avril 28, 2024

Therion – Leviathan III

Avis :

Fondé à la fin des années 80 et officiant dans le Death Metal, le succès de Therion va arriver au début des années 90, lorsque les suédois décident de délaisser le Death pour aller vers quelque chose de plus symphonique. Véritable fer de lance du genre, le groupe va enchainer les succès et les concerts avec des orchestres symphoniques pour se démarquer de la masse. Cependant, entre un line-up qui ne va faire que bouger, et des soucis liés à certaines maisons de disques, il est parfois compliqué pour Therion d’arriver au bout de ses tournées. Et il faut ajouter à cela des albums concepts conséquents qui prennent beaucoup de temps et d’énergie. Le dernier projet en date en est un exemple, puisque Leviathan est un triptyque qui a débuté en 2021, et qui s’achève cette année, avec un troisième opus sacrément costaud.

Sortir trois albums en trois ans, ce n’est déjà pas facile. Mais en plus, lorsque ces albums frôlent à chaque fois l’heure d’écoute, avec en prime compositions parfois complexes, il faut être un peu malade. Pour autant, avec ce troisième effort, on n’est jamais dans l’indigestion. Le groupe trouve un juste équilibre entre des titres très longs, installant des ambiances épiques, et des morceaux plus courts, plus vifs, qui visent surtout l’énergie et le plaisir immédiat. D’ailleurs, le premier titre fait partir de ces morceaux nerveux et plutôt courts. Ninkigal dépasse à peine les trois minutes, mais il renoue avec le passif Death de Therion. On retrouve un growl masculin qui s’allie parfaitement avec les chœurs lyriques. C’est percutant, relativement bien fichu, et surtout, le clavier, qui accompagne le chant lyrique féminin, ne prend pas toute la place. Là encore, l’équilibre est parfaitement tenu.

Ruler of Tamag sera alors un titre plus long, qui va prendre le temps de tisser son histoire. Le début est enchanteur, avec un chant féminin envoûtant et une guitare sèche parfaite. C’est à la fois touchant et mélancolique, tout en montant crescendo vers quelque chose de plus brutal. Mais encore une fois, le groupe n’en fait pas des caisses et propose une construction qui fonctionne, avec une structure assez complexe, mais lisible. Bref, il s’agit-là du plus beau morceau de l’album. Il s’ensuivra alors un autre titre fleuve avec An Unsung Lament qui va surprendre dans son démarrage. La raison est simple, le riff de guitare fait très punk, avant d’enchainer sur des chœurs lyriques masculins. C’est assez couillu de la part du groupe de fournir un tel mélange, et pourtant, ça marche assez bien. Le titre sera moins fort que les deux morceaux précédents, mais il demeure sympathique.

Comme dit quelques lignes plus haut, le groupe alterne entre des morceaux longs et d’autres plus courts, et Maleficium fait partie de la deuxième catégorie. Relativement sombre, allant très vite dans sa rythmique tout en trouvant le temps de mettre du symphonique, on fait face à une chanson pertinente, qui fait très comédie musicale, avec un aspect théâtral, mais c’est aussi ça que l’on aime chez Therion, avec ce côté parfois too much. Ayahuasca sera alors un très long morceau, qui invite au voyage et possèdera un refrain assez efficace. Les échanges entre voix masculines et féminines sont plus prégnants ici, mais on regrettera des ponts qui durent trop longtemps et qui ne sont pas forcément pertinents. Baccanale rattrapera le petit ennui que l’on a pu ressentir avec quelque chose de plus frontal porté par des riffs ultra agressifs. Difficile de ne pas headbanger sur ce titre.

Puis Midsommarblot va jouer sur un ressenti un peu malsain, tout en se faisant presque enjoué. On sent que le groupe a été influencé par le film d’Ari Aster, et on prend du plaisir à entendre l’appel d’un sacrifice alors que l’ensemble rayonne. What Was Lost Shall Be Lost No More est un morceau un peu plus classique, même si on entend des violoncelles au départ. Le titre apparait presque comme transparent et c’est dommage. Heureusement, Duende vient nous charmer avec son côté hispanique qui peut faire incongru au sein de l’album, mais trouve une belle résonnance et fait étalage de la voix sublime de Lori Lewis. Nummo arrive par la suite et renoue avec une certaine violence, mais le titre fait presque interlude pour le dernier morceau, Twilight of the Gods, qui sera une conclusion parfaite, avec une atmosphère bien sombre.

Au final, ce troisième opus de Leviathan se pose comme une jolie réussite. Le groupe trouve constamment le bon équilibre entre des titres courts et ultra vifs, et de longues compositions épiques qui démontrent tout le talent des musiciens et des chanteur(se)s. Sans révolutionner le genre, Therion prouve qu’il a toujours en lui le feu sacré du Métal Symphonique en respectant les codes du genre à la lettre, tout en incluant, avec parcimonie, quelques fulgurances inattendues.

  • Ninkigal
  • Ruler of Tamag
  • An Unsung Lament
  • Maleficium
  • Ayahuasca
  • Baccanale
  • Midsommarblot
  • What Was Lost Shall Be Lost No More
  • Duende
  • Nummo
  • Twilight of the Gods

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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