avril 28, 2024

Rotting in the Sun

De : Sebastian Silva

Avec Sebastian Silva, Jordan Firstman, Rob Keller, Vitter Leija

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Thriller

Résumé :

Alors qu’il se détend dans une ville balnéaire gay du Mexique, le réalisateur Sebastián Silva, déprimé, rencontre le très sociable influenceur Jordan Firstman, et Sebastián accepte à contrecœur de collaborer sur un projet à venir. Mais lorsque Jordan revient à Mexico, Sebastián est introuvable. Jordan joue alors au détective et s’embarque dans un voyage follement imprévisible.

Avis :

Aujourd’hui, c’est au Chili, ou plutôt au Mexique, qu’on s’envole pour s’arrêter sur la carrière et la filmographie du réalisateur Sebastián Silva. Si Sebastián Silva est né au Chili, il s’est très vite imposé comme l’une des figures du cinéma indépendant mexicain. Après des études de cinéma au Chili et au Québec, il sort diplômé en cinéma et en animation. En 2007, après une dizaine de courts-métrages, il se lance dans un premier long qui s’axe autour de la dépression d’un caméraman. S’ensuit alors des sorties en salles discrètes, comme « Magic Magic« , « Les vieux chats« , « Nasty Baby« , films qui exploreront tous des sujets de société, comme l’homosexualité et la parentalité, la maladie d’Alzheimer, ou encore le racisme.

Pour son nouveau film, « Rotting in the sun« , Sebastián Silva nous revient avec un projet des plus singuliers. Oscillant entre un film gay, sexuellement explicite, une comédie aussi étonnante que burlesque dans ses situations, une critique des réseaux sociaux, et un film à suspects avec un homme qui disparaît du jour au lendemain, « Rotting in the sun » est très loin de ce que l’on peut s’imaginer, et même s’il va avoir du mal à se lancer, une fois au cœur de son intrigue, le film de Sebastián Silva se pose comme une séance fun, dramatique, excitante et inhabituelle. Bref, on sort des sentiers battus, c’est politiquement incorrect, ça a du caractère, et une fois fini, on en redemande !

«  »Rotting in the sun » est un film très surprenant et très osé. »

Sebastián Silva est un réalisateur en pleine dépression qui ne sait plus quoi faire de sa vie. Sur les conseils d’un ami pour se ressourcer, il s’envole pour la plage de Zicatela, une plage nudiste gay. Sur place, il fait la connaissance de Jordan Fristman, un influenceur qui est plein de projets. Si au départ, Sebastián n’apprécie pas l’idée d’une collaboration, de retour chez lui, face à ses producteurs, une évidence s’impose, pour qu’il arrive à faire un nouveau projet, il doit travailler avec l’influenceur. Sebastián invite donc Jordan à venir travailler à Mexico. Mais une fois que Jordan arrive sur place, Sebastián a disparu sans laisser de traces. Et pire encore, sa disparation n’a l’air d’inquiéter personne…

Après s’être intéressé au racisme, le réalisateur Sebastián Silva se lance dans un film un peu dingue. Un projet singulier qui demeure de la fiction, tout en y injectant un soupçon de vérité puisque le réalisateur, tout comme ses acteurs, pour la plupart, vont jouer leur propre rôle. Né d’une rencontre entre le réalisateur et l’influenceur Jordan Fristman, « Rotting in the sun » est un film très surprenant et très osé. Aussi sulfureux qu’amusant dans son enquête, la première chose qui vient en tête lorsque je repense à ce film, c’est le suspens assez rocambolesque de cette histoire. Il est vrai que j’ai eu du mal à entrer dans le film, avec sa première partie qui patauge un peu entre peinture de la dépression, rencontres fortuites sur la plage, et surtout tout un tas de scènes de sexe gay qui ne sont pas simulées.

