De : Jean-Christophe Meurisse
Avec Laurent Stocker, Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Gaëtan Peau
Année : 2024
Pays : France
Genre : Policier, Comédie
Résumé :
Léa et Christine sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu’elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d’être arrêté dans le Nord de l’Europe…
Avis :
Dans le paysage du cinéma français, il y a un réalisateur qui est à part, Jean-Christophe Meurisse. Cinéaste à l’humour décalé et noir, Jean-Christophe Meurisse n’a réalisé que peu de films pour l’instant, mais chacun d’eux a marqué celui qui a posé ses yeux dessus. Réalisateur sur le tard, puisqu’il réalise son premier film à l’âge de quarante et un an, il a d’abord réalisé « Apnée« , un film qui suit trois amis. Puis il y a eu « Oranges sanguines« , un film à sketches très cru et virulent.
Puis enfin, il a ces « … pistolets en plastique« , film qui s’amuse à s’aventurer sous un autre nom dans l’affaire Dupont de Ligonnès, et plus précisément de cet homme qui s’est fait arrêter en Écosse, car la police pensait avoir reconnu l’homme qui est le plus recherché de France. Comédie totalement décalée et déjantée, « Les pistolets en plastiques » est un film comme on n’en voit pas tous les jours. D’ailleurs, dans notre époque où le politiquement correct est de mise, voir un tel ovni fait du bien.
« Jean-Christophe Meurisse ne va pas faire dans la demi-mesure. »
Léa et Christine, toutes deux la quarantaine bien passée, adore les affaires criminelles, d’ailleurs, elles sont elles même enquêtrices, et elles ont reçu un diplôme d’enquêtrice du net des mains du maire de leur ville. Une affaire les passionne plus que les autres. Cette affaire, c’est celle de Paul Bernardin, un homme qui a tué sa femme et ses trois enfants avant de disparaître sans laisser aucune trace. Alors que les deux femmes enquêtent chez lui, et qu’elles pressentent qu’il est parti refaire sa vie en Argentine, les médias français annoncent que Paul Bernardin a été arrêté à Copenhague.
« Moi, moche et méchant », c’est un peu ce qui vient en tête à la découverte de ce nouveau film de Jean-Christophe Meurisse. Pour son troisième film, le réalisateur s’amuse de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, et autant dire, il fallait l’oser celle-là. Avec cette affaire, le metteur en scène invente une fiction de toute part et il va partir très loin dans son délire. Amateur du politiquement correct, passez votre chemin, car Jean-Christophe Meurisse ne va pas faire dans la demi-mesure. Alors, c’est vrai que parfois, tout n’est pas forcément très drôle, comme la dérive autour du faux Bernardin et surtout de sa rencontre avec les deux enquêtrices en carton, mais sur l’ensemble, le film est franchement hilarant. Tout y passe, et tout le monde en prend pour son grade.
« Le film jouit d’un humour particulièrement noir. »
Ecrit pas Meurisse et Amélie Philippe, « Les pistolets en plastique » est un film qui va suivre plusieurs personnages, et faire des allers-retours entre eux. Ainsi, en plus du faux Bernardin qui va vivre un enfer, et les deux enquêtrices, le film propose aussi de suivre le vrai Bernardin en Argentine, puis un père de famille et sa famille, qui se révèle être un profiler de légende connu sous le nom de Zavata, puis avec ça, on va faire des rencontres éphémères, comme Hammer, une flic aux méthodes terribles, ou encore une voisine qui s’emporte elle-même nous offrant l’une des plus belles et hilarantes tirades de 2024. Une tirade qui s’inscrit très bien dans la période que nous vivons du côté politique.
S’il est vrai que le film est quelque peu bordélique et qu’il a une tendance à partir dans tous les sens, ce qui demande de se laisser embarquer, et c’est vrai que ce n’est pas forcément facile, car en plus de ça, le film jouit d’un humour particulièrement noir. Un humour qui fait mouche dès sa première scène, avec deux médecins légistes qui découpent un corps, tout en parlant et se moquant du spectateur qui a besoin de gore et de dégueulasse pour captiver son attention. Dès le début, le ton est donné et jamais Jean-Christophe Meurisse ne va lâcher ce ton, même s’il part un peu trop loin parfois.
« Laurent Stocker (qui est exceptionnel d’ailleurs) »
Pour donner vie à ses personnages, le metteur en scène a choisi un casting extraordinaire d’acteurs plus ou moins connus, et si l’on s’amuse avec des comédiens que l’on connaît bien, comme Jonathan Cohen, Nora Hamzawi, Laurent Stocker (qui est exceptionnel d’ailleurs), Vincent Dedienne, « Les pistolets en plastique« , ce sont surtout des comédiens que l’on ne connaît pas vraiment et qui se révèlent être incroyables, notamment les deux enquêtrices de pacotille qui sont tenues par Delphine Baril et Charlotte Laemmel. Les deux comédiennes tiennent les rôles qui ont tendance à partir trop loin, mais devant ça, elles s’en sortent très haut la main et l’on adore suivre leurs dérives. Autre découverte du film, c’est Gaëtan Peau, qui incarne le pauvre homme qui va être pris pour l’homme le plus recherché de France.
Lorsque l’on fait la somme des qualités et des défauts du nouveau Jean-Christophe Meurisse, « Les pistolets en plastique » se pose comme un ovni hilarant qui ne cesse d’étonner et de détonner au fur et à mesure que son histoire avance. Après, ça reste aussi un film très particulier, dans lequel il faut rentrer, et si jamais ce n’est pas le cas, cette séance peut vite tourner à l’enfer, car comme je le disais, Jean-Christophe Meurisse ne fait pas dans la demi-mesure.
Note : 15/20
Par Cinéted