Il y a des groupes qui ont du mal à percer en France, et qui sont pourtant des super stars aux Etats-Unis. Parmi les formations « métal », on peut aisément citer Skillet. Fondé par John Cooper en 1996, le groupe va rapidement connaître une belle ascension, jusqu’à devenir aujourd’hui une sorte d’institution au pays de l’oncle Sam. Car oui, outre des paroles à tendance chrétienne qui plaisent à un public peu regardant sur la technique, Skillet fait les beaux jours de la WWE, et arrive constamment à dépasser les millions de vue sur leurs clips. Victorious est le dixième album de la bande, et il démontre à quel point leur « métal » ne l’est plus tellement, tant Skillet bouffe à tous les râteliers et cherche tout le temps à rallier des amateurs de « rock » comme Imagine Dragons.
D’ailleurs, le premier morceau de l’album, Legendary, est celui repris par la ligue de catch, et rentre pile poil dans ce « rock » qui peut faire penser au groupe précédemment cité. Les riffs sont peu agressifs, on retrouve une rythmique à la batterie qui donne bien envie de bouger la tête, et on aura droit à un refrain un peu plus puissant que le reste. Mais c’est bien trop gentil pour vraiment nous percuter. On retrouve aussi des arrangements qui ne sont pas forcément intéressants, avec quelques transformations vocales qui fleurent bon la surproduction pour plaire à un plus grand nombre. You Ain’t Ready sera un peu plus nerveux et puissant. Alors bien évidemment, on reste dans quelque chose d’alternatif et qui ne doit partir trop loin pour ne pas faire fuir un public mainstream, mais les riffs sont plus puissants et on ressent une belle énergie.
Une énergie qui va vite redescendre avec les deux morceaux suivants. Victorious aura beau se draper de violons dans son introduction et de quelques inclusions de clavier, on reste sur quelque chose de très mollasson et qui joue encore et toujours avec un échange vocal entre le bassiste et la batteuse. Rien de bien neuf sous le soleil de Skillet, qui bénéficie d’une grosse production pour donner plus de volume à sa chanson. Mais le pire reste This is the Kingdom qui est clairement un plagiat du style d’Imagine Dragons. Le titre peine à convaincre, c’est mou et les paroles sont d’une naïveté déconcertante. Save Me essayera de remonter la pente, avec notamment des riffs un peu plus vifs, mais on reste dans un tout-venant qui manque d’envergure et d’une volonté de sortir de sa zone de confort. C’est dommage, on sent que le guitariste en a sous la pédale…
Rise Up renoue avec un style mou du genou et sans surprise, qui trouve un peu de nervosité dans son refrain, espérant alors faire sauter les foules. Mais chose rare, on notera un tout petit solo pour relancer sur le deuxième couplet. Mais la batterie électronique, c’est vraiment too much pour du « métal ». Puis avec Terrify the Dark, on plonge dans la ballade sirupeuse qui remugle salement le passage obligé. Même en faisant fi des paroles d’une banalité affligeante, le morceau est mou et d’une naïveté crasse. Mais on peut dire que le refrain rentre immédiatement en tête, permettant alors au titre de pleinement exister, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Heureusement pour nous, Never Going Back va faire un peu de bien à l’entreprise, et cela malgré des ajouts électro dispensables. Là, c’est puissant, nerveux et ça fonctionne à plein régime.
Après un tel effort, on était en droit de se dire que le groupe allait reprendre du poil de la bête, et Reach fait le job, même s’il se contente de rentrer dans un moule préétabli. Le titre n’est pas dégueulasse, même s’il a le cul entre deux chaises. On peut néanmoins apprécier la voix du chanteur sans changement majeur. Mais le soufflé va vite retomber avec Anchor. Nouvelle ballade au thème naïf (l’amour avec un grand A), le titre est mauvais de bout en bout, avec tous les clichés du genre, avec une grosse prod bruyante et des violons en renfort pour mieux nous endormir. Un calvaire de tous les instants. Finish Line ne va pas arranger les choses, virant encore dans un Rock alternatif qui lorgne bien trop vers de la Pop typiquement américaine. Quant à Back to Life, c’est du Skillet pur jus…
Au final, Victorious, le dixième album de Skillet, reste un effort sans surprise ni sans grand moment. Les américains continuent leur petit bout de chemin, cartonnant chez eux dans un style bien trop mainstream pour nous convaincre ici. On retrouve quelques bons riffs, un sens inné du hit pour accompagner les séries ou les entrées à la WWE, mais rien de bien transcendant, ni même une technique intéressante. Bref, un album surfait, pas désagréable, mais destiné aux fans du groupe.
- Legendary
- You Ain’t Ready
- Victorious
- This is the Kingdom
- Save Me
- Rise Up
- Terrify the Dark
- Never Going Back
- Reach
- Anchor
- Finish Line
- Back to Life
Note : 11/20
Par AqME