octobre 5, 2024

Goal of the Dead

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De : Benjamin Rocher et Thierry Poiraud

Avec Alban Lenoir, Ahmed Sylla, Tiphaine Daviot, Charlie Bruneau, Bruno Salomone

Année : 2013

Pays : France

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection très semblable à la rage allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss-le prodige arrogant, Coubert – l’entraîneur dépressif, ou Solène – la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie.

Alors que les supporters enragés rodent dans le village dévasté de Capelongue, pour Sam, un tout autre cauchemar commence. Barricadé au commissariat avec d’autres survivants, il doit affronter la jeune Cléo, son bourru de père, et Solène qui ne l’a pas oublié. Pendant ce temps, Idriss et Marco, planqués au stade, cherchent à s’échapper, et règlent eux aussi quelques comptes avec leur passé.

Avis :

La comédie horrifique est un genre à part entière qui ne date pas d’hier. Seulement, c’est un genre très difficile et dans lequel beaucoup de réalisateurs et scénaristes se sont cassés les dents. On pense bien évidemment aux suites de Scary Movie qui sont navrantes ou encore au film Les Dents de la Nuit qui malgré son côté sympathique reste relativement faible. Alors que nous reste-t-il dans ce genre ? Bien souvent des comédies américaines ou anglaises avec une écriture parfaite et des effets humoristiques bien écrits et bien foutus. Quand on regarde Shaun of the Dead, on repère de suite l’intelligence de l’écriture et les références multiples. C’est la même chose pour Bienvenue à Zombieland, qui se paye même le luxe de citer ses références en début de film. C’est alors que vient la deuxième question : et la France ? Terre de soi-disant culture, on doit bien avouer que le cinéma de genre, malgré des qualités indéniables quand on voit les réactions à l’étranger, n’a pas vraiment sa place en France. Boudé des salles par les distributeurs, souvent moqué, le cinéma de genre est le vilain petit canard du septième art alors qu’il est souvent supérieur à la comédie bidochonne que l’on nous sert à toutes les sauces. Et c’est là le génie de Goal of the Dead, se foutre royalement des distributeurs, faire un film à l’ancienne, avec un entracte, dans le genre Grindhouse, et balancer le film comme une tournée de concert. Pari risqué, mais pari réussi, car Goal of the Dead est une belle réussite, de quoi botter le cul à tous les coincés qui ne jurent que par le drame larmoyant ou la comédie hautaine mais grasse.

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C’est soir de fête !

L’histoire est relativement simple et ne sort pas des sentiers battus du film du zombie. Pour la petite histoire, l’Olympique de Paris va jouer les 32ème de finales à Caplongue, un bled perdu dans le nord. Le problème, c’est que l’un des joueurs vedettes de Paris est originaire de Caplongue et il est attendu comme le Messie pour se faire injurier, huer et molester. Afin de se venger, un père médecin décide de doper son fils, jadis meilleur ami du joueur. Malheureusement, après une erreur de la poste, le joueur devient un enragé qui va contaminer du monde et la ville va devenir un endroit assiégé où les joueurs et certains habitants vont essayer de s’en sortir indemne. Jusque-là, on reste dans le domaine du classique en termes de zombies et de film de ce genre, mais l’intelligence du scénario va faire que le film va être drôle sans devenir lourd ou gras.

A l’image des réussites déjà précitées, le film suit le même chemin, alternant les dialogues à la fois surréalistes et d’une grande finesse et les scènes d’action totalement déjantées et franchement bien foutues. Bien entendu, le film reste un pur moment de divertissement, mais il n’en n’oublie pas pour autant de dresser un portrait acide du football et de l’homme en général. Sans trop appuyer sur le propos afin de ne pas l’alourdir, on entend que le milieu est pourri par l’argent et par des mentalités qui sont abjectes. D’ailleurs, ces états d’esprit seront repris lors de la phase de survie et on va voir certains personnages devenir vraiment détestables. Le plus bel exemple vient de Bruno Salomone, absolument génial dans un rôle qui lui va comme un costume et dans lequel il semble s’éclater.

