janvier 13, 2025

Chronique d’un Scandale

Titre Original : Notes on a Scandal

De : Richard Eyre

Avec Cate Blanchett, Judi Dench, Bill Nighy, Andrew Simpson

Année : 2007

Pays : Angleterre

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Enseignante, à la veille de la retraite dans un collège de Londres, Barbara Covett n’a rien d’autre dans sa vie que son travail et un chat. Sa solitude prend fin avec l’arrivée du nouveau professeur d’art, Sheba Hart. La jeune femme se révèle l’amie idéale dont Barbara avait toujours rêvé.
Lorsque Barbara découvre que sa nouvelle amie a une liaison avec un de ses jeunes élèves, leur relation prend un tour plus redoutable. Barbara menace de révéler le scandale à tout le monde, à commencer par le mari de Sheba…
Dans ce jeu trouble et cruel, ce sont les propres secrets et les obsessions de Barbara qui font surface. Entre les deux femmes, commence un affrontement qui va les emmener au bout de leurs faux-semblants et de leurs mensonges…

Avis :

Le théâtre et le cinéma sont intimement liés. Il est fréquent que des acteurs de théâtre se retrouvent dans des films, et vice-versa, et on a même certains réalisateurs qui se tâtent à la mise en scène sur les planches. C’est le cas de Richard Eyre, qui commence tout d’abord dans le théâtre, avant de réaliser des films pour le cinéma, puis, en fin de carrière, de retourner au théâtre, pour de grandes pièces qui seront retranscrites dans diverses salles de cinéma. Pour autant, l’homme reste plus connu pour son travail sur les planches, ou tout du moins plus reconnu, que pour ses films. Il faut dire qu’il arrête plus ou moins en 2008 après l’échec de The Other Man, un thriller dramatique avec Liam Neeson. Pourtant, juste avant ce film, il adapte le roman de Zoe Heller avec Chronique d’un Scandale, et délivre un bon long-métrage.

L’histoire se concentre autour d’une professeure d’histoire dans un collège miteux de Londres, qui est bientôt à la retraite, et qui écrit des journaux intimes. L’arrivée dans l’établissement d’une jeune professeure de dessin qui belle et semble innocente va bouleverser sa vision cynique des choses, et réveiller en elle des émotions plus ou moins refoulées. Cependant, cette jeune enseignante va succomber au charme d’un lycéen avec lequel elle va entretenir une relation amoureuse. Lorsque la professeure d’histoire découvre cela, elle y voit un bon moyen de chantage pour mettre la pression sur son amitié, et demander des choses de plus en plus ambiguës à sa nouvelle « amie ». Construit de façon simple et linéaire, Chronique d’un Scandale va monter petit à petit vers quelque chose de froid, de manipulateur, et on ne saura jamais sur quel pied danser autour de ses personnages.

« La force de ce film se fait autour des deux personnages principaux, qui sont très bien écrits, et proposent des portraits ambigus. »

La force de ce film se fait autour des deux personnages principaux, qui sont très bien écrits, et proposent des portraits ambigus. En premier lieu, on ne peut qu’être intrigué pour Judi Dench, qui propose une professeure crainte par tout le monde, et qui n’a pas l’air sympathique. Cependant, son traitement va se faire en douceur, pour nous amener à ressentir de l’empathie envers elle, qui vit seule avec son chat en fin de vie, et qui semble bien triste et isolée. Richard Eyre va nous la faire prendre en pitié, ce qui fait que son côté antipathique passe au second plan. Mais l’intelligence du récit fait que l’on a aussi un petit doute derrière la tête, quant aux motivations de cette femme, qui va manipuler Cate Blanchett en exploitant ses faiblesses et en la faisant chanter. On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit tout de même d’une sociopathe.

En second lieu, Cate Blanchett campe aussi un personnage étrange, qui est victime de ses émotions. Mariée à un homme plus âgé avec qui elle a eu deux enfants, (une jeune ado en pleine crise et un garçon trisomique) on sent que la jeune femme vit dans un carcan qui ne lui convient plus. Elle est enfermée dans une routine qui fait qu’elle va succomber à la drague lourde d’un lycéen. Mais là encore, si on pourrait prendre en grippe cette femme qui trompe son mari et joue un jeu dangereux, on se rend compte au fil du récit qu’elle est piégée par ses émotions, et qu’elle n’arrive plus à le contrôler. Cela va l’amener vers un final à la fois triste et puissant, mais qui permettre de mettre en exergue un secret complexe autour de la vieille professeure d’histoire.

« On reste tout de même face à quelque chose qui manque d’identité et d’une volonté de marquer. »

En dehors de son récit plutôt bien ficelé, et de ses deux actrices qui sont puissantes, on regrettera tout de même deux petites choses à ce film. La première concerne bien évidemment les personnages secondaires qui sont assez peu travaillés. Si Bill Nighy joue un mari trompé qui est éminemment sympathique, le reste du casting est peu exploité. Certes, on retrouve deux enfants terribles qui peuvent être vus comme des clichés sur pattes, mais même au niveau des collègues de boulot ou des lycéens, c’est un peu la panne sèche. Même le lycéen adultère joué par Andrew Simpson est fade, n’arrivant pas à rendre sa partition détestable, de par sa drague lourde ou son aspect menteur. C’est dommage car cela empêche le film de prendre de l’envergure et de rendre cette histoire plus dramatique, voire tragique.

La seconde chose concerne la mise en scène du film. Si l’on sait que nous sommes sur un thriller dramatique qui se doit d’être au plus près de ses personnages, on reste tout de même face à quelque chose qui manque d’identité et d’une volonté de marquer. La photographie est assez terne, il y a très peu de couleurs marquées, et globalement on reste sur une mise en scène classique, qui ne prend aucun risque. Même lorsqu’il y a de la tension et du mouvement dans les séquences, comme lorsque Cate Blanchett doit choisir entre le spectacle de son fils ou accompagner son « amie » à l’euthanasie de son chat, on reste sur quelque chose de plan-plan qui n’arrive pas à créer de la tension autrement que par un mouvement linéaire qui floute l’image. On sent que Richard Eyre veut être très intime, mais il oublie aussi de prendre de la hauteur.

Au final, Chronique d’un Scandale est un bon thriller dramatique qui se repose essentiellement sur la relation très particulière entre deux femmes que tout, ou presque, oppose. Cédant chacune à des pulsions émotionnelles qu’elle ne contrôle pas, le film est une montée crescendo vers un final explosif et tragique. Tout cela aurait pu être un chef-d’œuvre si le réalisateur n’avait pas fait le choix d’une mise en scène intime et un peu molle, qui manque de mordant et de personnalité. Bref, un bon film, à défaut d’être inoubliable.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.