avril 30, 2024

Le Petit Blond de la Casbah – Où est l’Émotion?

De : Alexandre Arcady

Avec Léo Campion, Marie Gillain, Christian Berkel, Pascal Elbé

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Un réalisateur de cinéma revient avec son fils à Alger pour présenter son nouveau film qui raconte l’histoire de son enfance et de sa famille dans l’Algérie des années 60. Le cinéaste se promène dans sa ville natale et, à travers les souvenirs d’un petit garçon pas tout à fait comme les autres, il nous fait revivre les moments de bonheur, de rires et de larmes de son enfance algéroise. C’est tout un univers touchant et une galerie de portraits hauts en couleurs que le film ressuscite.

Avis :

Réalisateur franco-algérien, Alexandre Arcady a offert au cinéma français de très grands films. Difficile lorsqu’on parle du cinéma d’Alexandre Arcady de passer à côté de films comme « Le Grand Pardon« , « L’union sacré« , « Pour Sacha« , ou plus récemment « 24 Jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi« .

En parallèle de sa carrière de cinéaste, Alexandre Arcady est aussi écrivain, et parmi les romans qu’il a écrits figure en 2003 « Le petit blond de la Casbah« , un livre qui revenait sur son enfance passée en Algérie. Dans ce roman, Alexandre Arcady se livre et parle d’une époque qui n’existe plus, et avec ça, il parle de sa famille, de sa découverte du cinéma, et de ce moment où l’Algérie a pris son indépendance. Si beaucoup de son entourage lui disait qu’avec ce livre, il avait matière à faire un film tant les personnages sont là, pendant des années, Alexandre Arcady s’y est refusé, tant ce qu’il racontait était très intime et il ne se voyait pas faire cela. Puis est arrivé le Covid, le confinement et c’est là qu’il s’est replongé dans ses racines et que « Le petit blond de la Casbah » lui est revenu.

« Ce « … petit blond de la Casbah » se pose comme une belle déception. »

Si Alexandre Arcady a déjà parlé de l’Algérie au sein de sa filmographie, jamais il n’aura fait un film aussi intime pour lui, car si tous les personnages portent d’autres noms, c’est bien de lui et de sa famille dont il parle. Avec ce film, le réalisateur revient aussi après neuf ans d’absence, puisque son dernier film était « 24 Jours … », et un retour d’Alexandre Arcady, c’est un événement qu’on n’avait pas envie de rater, d’autant plus avec une intrigue comme celle-là et malheureusement, force est de constater que ce « … petit blond de la Casbah » se pose comme une belle déception. Ennuyant, donnant la sensation de ne jamais vraiment démarrer, faisant des choix discutables, oscillant entre la comédie et le drame, ce portrait de l’Algérie des 60 est intéressant dans certaines scènes ou certains instants, mais sur l’ensemble, les plus de deux heures que dure le film ont du mal à passer, et ça, c’est vraiment dommage.

Un réalisateur revient à Alger avec son fils pour y présenter son nouveau film qui parle de son enfance à Alger, et de son départ de l’Algérie pour Paris. Pour ce réalisateur, ce voyage est l’occasion de faire découvrir à son fils le pays qui l’a vu grandir. Puis par la même, c’est aussi l’occasion d’un retour à ses souvenirs, l’occasion de revoir des lieux qui l’ont façonné. Des lieux pleins de sourires et de rires, avec ses parents, ses frères, ses oncles et tantes.

« Le petit blond de la Casbah« , c’est une plongée dans l’enfance d’Alexandre Arcady. Une plongée dans une famille haute en couleurs, et une plongée dans une Algérie à deux visages, avec d’un côté une société multiculturelle et de l’autre, un peuple qui va revendiquer son indépendance.

«  »Le petit blond de la Casbah » a bien du mal à fonctionner. »

Sur le papier, le nouveau film d’Alexandre Arcady faisait sacrément envie, que ce soit pour ce qu’il raconte, que pour ce retour d’Arcady au cinéma ou encore avec ce casting assez incroyable que le réalisateur a réuni devant sa caméra. Franchement, Marie Gillian, Christian Berkel, Pascal Elbé, Jean Benguigui, Patrick Mille, Françoise Fabian, Michel Boujenah et d’autres encore, ça faisait rêver. Puis voilà, lorsqu’on passe à l’image, lorsque ces personnages prennent vie, « Le petit blond de la Casbah » a bien du mal à fonctionner. Pourtant, l’ambiance est là, et elle est bonne, le film en lui-même est beau, très bien filmé et use judicieusement de ses flashbacks, qui vont nous réserver quelques surprises.

Le film est riche en sujets, explorant aussi bien l’enfance, avec ce jeune garçon qui mûrit, que le portrait drôle (ou du moins qui se veut drôle et touchant) de cette famille juive ; ou encore et bien sûr ; l’Algérie à cette époque-là. Une Algérie partagée où d’un côté, il peut faire bon vivre, et de l’autre, une Algérie qui demeure tendue, sous pression, avec des attentats, une présence militaire quasi-permanente, et bien sûr, en fond, cette « révolution » qui gronde. Avec tout cela, « Le petit blond de la Casbah » avait bien des ingrédients pour être un excellent cru pour son réalisateur, mais voilà, comme je le disais, rien n’y fera, et les déambulations de ce gamin, sa vie, sa famille, les problèmes de ses parents, la jalousie de son père, sa découverte du cinéma, ses premiers émois, ou encore son amour pour l’Algérie, rien n’arrivera à nous emporter pleinement.

« Ce dernier procurera plus d’émotions chez les personnages que chez le spectateur. »

S’il y a bien de très beaux instants, notamment la scène d’un anniversaire en famille autour d’une table, « Le petit blond de la Casbah » laisse la sensation de ne jamais se lancer, de ne jamais commencer vraiment, et l’on finit par suivre ces personnages de manière détachée. On a envie de les aimer, et pourtant rien n’y fait, ils sont à peine touchants. Et cette sensation va être décuplée avec les flashbacks du film, et notamment sa présentation en salle, dans le film du film, car ce dernier procurera plus d’émotions chez les personnages que chez le spectateur.

De plus, si le film est bien tenu par la plupart de ses acteurs principaux, pour pas mal d’autres, le film est mal joué, notamment chez les gamins, même en ce qui concerne ce petit blond, et avec eux, il y a un énorme blocage. Un choix dont on ne sait trop quoi penser. Ce choix, c’est de mettre Jean Benguigui dans la peau de la grand-mère de la famille. On ne sait si c’est censé être drôle, ou premier degré, force est de constater qu’à la longue, le personnage est épuisant.

Ainsi donc, si le film a ses qualités, nous offrant notamment de jolis instants pris seuls, sur l’ensemble, malgré la richesse de son scénario, « Le petit blond de la Casbah » n’aura pas réussi à m’emporter dans son portrait et dans ses souvenirs qui pourtant, avait vraiment tout pour être sublime. Ce retour d’Alexandre Arcady, après dix ans d’absence, se fait donc décevant, et ça, c’est vraiment dommage.

Note : 08/20

Par Cinéted

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