Avis :
Percer dans le blues et le jazz tient aujourd’hui du miracle ou du talent pur. Il faut dire que comme le rock ou le métal, le genre n’est plus trop représenté sur les ondes radios ou tout simplement les commerces et qu’il faut vraiment faire un tube pour se faire connaître du grand public. Fort heureusement, Beth Hart n’est pas une nouvelle venue sur la scène. Bien au contraire, elle affiche bientôt vingt-cinq ans de carrière dans la musique et s’impose comme l’une des références féminines du blues et du jazz et parfois du mélange des deux. Souvent en collaboration avec le génial Joe Bonamassa, Beth Hart s’est faite connaître grâce à un de ses titres qui apparait sur le dernier épisode de la dernière saison de Beverly Hills, ce qui lui vaut tous les regards et surtout toutes les écoutes. Fire on the Floor est son onzième album et il rentre dans ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir un savant mélange de blues, de rock et de jazz, le tout emballé autour d’une belle voix à la fois rauque, sensuelle et avec un vibrato relativement costaud. Mais intrinsèquement, que vaut vraiment cet album ? Sort-il des sentiers battus ?
Sur son premier morceau, Jazz Man, on pourrait croire que Beth Hart va proposer un album concept qui ne sépare jamais blues et jazz pour les mener en osmose du début à la fin de son skeud. En effet, ce premier titre est très convaincant et même s’il reste très classique avec sa petite batterie et son piano lounge, on ne peut nier le talent de la chanteuse avec sa voix suave et au timbre particulier. Il réside d’ailleurs dans ce morceau un petit air rétro qui n’est pas si désagréable et évoque des légendes comme Ella Fitzgerald. Cependant, on va vite déchanter avec les morceaux suivants. Non pas qu’ils soient mauvais, mais il y a certaines petites choses qui font que tout cela sent le réchauffé. Love Gangster est bien sympathique mais ne sort jamais du carcan imposé par le rythme blues avec son excellente instrumentalisation mais on a la sensation d’avoir entendu ce titre une centaine de fois. Avec Coca Cola, ce ne sera pas la même chose. Le titre est bien trop sirupeux pour pleinement convaincre en son début et ce n’est pas le joli solo de gratte en son milieu qui réveillera les foules. Mais le pire est certainement Let’s Get Together qui n’est rien d’autre qu’un morceau pop avec une gratte, un clavier et quelques cuivres pour marquer le coup. Certes, c’est frais et presque estival, mais c’est très simpliste et fait un peu tâche dans un album plutôt intimiste et qui se veut blues jazzy.
Fort heureusement, le niveau remonte par la suite et la chanteuse prouve qu’elle a un talent tout simplement monstrueux. Love is a Lie est certainement le morceau le plus réussi de tout l’album tant il transporte et laisse la voix exploser tout sur son passage. C’est beau, c’est touchant, c’est puissant, ça pourrait presque ressembler à un générique de James Bond et en plus de cela, on a même droit à un petit solo sur la fin qui demeure court, mais intense et convaincant. Fat Man sera bien différent mais il sera aussi une réussite. Plus blues rock dans l’âme, le morceau commence doucement avec piano et gratte pour monter petit à petit aux sons des différentes guitares qui montent aussi en intensité et donnent du coup un titre complet et entrainant, ce qui manque finalement dans l’album. Car à partir de Fire on the Floor, l’album a tendance à se reposer sur ses lauriers et à produire des ballades, certes plaisantes, mais moins entrainantes ou tout du moins un peu moins touchantes. C’est très bien fait, la voix de la chanteuse est parfaite, surtout lorsqu’elle pousse un peu pour donner de la puissance, mais ça reste gentillet et relativement classique. On retiendra surtout Woman You’ve Been Dreaming Of et son joli instant de piano ou encore le sublime Good Day to Cry qui est certainement le morceau le plus intense en termes d’émotions.
Au final, Fire on the Floor, le dernier album de Beth Hart, est un joli moment mais qui ne marque pas assez. Quand on connait le talent de la chanteuse et sa voix si particulière, on reste un poil déçu de cet effort qui doit gagner en intensité sur scène. En soi, l’album est loin d’être mauvais, il est même plaisant par bien des aspects, mais il ne sort pas vraiment du lot et se restreint à ce que maîtrise le mieux la chanteuse sans jamais prendre de risque, ce qui est dommageable. Bref, un bon album mais qui manque de punch et qui ne sort jamais de sa zone de confort.
- Jazz Man
- Love Gangster
- Coca Cola
- Let’s Get Together
- Love is a Lie
- Fat Man
- Fire on the Floor
- Woman You’ve Been Dreaming Of
- Baby Shot me Down
- Good Day to Cry
- Picture in a Frame
- No Place Like Home
Note : 14/20
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Par AqME