L’Arche de Noé – A l’Aide des LGBTQ

De : Bryan Marciano

Avec Valérie Lemercier, Finnegan Oldfield, Elsa Guedj, Olivier Claverie

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Une association accueille des jeunes LGBT mis à la rue par leurs familles. Derrière l’apparente comédie, les excès, l’envie de s’affirmer, se cachent des vies brisées. Tous ont cette furieuse envie d’exister, de trouver leur place dans la société. Ici, ils ont six mois, pour trouver un travail, un logement et s’accepter comme ils sont. Une course contre la montre durant laquelle Noëlle, qui dirige l’association et Alex, qui l’aide dans sa mission, sont également renvoyés à leurs propres failles et s’interrogent sur leurs motivations à aider les autres.

Avis :

Comédien et réalisateur français, Bryan Marciano a tout d’abord fait ses débuts en tant que comédien dans les années 2010. S’il tient quelques petits rôles ici et là, c’est dans le domaine de l’écriture que Bryan Marciano va s’épanouir. Ainsi, on retrouve son nom au scénario de « Le brio » d’Yvan Attal, « Les fantasmes » des Foenkinos, ou encore « J’irais où tu iras » de Géraldine Nakache. En parallèle de ça, en 2018, Bryan Marciano se lance dans sa première série, « Vingt-cinq« , où il sera à l’écriture, à la réalisation et il y tient le rôle principal. La série suit les déboires d’un jeune homme qui vient de se faire larguer. Puis enfin, en 2022, il rejoint l’équipe de Fanny Herrero, pour l’excellente et tristement annulée série « Drôle« .

Aujourd’hui, Bryan Marciano passe un nouveau cap puisqu’il présente son premier long-métrage, « L’arche de Noé« . C’est après avoir vu un reportage sur les jeunes LGBT qui se sont fait virer de chez eux que Bryan Marciano a eu l’envie et l’idée de faire un film sur le sujet. Mais par quel côté aborder ce sujet difficile ? Le jeune réalisateur va alors s’arrêter sur le travail des associations qui aident ces jeunes. Et pour donner plus d’intérêt encore, Bryan Marciano va nous faire découvrir ce monde-là à travers le regard d’Alex, un jeune homme qui se voit obligé de faire des heures de travail d’intérêt général. Intéressant, tendre, loin des clichés, même s’il tient un côté un peu convenu et très académique, cette « … arche de Noé » se pose comme un petit film plein de charme, devant lequel on passe un bon moment.

« C’est quelque part entre la comédie et le drame que Bryan Marciano a placé sa caméra. »

Alex, la vingtaine, se voit envoyé dans une association LGBT pour y faire des heures de travail après une décision de justice. Réticent au départ, Alex va découvrir un monde bien loin et plus dur que ce qu’il s’imaginait. Derrière l’extravagance de certains de ces jeunes, derrière les rires, les vannes, Alex découvre de jeunes vies brisées, des vies pleines de souffrance. Parmi les jeunes qui peuplent ces associations, Alex va se prendre d’amitié pour Emile, seize ans, dont les parents viennent de le mettre à la rue. Puis avec ça, Alex va découvrir tout le travail associatif, qui est aussi difficile que nécessaire.

C’est quelque part entre la comédie et le drame que Bryan Marciano a placé sa caméra pour aborder avec tendresse et humour le travail des associations LGBT. Le sujet est aussi intéressant qu’il est casse gueule, car on imagine très bien les pièges des clichés et du pathos, voire même des leçons de morale, ou encore du wokisme à outrance qui guette ce genre de film. Et je dois dire que la scène d’ouverture peut laisser imaginer cette direction avec la présentation bordélique et joyeuse d’une tripotée de personnages hauts en couleurs. Puis avec ça, l’idée de nous présenter ce monde-là à travers le regard d’un jeune homme « repris » de justice, ça avait comme un goût de déjà-vu, d’autant plus qu’on imagine bien la facilité d’un homophobe qui serait là contre son gré, et évidemment, à la découverte de ces vies brisées, il changerait son point de vue.

«  »L’arche de Noé » est un film qui sait très bien comment nous raconter ce monde. »

Qu’on se rassure, Bryan Marciano est plus intelligent que ça, et il ne sera quasiment rien de tout cela. Alors certes, comme je le disais plus haut, dans un sens, son film tient quelque chose de l’ordre du déjà-vu, et plus loin encore, il reste assez linéaire, avec un final qu’on voit arriver très vite, mais ce n’est pas pour cela que cette « … arche de Noé » ne va pas se faire intéressante, divertissante, amusante, touchante et loin de certains clichés. Une fois passé le joyeux bordel de sa scène d’ouverture, « L’arche de Noé » est un film qui sait très bien comment nous raconter ce monde, ce travail et ces personnages. Ce qui est très bien avec ce scénario, c’est le fait que son réalisateur ait bien trouvé le ton pour nous entraîner dans ce film choral qui suit une multitude de personnages.

Avec ces portraits, on découvre des trajectoires de vies, des caractères, des ambitions, des difficultés, et au-delà ça, ce qui est très bien, c’est le côté « cosmopolite » du film qui nous présente tout un tas de personnages on ne peut plus différents des uns des autres. Des personnages qui ne viennent pas du même milieu, des personnages qui n’ont pas la même trajectoire de vie et qui pourtant, à un moment donné, se retrouvent tous plus ou moins dans le même cas. Puis derrière ça, avec les personnages de Noëlle, Élodie ou Gilles, le film raconte aussi toute la difficulté du travail associatif. La difficulté de certaines décisions, le côté attaché sans trop l’être, trouvant une sorte de mesure pour pleinement travailler tout en se préservant. Évidemment, les problèmes financiers sont abordés, tout comme la multitude de procédures et de lois avec lesquelles il faut composer (on est en France).

« Finnegan Oldfied tient là un très beau rôle. »

Au bout de tout ça, il en ressort de la joie, des rires, des drames, des larmes, des émotions, de l’amusement et beaucoup d’intérêt. Ces émotions, on les doit aussi grâce au très bon casting que le réalisateur a réuni, avec notamment une bande de jeunes acteurs excellents qu’on découvre avec plaisir (Victor Mermaz, Djanis Bouzyani, Jade Dubois). Avec eux, on pourra aussi compter sur Valérie Lemercier qui tient le rôle d’une directrice d’association brute de décoffrage. Puis il y a Finnegan Oldfied, qui tient là un très beau rôle. Un rôle loin des clichés. C’est à travers lui qu’on découvre cette association et Bryan Marciano a eu l’idée d’écrire un personnage bien plus profond qu’il n’en a l’air. Un personnage plein de blessures, qui sait toucher comme il le faut.

Il ne faut donc pas se laisser avoir par l’affiche assez ratée de ce premier film, car « L’arche de Noé » est un joli film qui nous fait passer un bon moment de cinéma. Un moment partagé entre rires et émotions avec tout un tas de personnages intéressants qu’on se plaît vraiment à suivre. S’il est vrai que le film manque quelque peu d’originalité, et quelque peu de surprises avec ce final qu’on avait vu venir, il n’en reste pas moins que ce premier film de Bryan Marciano mérite bien qu’on s’y arrête.

Note : 13/20

Par Cinéted