
De : Jérémy Clapin
Avec Megan Northam, Sofia Lesaffre, Catherine Salée, Sam Louwyck
Année : 2024
Pays : France
Genre : Drame, Science-Fiction
Résumé :
Elsa, 23 ans, a toujours été très proche de son frère aîné Franck, spationaute disparu mystérieusement 3 ans plus tôt au cours d’une mission spatiale. Un jour, elle est contactée depuis l’espace par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur terre. Mais il y a un prix à payer…
Avis :
Jérémy Clapin est un metteur en scène qui a débuté sa carrière au cours des années 2000. Ayant fait ses études à l’École Nationale Supérieure des arts décoratifs dans la section animation, Jérémy Clapin a tout logiquement commencé son parcours en réalisant des films d’animation. Après un premier court en 2004, c’est avec « Skhizein« , son deuxième court, qu’il commence à se faire remarquer dans le milieu. Avec les années 2010, les choses se concrétisent et surtout s’envolent, et c’est en 2019 qu’il présente son premier long-métrage, « J’ai perdu mon corps« , qui se pose comme un beau geste de cinéma.

Cinq ans après ce premier film, voici que le réalisateur nous revient avec « Pendant ce temps sur Terre« , qui est un film qui va conjuguer les envies de cinéma de Jérémy Clapin. En effet, avec ce film, Jérémy Clapin passe à la prise de vue réelle, tout en gardant son amour pour le cinéma d’animation qu’il intègre judicieusement au sein de son récit. Film de science-fiction intéressant aussi bien dans ce qu’il raconte que dans sa démarche, « Pendant ce temps sur Terre » est aussi et avant tout un film très touchant qui parle du deuil. Le deuil impossible d’un frère disparu mystérieusement. Bien tenu, plein de belles idées, et au-delà de ça, prenant jusqu’à sa très belle résolution, ce deuxième film confirme le talent et l’œil de Jérémy Clapin.
« Pendant ce temps sur Terre » est un film qui est surprenant dans ce qu’il raconte. »
Elsa, jeune femme d’une vingtaine d’années, a bien du mal à se remettre de la disparition de son frère aîné, Franck, disparu trois ans plutôt lors d’une mission spatiale. Un jour comme un autre, Elsa est contactée par une forme de vie extraterrestre qui lui explique qu’ils détiennent son frère, et pour lui rendre, ils lui demandent de trouver cinq « corps » dans lesquels ils peuvent se glisser…
Il y a cinq ans de cela, « J’ai perdu mon corps« , le premier film de Jérémy Clapin, s’est posé comme une belle découverte et depuis, le nom du cinéaste était resté logé quelque part dans un coin de ma tête. J’étais dans le désir de voir où est-ce que le réalisateur pouvait aller, voir ce qu’il allait proposer, et nous y voilà enfin, et je dois bien dire que je suis loin d’être déçu. Mieux encore, « Pendant ce temps sur Terre » est supérieur à son premier film.
« Pendant ce temps sur Terre » est un film qui est surprenant dans ce qu’il raconte, car Jérémy Clapin a choisi la science-fiction et une histoire d’ »invasion extraterrestre » pour finalement faire un film sur le deuil. Un deuil impossible, car à la base de celui-ci, il y a une disparition, et tout un tas de questionnements qui ne trouvent strictement aucune réponse. Comment peut-on avancer et reprendre sa vie après la disparition d’un frère ? Comment ne pas rester bloqué, alors que cet événement hante chaque jour et chaque pensée ? Et si un jour, des réponses arrivaient et surtout, que feriez-vous s’il était possible de retrouver l’être aimé ? Quel prix seriez-vous prêt à payer ? Voilà le voyage que nous propose Jérémy Clapin en peignant le portrait d’une jeune femme, qui va être superbe et très touchante.
« Megan Northam est excellente, trouvant là son premier grand rôle. »
Avec ça, pour parler d’ »invasion extraterrestre », ou encore de « Rencontre du troisième type », Jérémy Clapin a eu l’excellente idée de faire apparaître ses petits hommes verts et de les faire communiquer uniquement à travers le son. Beaucoup d’éléments du film seront dans la réflexion, et cette idée est vraiment intéressante, surtout qu’au travers des discussions, ça pose autant de dilemmes que ça fait finalement avancer le personnage principal. Idem pour les rencontres, ou plutôt les prises de contact entre Elsa et son frère, Jérémy Clapin a l’idée de les faire communiquer à travers des rêves. Des rêves qui vont être sublimement mis en scène au travers de séquences d’animation qui dégagent un onirisme fort.
Mais bon, au-delà de ça, même si le film s’aventure dans sa mise en scène dans différents genres de cinéma, comme le thriller, le drame, le fantastique, voire même un petit soupçon de film « d’horreur », le côté onirique du film est en permanence là et c’est ce qui rend très beau ce voyage. Un voyage qui est aussi souligné par la très belle composition de Dan Levy, compositeur qui avait déjà travaillé avec Jérémy Clapin. Il livre ici une des plus jolies BO de cette moitié d’année 2024.
Enfin, « Pendant ce temps sur Terre » est un film qui se centre sur son personnage principal et Megan Northam est excellente, trouvant là son premier grand rôle. La comédienne se fait touchante, voire bien plus. Mais voilà, derrière elle, on regrettera peut-être le fait qu’il n’y ait pas vraiment d’autres personnages. Certes, il y a cette voix intérieure qui est très présente, et il y a les sublimes scènes d’animation avec la voix de Yoan Germain Le mat pour incarner son frère, mais hormis cela, les personnages manquent quelque peu, n’étant finalement que de passage dans la vie d’Elsa.

Au bout du compte, de par ses idées, de par sa mise en abîme, de par son récit, ses sujets, de par sa réflexion sur le deuil si touchante, et surtout de par son personnage principal et son actrice, ce deuxième film de Jérémy Clapin est une belle réussite. Faisant plus fort que « J’ai perdu mon corps« , « Pendant ce temps sur Terre » impose un peu plus le cinéaste dans le paysage du cinéma français, et après celui-ci, je reste encore plus curieux de voir où est-ce que le réalisateur va aller par la suite.
Note : 15/20
Par Cinéted