avril 24, 2024

Battle Royale II – Requiem

Titre Original : Batoru Rowaiaru II : Chinkonka

De : Kinji Fukasaku et Kenta Fukasaku

Avec Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Shugo Oshinari, Ayana Sakai

Année : 2003

Pays : Japon

Genre : Action

Résumé :

L’histoire se déroule un an après le premier film. On y suit les deux survivants rentrer chez eux et tenter d’alerter l’opinion publique sur ce qui s’est passé sur l’île. Leurs déclarations provoquent un chaos sur tout le pays, violemment réprimé par le pouvoir militaire. Ce dernier décide alors de faire participer les deux opposants à la deuxième session de Battle Royale en compagnie d’une classe beaucoup moins tendre que la précédente.

Avis :

Au début des années 2000, l’industrie du cinéma japonais allait sortir une véritable bombe qui va faire le buzz dans le monde entier. Tiré d’un roman, Battle Royale de Kinji Fukasaku va poindre le bout de son nez et le résultat sera à la hauteur des espérances. Violent, cynique à souhait, décriant avec intelligence une société nippone où les générations ne se comprennent plus et où les sentiments sont mis au rebut. Toujours d’actualité près de vingt ans plus tard, Battle Royale reste une œuvre majeure, virulente, gore et qui fonctionne toujours autant. A un tel point que même des jeux reprenant le concept sortent en masse. Mais bien évidemment, quand un film marche au box-office, il faut faire des suites, et Battle Royale n’échappe pas à cette maudite règle empirique. Ce n’est donc que trois ans plus tard que Battle Royale II – Requiem voit le jour, mais avec un léger changement. En effet, si Kinji Fukasaku a commencé le tournage, il va malheureusement décéder et c’est son fils, Kenta, qui va reprendre le flambeau. Et on va voir que le talent, ce n’est pas forcément héréditaire.

L’histoire se déroule un an après les faits du premier film. Les deux survivants de l’île se sont réfugiés sur une autre île et ils ont créé un groupe de rebelles qui a déclaré la guerre aux adultes. En réponse, le gouvernement japonais met en place un nouveau Battle Royale, avec des jeunes enrôlés de force pour aller tuer les deux survivants du premier Battle Royale. Voici donc, à peu de choses de près, le pitch de départ cette suite. Une suite qui veut s’inscrire dans la continuité du premier, aussi bien temporellement que spatialement. On retrouve certains éléments du premier film, comme l’île, les zones à éviter sous peine de se faire exploser ou encore le côté explicatif au départ, mais en moins drôle, ou tout du moins en moins cynique. Le film prend directement un ton beaucoup plus sérieux, et laisse complètement de côté le second degré qui était un peu la marque de fabrique de Kinji Fukasaku. Ici, il ne s’agit plus de rire du cynisme du gouvernement, mais de faire un film sérieux, qui tabasse à tout va.

Alors certes, certaines morts sont violentes et le sang coule à flot. Surtout qu’avec les nouvelles règles, les élèves vont par pair et que si l’un d’entre eux meurt, l’autre suit derrière. Un choix assez étrange, qui élimine rapidement les protagonistes, mais qui s’avère incohérent avec les volontés du gouvernement. Si les zones interdites sont une bonne chose pour faire avancer les troupes, le reste n’est qu’illusoire et ne sert que de vecteur pour afficher du sang et des gorges explosées, ou encore des réactions stupides et beaucoup exagérées. Et tout le film est construit sur quelque chose de bancal et de complètement stupide. Exactement comme le milieu du film, où les rebelles découvrent que ce sont des jeunes comme eux qu’ils combattent et qui ont des colliers. Ils ont des snipers et ils ne sont pas foutus de voir qu’ils combattent des enfants comme eux ? Bref, tout cela sent l’opportunisme et l’écriture à la va-vite pour ne pas perdre la hype autour d’un film qui se suffisait à lui-même.

Mais ce n’est pas tout. Ce qui faisait le sel du premier film, c’était la lutte pour sa survie de la part des élèves. Dans ce second opus, l’aspect est complètement abandonné. Les sacs sont tous les mêmes pour les élèves, les armements sont identiques et on ne retrouvera pas la tension instaurée par le premier métrage. D’ailleurs, tout s’arrête très vite à partir du moment où les élèves enrôlés trouvent les rebelles. Le film n’a donc plus rien à voir avec Battle Royale et ne garde finalement que le concept de base pour partir sur autre chose, le film de guerre. Sauf que là aussi, c’est complètement raté. Entre un Tatsuya Fujiwara complètement à côté de ses pompes, et aussi charismatique qu’une huître, et une réalisation qui bouge dans tous les sens ne laissant jamais le temps de voir la violence des affrontements, on se rend vite compte que ce film ne possède pas du tout l’aura de son aîné. Pire, nous sommes même face à un film qui n’appuie aucun de ses personnages, qui ne parvient pas à nous faire ressentir quoi que ce soit et qui va beaucoup trop vite malgré les 2h15 de film. Comment, en un temps aussi long peut-on avoir des personnages aussi vides et inintéressants ?

Et que dire du massage que veut véhiculer le film ? Il n’y a rien. C’est bien clair, la lutte des générations est absente, le cynisme ambiant n’est plus là et on dirait bien que Battle Royale II – Requiem est complètement vide de toute substance. Si on ajoute à cela des séquences incohérentes avec des militaires adultes qui se font maîtrisés par de jeunes élèves en goguette, que certaines morts durent trois plombes avec un surjeu insupportable et que certains moments calmes sont gênants tant ils ne servent à rien et endorment le public, on peut effectivement dire que cette suite est un très mauvais film.

Au final, Battle Royale II – Requiem est un film qui souffre énormément de la comparaison avec son aîné, mais qui n’en possède pas l’aura ni l’intelligence. Il s’agit d’un film devant lequel on s’ennuie ferme malgré le déluge d’action, la faute à un scénario inexistant, des personnages impersonnels, une mise en scène surexcitée et un propos réduit à son maximum. Parfois, il ne faut pas faire de suite, et c’est exactement le cas ici…

Note : 04/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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