mars 28, 2024

Chien de la Casse

De : Jean-Baptiste Durand

Avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d’amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place.

Avis :

Venant du Sud de la France, Jean-Baptiste Durand s’est tout d’abord orienté vers le dessin et la peinture. Il a par ailleurs fait les beaux-arts de Montpellier. Dès ses premières œuvres, Jean-Baptiste Durand met en scène des jeunes qui ressemblent à ses amis. Par la suite, au cours des années 2010, son regard change d’axe et c’est vers l’image qu’il se tourne. D’abord technicien sur des tournages, petit à petit, il se met à la réalisation. Il s’essaie aux clips, au documentaire, et bien sûr aux courts-métrages. Très prolifique, en l’espace de sept ans, il tourne pas moins de douze courts-métrages.

Autant de travail et d’envie de cinéma finit par payer, puisque voici que Jean-Baptiste Durand tourne son premier long, « Chien de la casse« . Plutôt bien distribué, jouissant d’un joli bouche-à-oreille, le premier film de Jean-Baptiste Durand se pose comme une jolie découverte.

« Des personnages intéressants qui sont parfaitement tenus par deux acteurs passionnants. »

S’il faut bien dire que son intrigue est loin d’être transcendante, ce premier film intéresse de par la vérité de ses personnages. Des personnages intéressants qui sont parfaitement tenus par deux acteurs passionnants, Raphaël Quenard, dont c’est le premier grand rôle après pas mal de seconds, et Anthony Bajon, qui ne cesse encore et toujours d’étonner. Drôle sans qu’on ne s’y attende, touchant, et derrière ça intéressant dans ce qu’il raconte de sa jeunesse, « Chien de la casse » est une belle sortie qui mérite bien qu’on s’y intéresse.

Mirales et Dog sont des amis d’enfance. Jeunes adultes, ils habitent dans un petit village du sud de la France, où il n’y a franchement pas grand-chose à faire. Les deux amis sont inséparables mais ça, c’est jusqu’à ce que Dog rencontre Elsa, avec qui il se sent bien. Mirales a bien du mal avec cette rencontre, car s’il aime son pote et qu’il veut le meilleur pour lui, Mirales a comme un sentiment de jalousie et d’abandon. Pour grandir, il va devoir laisser partir son ami, mais ça, c’est bien plus facile à dire qu’à faire apparemment.

« Jean-Baptiste Durand injecte beaucoup de relief à ces personnages. »

Parfois, il suffit de pas grand-chose pour donner l’envie de voir un film, et pour le premier film de Jean-Baptiste Durand, c’est l’idée de voir l’excellent Raphaël Quenard (acteur que j’avais retenu chez Emma Benestan, Quentin Dupieux, Cédric Jimenez, ou encore Michel Hazanavicius) décrocher son premier « premier » rôle, et j’ai franchement bien fait de m’y arrêter, car « Chien de la casse » se pose comme un bon petit moment de cinéma. Alors, c’est vrai que dans son intrigue et le portrait qu’il fait de ces jeunes de village qui zonent plus qu’autre chose, il n’y a rien de vraiment neuf, mais pourtant, derrière ça, le jeune réalisateur arrive sans mal à nous tenir, car il offre un vrai film de personnages. Et on adore ces personnages.

« Chien de la casse » est donc un film qui explore une amitié entre deux potes, ou plutôt deux frères de cœur, qui se connaissent par cœur. Unis, traînant toujours ensemble, Jean-Baptiste Durand injecte beaucoup de relief à ces personnages qui sont vraiment intéressants. Il y a quelque chose de magnétique qui se dégage de cette relation, d’amour et d’emmerde à la fois. C’est là, quelque part entre joie pour l’autre, jalousie, gamineries, longs discours façon tchatcheur ou émancipation que Jean-Baptiste Durand pose sa caméra.

«  »Chien de la casse« , c’est avant tout Raphaël Quenard qui est bluffant dans la peau de ce tchatcheur mal dans sa peau. »

Ce qui est intéressant aussi, c’est le caractère opposé de ces personnages, avec d’un côté un mec qui ne cesse de parler et de « se la raconter », étalant sa culture, et face à lui, l’intrigue place un personnage renfermé sur lui-même. Un personnage presque silencieux, qui a bien du mal à s’affirmer. Ces deux personnages, dans leur caractère, sont deux extrêmes opposés. Il y aura même au sein de leur amitié, un rapport de dominant/dominé, et là encore, ce sujet est intéressant, d’autant plus avec l’évolution de ces personnages. Puis plus loin encore, toujours dans cette relation et les caractères, « Chien de la casse » peut se lire de différentes manières, ce qui est intéressant, car d’une lecture à l’autre, le film peut changer.

Pour ces personnages, le jeune cinéaste a choisi deux acteurs ô combien talentueux. Si Anthony Bajon est excellent dans la peau de Dog, un homme qui a du mal à s’exprimer et qui derrière ça, n’est pas une crème d’intelligence, (même si le scénario va le faire joliment évoluer) « Chien de la casse« , c’est avant tout Raphaël Quenard qui est bluffant dans la peau de ce tchatcheur mal dans sa peau, sûr de lui et pas tant que ça en même temps. L’acteur qui grimpe petit à petit, trouve là le premier vrai rôle où il peut laisser éclater son jeu et sa singulière diction. Si parfois, le personnage peut se poser comme agaçant, il se révèle surtout touchant et derrière ses faiblesses et ses blessures, il est le plus prenant.

Après, si « Chien de la casse » possède indéniablement un charme et une atmosphère, il faut toutefois dire qu’il manque parfois de rythme, posant de petites longueurs, ou encore des moments où l’intrigue a tendance à se freiner pour « pas grand-chose ». Reste que malgré ça, le film nous fait passer un bon petit moment de cinéma grâce à ces personnages qu’on ne cesse d’avoir envie de suivre.

Ainsi, comme je le disais plus haut, même si l’intrigue que met en scène Jean-Baptiste Durand est loin d’être originale, son « Chien de la casse » reste un film qui fonctionne bien et qui pique l’intérêt grâce à ses personnages tout en nuances, qui sont bien plus profonds et intéressants qu’ils en ont l’air. Subtil dans le portrait de cette amitié et dans son émancipation, tenu par deux comédiens merveilleux, avec un Raphaël Quenard brillant dans un vrai rôle de composition. Bref, ce premier film mérite qu’on s’y intéressant.

Note : 14/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.