Résumé :
L’histoire se passe sur l’île de Blackreef, qui oppose deux assassins, Colt et Julianna. Le premier souhaite briser le cycle sans fin dans lequel il est enfermé tandis que la seconde semble s’épanouir dans cette boucle.
Avis :
Dans le domaine du jeu vidéo, il existe de nombreux genres, mais on retrouve aussi des sous-genres qui peuvent se placer dans n’importe quel genre. Prenons un exemple simple, le Survival Horreur peut aussi bien se jouer en FPS qu’en TPS ou même sur du Click n’Point. Aujourd’hui, avec Deathloop, on s’arrête sur un sous-genre assez apprécier, le Roguelike. Apparu dans les années 80, le Roguelike est un système de jeu où il faut mourir pour découvrir de nouvelles choses et avancer dans l’histoire. On retrouve cela dans des jeux de plateformes et d’aventures, dont les plus connus aujourd’hui sont Hadès ou encore Dead Cells. Deathloop propose ce même système de jeu mais dans le FPS, alliant ainsi deux genres qui ne font pas souvent la paire. Et l’on doit cela à des français, puisque c’est Arkane Lyon qui est derrière ce projet.
L’histoire de ce jeu est relativement simple. On incarne Colt, un assassin qui se rend compte qu’il vit dans une boucle temporelle, revivant à chaque fois la même journée sur l’île de Blackreef. Il décide alors de briser la boucle, mais il va faire face à Julianna, une autre assassin qui va tout faire l’empêcher de réaliser sa mission. D’ailleurs, pour que la journée cesse, il faut que Colt tue dans la même journée huit visionnaires, qui sont protégés par des mercenaires armés jusqu’aux dents. Et histoire de rajouter de la difficulté, ces visionnaires se trouvent parfois à des endroits différents au même moment de la journée, ce qui rend la tâche à accomplir difficile pour Colt, qui n’a que vingt-quatre heures pour liquider tout le monde. Bref, le pitch est simple, mais il va se révéler très riche à mesure des parties.
Deathloop est donc un FPS où l’on va vivre des boucles temporelles qui vont se répéter. Afin de simplifier les lieux et les heures, le jeu divise une journée en quatre moments, le matin, le midi, l’après-midi et le soir. Et l’île de Blackreef est divisée en quatre lieux, ce qui permet de connaître avec précision les bâtiments, ainsi que l’emplacement des méchants en fonction des moments de la journée. Pour que tout cela soit fluide, Colt se réveille sur une plage le matin, puis, grâce à un réseau de souterrains, il a accès aux quatre lieux, que l’on va choisir en fonction de nos quêtes, des révélations que l’on découvre, afin d’avancer dans l’histoire. Car oui, pour débloquer les quêtes, il faut trouver des lettres et des cassettes audios qui permettent d’en savoir plus sur l’île et les visionnaires.
Si le début nous aiguille un peu sur quels lieux visiter en premier, par la suite, on fait quasiment face à un monde semi-ouvert, où l’on peut se balader où l’on veut, quitte à perdre du temps. Mais parfois, perdre du temps permet de trouver quelques secrets et de faire avancer l‘histoire, avec une narration percutante et intelligente. L’univers proposé est délirant, avec des visionnaires complètement dingos et une relation franchement bien fichue entre Colt et Julianna qui vont se chercher des poux durant toute la partie. C’est d’ailleurs la vraie force du jeu, dans lequel, même après plusieurs runs, nous fait découvrir de nouveaux secrets et des liens qui unissent les visionnaires. Deathloop joue plus là-dessus que sur ses graphismes, un peu désuets, n’utilisant pas toute la puissance de pS5, et n’étant pas vraiment beau à regarder.
