques. D’ailleurs, certaines formations ont bâti toute leur réputation sur une imagerie forte, à l’instar de Rhapsody of Fire ou Gloryhammer par exemple. Fondé en 2004, Powerwolf fait presque office de novice dans le genre, mais les allemands ont rapidement su offrir aux fans un univers complet autour de la religion et des loups-garous. Il n’en fallait pas plus pour attirer le regard de Napalm Records, et depuis 2005, le groupe sort un nouvel album tous les deux, voire tous les ans, avec un line-up relativement stable (on notera seulement un changement de batteur en 2011). Cependant, on sait que la quantité n’est pas gage de qualité.
Et cela se ressent au fil des années. Si Powerwolf était un groupe frais et relativement entrainant à ses débuts, aujourd’hui, on a la sensation que la formation stagne et peine à se renouveler. Après un Call of the Wild très timide, les teutons reviennent avec Wake Up the Wicked, leur douzième effort studio, et on ne peut pas dire que l’originalité soit au rendez-vous. Onze pistes qui rentrent dans un carcan d’écoute calibré (entendez par là des titres qui oscillent entre 3 et 4 minutes) pour une durée totale qui dépasse à peine les trente-six minutes, les allemands ne se sont pas foulés, mais on peut se dire qu’ils visent l’efficacité. En effet, en faisant ainsi, ils rendent chaque piste essentielle et permettent une réécoute quasi instantanée. Enfin, ça, c’est sir l’album plait et que l’on ne ressente pas une certaine redondance au bout d’une écoute.
Car oui, malgré son entrain, Powerwolf signe un énième album qui est presque interchangeable avec les derniers opus. Certes, on peut dire que l’on reconnait la patte (de loup) du groupe à la première écoute, mais ce n’est pas pour autant que l’album est bon. Ce n’est pas mauvais non plus, mais on reste dans la droite lignée de ce que propose le groupe depuis maintenant une bonne dizaine d’années. Et si c’était marrant au début, maintenant, ça tourne un peu en rond, et on se retrouve avec le syndrome Sabaton. Bless’em With the Blade annonce d’ailleurs la couleur, avec sa rythmique très rapide et son refrain qui reste immédiatement en tête, porté par un chœur qui fait l’identité du groupe. On a bien un léger break qui force un peu les riffs à devenir plus lourds, mais ça ne dure jamais bien longtemps.

Après cette entrée en matière assez classique, voire simpliste et attendue, le groupe propose Sinners of the Seven Seas, qui fut l’un des singles pour mettre en avant la sortie de l’album. Là encore, si c’est entrainant et doté d’une mélodie implacable, on reste tout de même sur quelque chose de très codifié et qui manque de prise de risque. Même l’aspect « pirate » recherché par le groupe ne marche pas vraiment. Puis Kyrie Klitorem revient au style propre des allemands, à un tel point que ça pourrait être un morceau de n’importe quel album précédent. C’est efficace, entrainant, mais ça reste dans ce que le groupe sait faire, ne prenant pas le risque de bousculer son public déjà bien établi. Et on retrouve cela avec Heretic Hunters, malgré son démarrage très médiéval, qui laisse espérer un peu de Folk, qui ne viendra jamais.
Néanmoins, on ne peut retirer au groupe ce savoir-faire assez étonnant pour créer des mélodies accrocheuses et qui donnent envide de dodeliner de la tête. 1589 en fait partie, tout en peaufinant une belle ambiance qui monte progressivement. Viva Vulgata, même si elle souffre d’un côté transparent, s’avère sympathiquement entrainante. Puis Wake Up the Wicked va partir à cent à l’heure pour ne jamais s’arrêter, sinon au détour d’un refrain dont les paroles simplistes rentrent immédiatement dans le crâne. Tout comme Joan of Arc ou encore Thunderpriest, qui sont autant de titres sans originalité mais qui fonctionnent de par leur énergie et leur aspect fédérateur. We Don’t Wanna be no Saints pose son identité sur son démarrage avec des chœurs d’enfants (ce qui est léger), puis Vargamor essaye de clôturer tout ça de façon épique, avec quelques élans folk et médiévaux, mais ça reste très (trop) discret.
Au final, Wake Up the Wicked, le dernier né de Powerwolf, est un album agréable, sympathique, loin d’être mauvais, mais qui n’offre strictement aucune surprise. C’est bien simple, on pourrait presque confondre les trois derniers albums du groupe, tant tout se ressemble et n’arrive jamais à s’imposer via des mélodies osées ou des compositions plus complexes. Si on sait à quoi s’attendre et que ça reste un chouette moment d’écoute, on est tout de même loin d’un chef-d’œuvre, ou d’une originalité retrouvée par le groupe, qui commence sévèrement à tourner en rond…
- Bless’em With the Blade
- Sinners of the Seven Seas
- Kyrie Klitorem
- Heretic Hunters
- 1589
- Viva Vulgata
- Wake Up the Wicked
- Joan of Arc
- Thunderpriest
- We Don’t Wanna be no Saints
- Vargamor
Note : 12/20
Par AqME