On pourra aussi se régaler à déceler quelques petites références à divers films de genre. Bien entendu, la phase de survie dans un vase clos est présente à plus d’un moment, mais ce n’est pas tant ça qui va retenir notre attention. Comment le pas faire le parallèle avec la Cité de la Peur lorsque un joueur qui à un autre joueur qu’il a un truc sur la joue ? Comment ne pas voir la référence énorme à 28 Jours Plus Tard de Danny Boyle lorsque le père du héros reçoit une goutte dans la bouche ? Comment ne pas sentir la patte de Shaun of the Dead lorsque les trois personnages essayent d’attirer les enragés dans une direction en faisant n’importe quoi ? Bref, le choix des références fait que le film fonctionne à merveille et montre un profond respect envers les fans de ce genre.

Enfin, le film fonctionne aussi pour sa galerie de personnages complètement folle mais qui rend chaque protagoniste intéressant et attachant. Alban Lenoir campe avec une grande classe Samuel Lorit, le héros de l’histoire et il est juste parfait. Alternant les moments plus dramatiques comme le passage sur le stade de foot avec des moments plus comiques avec la fameuse scène dans le bar, il est excellent et n’en fait jamais trop. Et être drôle et touchant à la fois n’est pas une chose facile. Charlie Bruneau (En Famille) est elle aussi très bonne dans le rôle de Solange… euh, Solène, la nouvelle journaliste qui a du mal à s’imposer dans ce milieu macho. Elle est très drôle, notamment dans la scène où elle rentre dans le bar, mais on s’attache à grâce à sa gaucherie mais aussi à ses difficultés à s’imposer. Tiphaine Daviot campe l’adolescente bien pénible du film qui cache un lourd secret. Elle est parfaite dans ce rôle et montre que c’est une actrice sur laquelle il va falloir compter dans quelques années. Ahmed Sylla, issu de la bande à Ruquier de On ne Demande qu’à en Rire, est étonnement excellent dans le rôle du footballeur prodige, pris dans une spirale invisible. Détestable au départ, il devient par la suite d’une grande tendresse et d’une drôlerie exquise. Une véritable surprise pour un garçon bourré de talent. Pour le reste du casting et des seconds couteaux, chacun est à sa place et tout le monde est absolument parfait dans son rôle, que ce soit de la part des gars de Caplongue, à la situation désespérée ou alors avec le Caplonguais Parisien, tout simplement génial.

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Que c’est beau ce qu’il y a d’écrit juste au-dessus, j’en pleure !

Au final, Goal of the Dead est une vraie réussite et un superbe coup de poker de la part des deux réalisateurs. Malgré des méthodes différentes, on ne sent pas du tout le changement d’homme derrière la caméra et les deux films forment une entité vraiment réussie. Que ce soit sur le plan de l’humour avec des passages vraiment savoureux, sur le plan du gore, avec de jolies décapitations ou encore sur certains passages dramatiques, la fin sur le stade complètement épique ou encore chez le docteur complètement givré, le film accumule les réussites malgré quelques défauts minables (incohérence entre les deux films sur le point du match, dans le premier, on nous dit que ce sont les 32ème de finales et dans le deuxième il s’agit d’un match amical). Il faut aussi noter que malgré un budget famélique (2,8 millions sur les deux films), l’image et la photographie sont exceptionnelles et les lumières sont savamment employés. Comme quoi, pas besoin de faire un Found-Footage quand on a peu d’argent, il suffit de bien s’entourer et d’avoir envie de bien faire. Goal of the Dead est l’exemple parfait de la grande forme des films de genre en France. Il serait peut-être temps que les distributeurs se réveillent et proposent autre chose que des films mainstreams, n’assurant que du fric, mais aucune culture ou ouverture d’esprit, afin que ce genre d’initiative ait plus de visibilité.

Note : 17/20

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Par AqME

 

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « Goal of the Dead »

  1. Un pur moment de rire, très bon film à voir entre potes autour d’un bon pack de bières !!!
    J’en redemande !
    La critique résume bien ce que j’ai vu à l’écran !

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