L’autre point fort du jeu réside dans son gameplay, relativement dynamique. Si Colt tient une arme dans sa main droite, il peut faire plusieurs choses avec sa main gauche. Il peut tenir une autre arme, utiliser une télécommande pour pirater les systèmes informatiques, ou encore utiliser des pouvoirs qu’il va voler sur les cadavres des visionnaires. Ainsi donc, on se retrouve avec de nombreuses façons de jouer, allant du gros bourrin qui aime prendre des risques, à celui plus fin qui va tenter de se dissimuler en piratant les diverses machines à proximité. Seulement, le jeu demeure assez punitif. Quand on meurt, la boucle redémarre et on perd toutes ses possessions. C’est assez frustrant, mais les développeurs ont eu le bon sens de mettre en place le résidium et l’infusion, enlevant un peu de frustration chez les joueurs qui prendront plus de risques.
En effet, à un moment du jeu, il sera possible de récupérer du résidium, permettant alors d’infuser des armes et autres breloques pour les ramener avec soi lors d’une nouvelle boucle. Cela permet de se créer un arsenal qui reste, sans avoir à les rechercher dans certains lieux qu’il est inutile de faire plusieurs fois. Et histoire de ménager les efforts des joueurs, on a le droit de mourir deux fois dans Deathloop. C’est-à-dire que si l’on est tué un première fois, on est téléporté pas très loin de son premier cadavre afin de récupérer le résidium accumulé, et on peut encore mourir une deuxième fois. Mais au bout de la troisième mort, la boucle reprend et on perd tout ce que l’on a accumulé. Il faut donc être prudent, mais le jeu autorise quelques folies bourrines, afin de tester certains pouvoirs ou certaines techniques.
D’ailleurs, le jeu s’enrichit à chaque nouvelle boucle, car il propose les quêtes visionnaires, qui permettent d’avancer dans l’histoire principale, mais il y a aussi des quêtes arsenal afin de piquer les armes des grands méchants, et de trouver quelques raretés qu’il est bon d’infuser avant d’attaquer une nouvelle boucle. Cela permet de refaire des runs pour découvrir de nouveaux secrets, et de se construire un bon inventaire afin que les missions soient plus faciles. Il est aussi possible d’améliorer ses armes en trouvant des breloques dans les lieux ou les cadavres, ainsi qu’améliorer ses pouvoirs en tuant plusieurs fois le même visionnaire, octroyant alors des upgrades plutôt rigolos, comme balancer plusieurs ennemis dans les airs. Et cela donne un aspect RPG pas négligeable, même si ça ne va jamais bien loin et que le tout est assez binaire.
Bien évidemment, tout n’est pas rose non plus dans Deathloop. On retrouve quelques scories qui font que le jeu est parfois frustrant, ou qu’il a des limites dans certains systèmes de jeu. Par exemple, on a vite fait le tour des breloques. Si, sur la fin, on en trouve des pus rares (avec un système de couleurs), ce ne sont que des mixs de breloques déjà existantes, et l’ensemble manque un peu d’originalité. Si le ton est à l’humour quant aux pouvoirs que ça accorde, on reste tout de même face à quelque chose de simpliste et de déjà-vu. De plus, l’infusion montre rapidement ses limites. C’est-à-dire qu’il est inutile de trop infusé, et le résidium devient alors une denrée dont on se fiche un peu, ce qui fait que l’on n’a pas forcément besoin (et envie) de fouiller les niveaux de fond en comble.
Au final, Deathloop est un jeu qui est assez grisant dans son système et sa richesse de gameplay. Si l’on outrepasse la redondance des mondes et les graphismes qui sont assez vilains pour une console nouvelle génération, on ne peut que saluer le travail d’écriture qui permet de découvrir un lore inédit et de multiples façons de jouer et d’approcher cette histoire de boucle temporelle. Sans être un triple A qui déboîte visuellement, on passe un bon moment devant ce FPS à tendance Roguelike qui est plus profond et intelligent qu’il n’y parait, avec, en prime, une bonne dose d’humour.
Note : 16/20
Par AqME