avril 20, 2024

Gothika

De : Mathieu Kassovitz

Avec Halle Berry, Robert Downey Jr., Charles S. Dutton, Penélope Cruz

Année : 2003

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Le docteur Miranda Grey, psychologue pour criminels de renom, travaille au sein du pénitencier psychiatrique pour femmes que dirige son mari. Elle sait mieux que personne ce qui est rationnel… Jusqu’au jour où elle se réveille dans l’une des cellules de l’institution, accusée du meurtre de son mari. Un crime dont elle n’a aucun souvenir. Dans sa quête pour retrouver la mémoire, elle devra faire face à un esprit vengeur…

Avis :

C’est en 1995 que Mathieu Kassovitz commence à faire parler de lui. En effet, c’est cette année-là qu’il sort son deuxième film, La Haine, qui va avoir un succès retentissant en France, ce qui va lui permettre de faire des longs-métrages avec plus de budget. En découleront alors Assassin(s), puis l’adaptation du roman de Jean-Christophe Grangé, Les Rivières Pourpres. C’est justement ce film qui va lui ouvrir les portes de Hollywood, puisque lors d’un vol à Paris, le producteur Joel Silver tombe sur ce film, et est impressionné par celui-ci. A un tel point qu’il veut rencontrer Kassovitz dès son arrivée sur le sol français. Alors son projet en cours, le producteur va tout de même envoyer des scripts au cinéaste français, afin qu’il puisse tourner outre Atlantique. Il va alors en ressortir Gothika, un thriller horrifique porté par Halle Berry et Robert Downey Jr.

Relativement conspué lors de sa sortie en salle début 2004, Gothika est pourtant un film qui est honnête dans sa démarche, et qui essaye de renouer avec le cinéma gothique des années 70, tout en gardant une certaine modernité dans son histoire. On va donc y suivre une psychologue qui travaille en prison autour de criminels, et dont le mari est le directeur. Alors qu’elle rentre chez elle, elle manque percuter une jeune femme au milieu de la route et subit un accident de voiture. En se réveillant, elle est alors enfermée dans la prison, accusée du meurtre de son mari. Elle va alors tout faire pour s’échapper afin de comprendre ce qui lui est arrivé. Gothika est un film qui va mélanger plusieurs genres horrifiques, à savoir l’épouvante avec des fantômes, le thriller avec une enquête à résoudre et le gothique avec des éléments fantastiques qui viendront se greffer.

« Gothika n’arrive pas vraiment à maintenir son suspens. »

Au niveau du scénario, on pourrait dire que ça bouffe à tous les râteliers. Film d’épouvante (ou de possession) avec ce fantôme dont on se doute des enjeux, Gothika n’arrive pas vraiment à maintenir son suspens. La faute à des cordes évidentes, notamment sur les raisons de ce fantôme, et sur des clés de compréhension qui sont fournies trop rapidement. Thriller horrifique avec une enquête, le film pêche là aussi sur sa conclusion, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Enfin, film gothique, avec cette victime enfermée dans un hôpital assez glauque dans lequel il se passe des choses pas claires, on ressent une envie de revenir à des fondamentaux très stéréotypés, tout en voulant apporter un peu de fraîcheur, ne tombant pas dans le piège de la prison hantée, ou de la surpopulation de revenants. Tout ce mélange peut finir par créer un surdosage.

Mais, c’est là le plus surprenant, Gothika s’avère être pourtant un film assez plaisant dans sa construction et sa volonté de créer de la surprise. En premier lieu, le fait d’enfermer sa victime dans un seul lieu, et de maintenir celui-ci comme une entité dangereuse de par ses résidents, est une bonne idée. Outre les économies de budget, il permet à Kassovitz de peaufiner son ambiance, et de jouer avec les différentes salles (piscine, douches, etc…). Il crée alors un suspens assez intéressant, notamment lors de la fuite de Halle Berry. De ce fait, même si le coup du fantôme à message qui veut que justice soit faite est un peu trop téléphoné, on reste dans une démarche à twist qui fonctionne un peu, surtout lors de la seconde révélation, qui va donner un coup d’accélérateur à la conclusion du film.

« Les acteurs sont réellement investis dans leur rôle. »

De plus, les acteurs sont réellement investis dans leur rôle, à commencer par Halle Berry, qui a accepté le rôle car sa mère fut pendant longtemps infirmière en psychiatrie. L’actrice joue bien et arrive, sans trop en faire, à faire passer toutes ses émotions, et notamment la peur d’être comme ses patientes, une folle qui s’invente une vie. A ses côtés, Robert Downey Jr. est plutôt bon, même s’il reste trop en retrait. On ne ressent pas grand-chose pour lui, malgré le fait qu’il soit le meilleur ami de l’héroïne. Il manque d’épaisseur et d’importance. Il en va de même avec certains personnages secondaires, alors qu’ils sont essentiels dans l’histoire. A commencer par Charles S. Dutton qui peut se voir comme le grand absent du film. Et que dire de Penélope Cruz, qui entame si bien le film, mais qui se ratatine sur le plan final.

Enfin, le dernier point sur lequel on peut trouver à redire à ce film, c’est sur la mise en scène de Kassovitz, qui là aussi, emprunte à tous les genres, mais manque un peu de mordant. On sent que le cinéaste français veut en mettre plein la vue, mais parfois, on frise le bis, notamment sur les phases horrifiques qui ont du mal à tenir la route. Il se rattrape très bien avec les gros plans sur les visages qui expriment la peur, où l’on ressent une belle intimité avec les acteurs. Enfin, les nuances de bleu sont bien trop présentes. C’est bien simple, on a l’impression que le film baigne dans une nuit américaine constante, et cela manque cruellement de nuances. Certes, les flammes dans les yeux sont plus visibles, plus impactantes, mais il manque une vision plus ouverte sur le reste.

Au final, Gothika est un film bancal, mais terriblement généreux, et c’est sa volonté de surplus qui lui coûtera ses qualités. Mathieu Kassovitz tombe un peu dans le piège américain, en n’ayant pas forcément les coudées franches, et délivre un film sympathique, mais qui manque de mordant, ou d’un parti pris original. Melting-pot de tout ce qui peut faire le cinéma horrifique, on fait face à une belle performance d’acteur, mais au sein d’un scénario assez linéaire et téléphoné, qui ne sortira pas du carcan du film d’épouvante de base américain des années 2000.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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