
Avis :
Quand on dit que le Métal est une musique de niche, ce n’est pas parce qu’elle est underground, mais juste parce qu’elle est moins mise en avant que n’importe quel autre style, et de ce fait, certains groupes ont du mal à tenir. La preuve avec les danois de chez Wasted. Groupe de Heavy mais qui lorgne un peu dans tous les styles (du Thrash en passant par le Death), il se forme en 1981 du côté de Copenhague. Seulement, après quelques démos et un seul album sorti en 1984, le groupe se sépare, pour réapparaître durant l’année 1987, avant de définitivement couper les ponts. On croyait alors la formation morte et enterrée, jusqu’à un album en 2003, puis une reformation en 2013 avec, pour l’instant, deux albums à la clé, un en 2019 et The Haunted House en 2022.
Signant sur le label pas très connu Transubstans Records, une maison de disques suédoise avec un roaster de onze groupes à tendance Stoner/Doom, les danois délivrent alors leur quatrième galette, et c’est globalement satisfaisant. Changeant simplement de bassiste et de batteur, Wasted renoue avec son passé et il ne va pas vraiment changer les codes. Il va même en prendre certains pour les refaire à sa sauce, comme le premier morceau, The Haunted House, qui reprend quelques gimmicks du Raining Blood de Slayer. La voix est plutôt nasillarde, mais l’ensemble est cohérent et baigne dans un Heavy assez nerveux, qui donne envie de bouger la nuque dans tous les sens. Alors oui, ça manque un peu d’originalité, mais ça reste bien foutu. Mr. Black, qui arrive derrière, pioche dans du Black Sabbath, ou plus précisément du Ozzy Osborne, que ce soit dans le thème ou dans le style.
On reste dans des références de qualité, et si le groupe n’arrive jamais à la hauteur de ses aînés, il propose tout de même un boulot fait avec sérieux, et des refrains simples, qui rentrent immédiatement en tête. Watch Out sera un peu plus rugueux que le reste, avec une bonne rythmique qui monte crescendo, et encore une fois, un refrain qui reprend le titre et qui reste en tête rapidement. C’est peut-être l’un des points forts du groupe qui ne se prend pas trop le chou pour écrire des choses complexes, en proposant des moments assez fédérateurs. Nailed to the Cross va taper un peu plus dans le gras, tout en mettant en avant une introduction qui fonctionne bien et impose une ambiance assez malsaine. De plus, grâce à ce titre, on découvre tout le potentiel technique des guitaristes, qui sont vraiment très bons.

En abordant Coffin Maker, on restera un peu plus de marbre. Le titre est assez court, il délivre de gros riffs bien pêchus, mais on reste dans quelque chose d’assez classique, et qui manque un peu d’impact. A la rigueur, en titre instrumental, il aurait fait un excellent interlude. Puis Metal Snack va chercher du côté de Faith No More avec sa basse qui claque et ses paroles un peu stupides. Ici, le groupe fait une ode au Métal en parlant de tous les genres comme une seule et unique famille. On reste dans quelque chose d’un peu neuneu, mais ça fonctionne bien et on sent toute la sincérité du groupe dans ce projet. Puis Resurrection revient à quelque chose de plus lourd, de plus sérieux et de plus construit. Techniquement, c’est irréprochable, mais il manque un petit truc en plus pour rendre cela plus percutant.
Candy Cane continue l’aspect violent du groupe, avec un son Heavy qui n’est pas sans rappeler Judas Priest, mais avec une voix un peu plus punk, un peu moins maîtrisée que celle de Rob Halford. Quoi qu’il en soit, ça reste un titre nerveux et qui doit faire un carton en live. Wasted Attack est aussi un très bon morceau qui déménage, mais il va faire un peu trop penser au titre précédent, ce qui lui enlève de l’aura. On notera tout de même un batteur qui a un peu plus les coudées franches, avec quelques coups de double-pédale, ce qui fait plaisir. Enfin, The King est un excellent titre qui aurait pu faire office d’introduction, avec son aspect grandiloquent, son gros solo et son break très théâtral. Franchement, c’est l’un des meilleurs morceaux de l’album, et il arrive trop tard.
Au final, The Haunted House, le dernier album en date de Wasted, est plutôt un bel effort, qui permet de se dire que le groupe est bel et bien de retour, ou tout du moins signe enfin un démarrage à peu près stable. Singeant de manière intelligente ses pairs, le groupe arrive à trouver un bon équilibre dans les sonorités, même si on déplore parfois un manque d’identité, ou encore une playlist qui n’est pas optimale. Mais finalement, ce ne sont que des broutilles face au plaisir d’écoute.
- The Haunted House
- Mr. Black
- Watch Out
- Nailed to the Cross
- Coffin Maker
- Metal Snack
- Resurrection
- Candy Cane
- Wasted Attack
- The King
Note : 15/20
Par AqME