« Le scénario est intelligent et sait comment raconter cette histoire. »

D’ailleurs, ces dernières, même si elles sont filmées de manière naturelle, elles apparaissent comme totalement gratuites. Si elles peuvent faire plaisir à certains spectateurs qui ne bouderont pas leur plaisir, « Rotting in the sun » pouvait aussi très bien faire sans, que ça n’aurait pas changé son intrigue ou ses personnages. Lors de cette première partie, on se pose la question d’où est-ce que cette histoire va bien pouvoir aller, et au moment où l’on pourrait décrocher, après une bonne vingtaine de minutes, Sebastián Silva pose un rebondissement aussi inattendu que choquant et scotchant, et d’un coup, il fait pivoter son film. En une scène, le réalisateur installe presque tout dans son film, et de là, il nous tient jusqu’à son final.

Mieux encore, il s’amuse avec nous et son intrigue, installant énormément de rebondissements, de suspens et de mystères, car une question se fait presque obsédante, mais comment donc tout ceci va bien pouvoir se conclure ?

Le scénario est intelligent et sait comment raconter cette histoire, et plus cette dernière s’étend, plus elle resserre son étau et nous, on reste piqué d’intérêt. De plus, il est alors intéressant de voir comment le réalisateur fait évoluer certain de ses personnages, notamment Jordan, influenceur star imbu de sa personne, alors même qu’il n’est pas grand-chose. Petit à petit, le personnage, dans son enquête, retrouve de l’humanité, alors que d’autres, à contre-sens, au départ sympathique, peuvent sombrer. Avec ce film, le réalisateur aborde tout un tas de sujets qui sont intéressants, comme la solitude, le milieu gay et ses excès, ou encore les réseaux sociaux, les influenceurs, ou encore ceux qui se revendiquent comme des créateurs de contenus, alors que ce qu’ils produisent fait écho au néant.

«  »Rotting in the sun » se pose aussi comme une critique de société. »

L’autre chose très étonnante, c’est le mélange des genres qu’opère le réalisateur sur son film, puisque « Rotting in the sun« , en plus d’être un film plein de suspens avec une enquête en son sein, se pose aussi comme une critique de société, regardant la vie au Mexique, le milieu gay, ou encore les réseaux sociaux (mais bon ça, je l’avais déjà dit), mais au-delà de tout ça, la vraie surprise de ce film, c’est qu’il est une vraie comédie noire, qui parfois, à force d’absurde, de burlesque, mais aussi tensions, fait vraiment rire, et ça fonctionne parfaitement. Alors, c’est vrai que le film a du mal à se lancer et que parfois, on peut lui reprocher la gratuité de ces scènes de sexe, mais derrière ça, force est de constater qu’il nous embarque et que l’on s’y amuse beaucoup.

Puis enfin, si l’on s’y amuse autant aussi, c’est grâce à Jordan Firstman, qui dans son rôle d’influenceur à la limite de la caricature en début d’intrigue, sait nous tenir, nous intriguer et nous faire rire tout du long. Puis l’acteur est étonnant, car son personnage passe par tout un tas de facettes, et il assure. En face de lui, on pourra compter sur Catalina Saavedra, actrice fétiche du réalisateur, qui trouve là un rôle incroyable, et elle livre une performance tragiquement drôlissime.

« Rotting in the sun » (« Pourrir au soleil », carrément) se pose donc comme un film étonnant dans tout ce qu’il propose. Si le début est étrange et l’on a du mal à entrer dedans, une fois son intrigue réellement posée, le film de Sebastián Silva ne s’arrête plus, et mieux encore, puisqu’il ne fait qu’accentuer son intrigue, ses personnages et son suspens. Face à cela, face à l’envie qu’il donne d’aller toujours plus loin et de voir comment tout ceci va bien pouvoir se finir, ses défauts lui sont pardonnés. Et mieux encore, une fois le final arrivé, on est finalement frustré de le quitter aussi vite.

Note : 14/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.