avril 28, 2024

Alone

Titre Original : Don’t Grow Up

De : Thierry Poiraud

Avec Darren Evans, Fergus Riordan, McKell David, Diego Mendez

Année : 2015

Pays : France, Espagne

Genre : Horreur

Résumé :

Sur une île isolée au large de l’Écosse, six adolescents se réveillent seuls dans leur pensionnat: surveillants et professeurs ont mystérieusement disparu. D’abord ravis d’être libérés de toutes contraintes, ils finissent par prendre la route, en quête de réponses. Devant eux se dessine progressivement l’apocalypse: infectés par un virus inconnu, les habitants se sont transformés en prédateurs sanguinaires. Pire, le fléau semble toucher uniquement les adultes. Désormais, pour survivre, le groupe doit répondre à deux questions: comment quitter l’île ? Et à quel âge devient-on adulte ?…

Avis :

Il arrive que certains réalisateurs français ont une carrière assez étrange, et continuent à faire des films malgré un certain anonymat et des projets pour le moins loufoques. Thierry Poiraud fait partie de cette caste, et il suffit de jeter un œil à sa filmographie pour s’en rendre compte. Après un court-métrage en 1995, il propose son premier film, Atomik Circus, en 2002, qu’il coréalise avec Didier Poiraud. Le long-métrage est un ovni qui va laisser beaucoup de monde sur le carreau. Onze ans plus tard, c’est avec Benjamin Rocher qu’il s’associe, pour faire une comédie de zombies avec Goal of the Dead, où il sera en charge de la deuxième mi-temps. Là aussi, le pitch est assez zinzin, mais ça reste assez réjouissant. Avant de partir pour le petit écran sur des séries comme Zone Blanche ou Infiniti, il va proposer Alone, un film avec des infectés.

Disponible uniquement en VOD, n’ayant fait aucun bruit, production franco-espagnole mais se passant en Ecosse avec des acteurs britanniques, Alone est un long-métrage qui avait tous les ingrédients pour flopper. Même au sein de son pitch, qui ne réservait aucune surprise. Ici, on va suivre un groupe de jeunes adolescents qui vont devoir survivre à une horde d’infectés. En effet, un virus transforme tous les adultes en être sanguinaire. De ce fait, on sait que la fin est inéluctable pour tout un chacun, et il va falloir s’accrocher pour suivre ces jeunes gens qui déambulent dans les rues d’un bled paumé au large de l’Ecosse. Le film maintient son mystère autour des infectés, n’offrant que quelques bribes d’explications sur la radio, et tout ce que nous propose le réalisateur est de suivre une bande de jeunes qui va se déliter au fur et à mesure de l’histoire.

« On ne va ressentir aucune empathie envers ces adolescents un peu débiles. »

Avec ce genre de film, où la surprise n’est clairement pas présente, il faut jouer à jouer sur la carte des personnages, en proposant des profils forts et des interactions intéressantes. Malheureusement, dès le début, on sait à quoi s’attendre. La bande de jeunes, qui évolue dans un internat, commence à faire n’importe quoi, ne se posant même pas la question de l’absence d’adultes à leur réveil. On va alors avoir droit à des discussions futiles autour du sexe et de l’amour, puis quelques dérives avec de l’alcool et des jeux débiles. Thierry Poiraud ne veut pas perdre de temps à présenter ce petit monde, dont on ne se souviendra même pas des prénoms. Et avec ce postulat de base, on ne va ressentir aucune empathie envers ces adolescents un peu débiles. Pire, on va en détester certains, avec l’espoir d’une mort cruelle et injuste.

Mais ce manque d’empathie ne va pas être le seul gros défaut du film. Les interactions entre les protagonistes sont d’une banalité affligeante. On retrouve une amourette qui évolue autour des deux derniers survivants, des moqueries au sujet d’un type timide qui ne tient pas l’alcool, ou encore des disputes qui en mènent à rien. Et si on veut aller plus loin, on va rencontrer des gosses plus jeunes, qui manient bien les armes à feu, et qui en prime, retrouvent toujours le groupe que l’on suit, alors que la route est longue. Alone est perclus d’incohérences et de moments gênants, occultant totalement les bons points, comme la mise en scène ou les scènes d’attaque qui sont très virulentes. A la place, on perdra du temps autour d’une baignade dans un lac de montagne ou autour d’un road trip neurasthénique.

« Alone est perclus d’incohérences et de moments gênants. »

Et ce constat est dommage. Thierry Poiraud a plein d’idées de mise en scène, et globalement, c’est plutôt joli à voir. La photographie est soignée, l’ambiance nocturne est bien stressante, et les premières apparitions des infectés sont percutantes. D’ailleurs, le film est très efficace lorsqu’il faut mettre en place des attaques, puisque les gosses vont en prendre plein la gueule. Le cinéaste ne fait de cadeau à personne, rendant son film inattendu, puisque n’importe qui peut mourir. Seulement, le fait de ne ressentir aucune empathie envers les personnages fait que l’on se fiche du sort des gosses. En fait, on voit le potentiel dingue de l’histoire et du film, mais tout est expédié à la va-vite, comme s’il fallait remplir un cahier des charges avec un chronomètre à la main, le film ne devant pas dépasser l’heure et demi. Et pour le coup, il fait même qu’une heure et quart…

Tout ce potentiel est aussi gâché par le fond du problème, par une thématique qui n’est finalement qu’effleurée, celle du passage à l’âge adulte. Car si le pitch indique que les adultes deviennent des infectés sanguinaires, on va se rendre compte que peu importe l’âge, ce qui est pris en compte, c’est la maturité et les expériences vécues. Ainsi, l’un des jeunes de la bande va vite devenir agressif et contaminé, alors que notre dernier couple, pourtant un peu plus vieux, ne va pas subir les affres de cette maladie. Le réalisateur va tenter de justifier cela via des flashbacks mutiques qui sont insupportables, et en arpentant le chemin de la maltraitance envers les enfants. C’est mal fichu, en plus d’être incohérent. Avoir subit des sévices étant jeune fait devenir plus mature, plus vite. Bref, Alone n’arrive pas à se rendre intéressant, voire même intelligent, dans ce qu’il propose.

Au final, Alone est un bien mauvais film. Thierry Poiraud essaye d’être plus soft que pour ses deux premiers longs-métrages, mais il édulcore son propos, tout en gardant des images qui se veulent choquantes, avec des enfants qui se font buter. Malheureusement pour nous, cette dichotomie va créer de nombreuses incohérences, ainsi que des personnages dont on se fout royalement. C’est dommage, on sent qu’il y avait de la matière, mais tout cela résonne comme un coup d’épée dans l’eau, ou plutôt comme un coup de barre à mine dans un corps déjà mort…

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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