avril 27, 2024

Rider

Titre Original : River

De : Jamie M. Dagg

Avec Rossif Sutherland, Douangmany Soliphanh, Sara Botsford, Ted Atherton

Année : 2015

Pays : Laos, Canada

Genre : Thriller

Résumé :

Au fin fond du Laos, un jeune médecin expatrié se retrouve mêlé bien malgré lui à une affaire de meurtre, où toutes les apparences l’accusent. Pris en chasse par les autorités, il doit coûte que coûte trouver un moyen de fuir le pays ? Mais sans argent, sans passeport, sans parler la langue, jusqu’où pourra-t-il aller ?

Avis :

Certains films ont des destins injustes. Soit parce qu’ils ne sortent pas au cinéma, soit parce qu’ils ne bénéficient pas d’une pub suffisante pour bien se vendre sur le marché du DVD/Bluray/4K. Les exemples sont légion, et même lorsque ces films sortent sur des plateformes de streaming, ils sont rapidement invisibilisés par d’autres productions plus coûteuses, ou dont la plateforme en question a participé au financement. Rider fait partie de ces « petits » films qui sont passés sous les radars, à un tel point que peu de personnes connaissent. Réalisé par Jamie M. Dagg, à qui l’on doit le sympathique Sweet Virginia avec Jon Bernthal, Rider est un thriller qui met en avant un homme qui va payer cher une bavure, et qui va tenter de fuir un pays étranger aux méthodes policières douteuses. Mais est-ce que tout cela vaut le coup ?

Le film commence en nous mettant au plus près du personnage principal, John Lake, un médecin qui va aider des gens au fin fond du Laos. Il essaye d’aider au maximum et de sauver toutes les vies possibles, mais les conditions font qu’il reste sur plusieurs échecs. Ce début est assez fracassant, nous plongeant dans l’enfer d’un hôpital de campagne, où des blessés arrivent par dizaine, après l’attaque d’un village. Le réalisateur ne nous épargne rien, avec giclures de sang et amputation en quasi frontale. C’est assez fort, et le seul défaut que l’on pourrait trouver réside dans la shaky cam qui veut donner du rythme à ce séquences. Pour autant, malgré les tremblements qui peuvent être pénibles, on reste pris dans ce tourbillon de stress, et on ressent toute la frustration du type, qui va être forcé de partir en vacances pour se décontracter.

« Globalement, le film est plutôt réussi sur sa forme. »

Le film met alors en avant un homme sympathique, troublé par ses échecs, mais qui tente de retrouver calme et sérénité dans un village à l’opposé de son lieu de travail. On va ressentir de l’empathie pour ce personnage, même s’il manque d’épaisseur et de background. On va apprendre qu’il n’a pas de famille, mais c’est un chouette type qui va vouloir venir en aide à un laotienne qui se fait lourdement draguer par un australien en vacances. Le film tombe alors dans le thriller pur et simple lorsque John se bagarre contre l’australien, ce dernier ayant violé la laotienne, alors complètement bourrée. Mais la bagarre tourne mal et John tue accidentellement le type, qui est le fils d’un sénateur. Il se retrouve traqué par la police et n’a d’autre choix que de fuir le pays pour aller en Thaïlande et partir aux States.

Globalement, le film est plutôt réussi sur sa forme. Si on va avoir de nombreuses redondances dans la fuite en avant de ce type, on reste sur un rythme effréné et une tension qui sait se faire palpable. Le film ne dure pas très longtemps (moins d’une heure et demie) et cela permet de ne pas ressentir de l’ennui, et empêche le réalisateur d’utiliser des plans inutiles ou de rajouter des sous-intrigues qui auraient été malvenues. On regrettera peut-être une caméra qui bouge trop sur les séquences d’action, voulant à chaque fois suivre le personnage dans ses courses. Mais encore une fois, c’est secondaire et sur son ensemble, le film tient la route, évitant aussi le film de carte postale en présentant un Laos plutôt joli, mais avec aussi ses dérives policières et sa pollution, avec des plages qui ne font pas forcément envie.

« Le scénario pose alors la question de l’éthique et des responsabilités. »

Cependant, sur son fond, ce n’est pas la même tambouille. Il faut rappeler que nous suivons un type qui a tué, sans faire exprès, un violeur, et il se retrouve alors dans une situation délicate, d’autant plus que la victime, complètement bourrée, pense que c’est lui qui l’a violée. Du coup, on peut comprendre cette fuite, encore plus lorsqu’on évoque les conditions pénitentiaires de ce pays. On est dans un pays communiste, et les américains ne sont pas forcément bien vus. Si le film ne fait pas trop dans la politique, si ce n’est sur sa fin, où les conditions d’extradition se font manipulatrices et toujours à l’avantage du pays le plus riche, on reste tout de même sur un rapport de force délicat entre un pays fort (ici les States) et un pays pauvre (le Laos) qui ne peut rien faire, malgré la pression d’un sénateur.

Le scénario pose alors la question de l’éthique et des responsabilités sur sa dernière séquence, et permet de redorer un peu le blason du film. Car, in fine, on se rend compte que l’on suit un meurtrier (même si c’est involontaire) qui essaye de déjouer toutes les lois pour sauver son cul. Et ça fait bizarre. Mais sur la fin du film, il va y avoir un dernier geste qui renoue avec le personnage que l’on vu dans les premiers instants, qui veut assumer ses actes afin de ne pas mettre une innocente en prison. Cela sauve un peu le métrage d’une morale qui aurait fait tache. Le choix de terminer le film sur le retour du type au Laos est assez malin, car il permet de se faire son propre cheminement sur ce qu’il peut lui arriver par la suite.

Au final, Rider est un film assez intéressant, et il est dommage qu’il soit passé sous les radars. Certes, il manque de finesse et peut montrer un pays aux méthodes policières pas forcément idéales, mais on reste accroché à ce pauvre type qui, en voulant aider, se retrouve dans une spirale infernale et fait des choix de pire en pire. Sans être un immanquable du genre, ni même un grand film tout court, le long-métrage de Jamie M. Dagg arrive à tenir son suspens jusqu’à la fin et à faire son petit effet.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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