avril 24, 2024

La Colline a des Yeux 2

Titre Original : The Hills Have Eyes 2

De : Martin Weisz

Avec Michael McMillian, Jessica Stroup, Jacob Vargas, Flex Alexander

Année : 2007

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Lors d’une mission de routine, une unité de jeunes soldats de la Garde Nationale fait halte dans un avant-poste du Nouveau-Mexique afin de livrer du matériel à des scientifiques. Lorsqu’ils arrivent, le camp est désert. Après avoir repéré un signal de détresse dans la montagne voisine, les soldats partent à la recherche des savants disparus…
Ils ignorent que ces collines, autrefois hantées par la terrifiante famille Carter, sont aujourd’hui peuplées par une tribu de mutants cannibales qui attendent leurs proies, pour se nourrir et se reproduire…

Avis :

C’est un fait immuable au sein du cinéma, quand un film marche fort au box-office, il faut en faire une suite, histoire d’en tirer un max de profit. C’est ce qui est arrivé au remake de La Colline a des Yeux d’Alexandre Aja. Récoltant plus de 40 millions de dollars de recette, les producteurs y ont vu la nouvelle poule aux œufs d’or et ont proposé à Wes Craven d’écrire une suite. La Colline a des Yeux 2 est donc la suite du remake, et non pas un remake du film de 1985 réalisé par Wes Craven. Au départ, le film devait être une suite directe, avec l’une des survivantes du premier qui revient avec une petite armée pour se venger, mais l’actrice étant indisponible lors du tournage (elle était sur Lost), il a fallu réécrire le tout, et Craven s’est associé à son fiston pour pondre cette histoire.

C’est pas ma guerre

Le film débute avec des scientifiques entourés de militaires qui doivent remettre le courant dans ces montagnes isolées afin d’élucider le mystère autour de la disparition de la famille du premier film. Toute l’équipe se fera décimer, et une équipe de jeunes soldats de la Garde Nationale est dépêchée sur place pour rétablir le contact. Manque de bol, ils vont aussi se faire dézinguer les uns après les autres par les mutants des collines. Pitch minimaliste, réduit à son paroxysme, La Colline a des Yeux 2 veut être un joyeux jeu de massacre. Et à quelque part, c’est ce qu’il va être, poussant les curseurs très haut dans les sévices et les meurtres. Le réalisateur nous met d’emblée dans le bain, avec toute une équipe qui va prendre dans la tronche, avec de nouveaux mutants encore plus malicieux que les autres.

Mais tenir un film uniquement sur ça, ça ne tient pas, et cette suite va souffrir non seulement de la comparaison avec son aîné, mais aussi des messages qu’elle véhicule. Car dans le tout premier d’Aja, il y avait une implication morale de la part du spectateur, qui prenait parti pour le père héros. De plus, on pouvait y voir une critique acerbe de la société américaine, avec les laissés-pour-compte dont tout le monde se fout royalement. Ici, on frise le néant total. Martin Weisz n’est pas vraiment en cause, mais plus Wes Craven et son fils qui ne parviennent pas à raconter une histoire avec du fond. On trouvera quelques dérives militaires, quelques traumas, mais c’est bien tout. Les méchants n’ont aucune autre vocation si ce n’est de tuer pour le plaisir ou de se reproduire avec des nanas. On est dans le fond de cuvette du film d’horreur.

Butez-moi tout ça !

Si les méchants sont binaires, on aura aussi droit à certains monstres que l’on laisse sur le chemin. Par exemple, l’équipe rencontre un mutant gentil, qui veut les sortir de là, mais ce personnage sera abandonné en cours de route, sans aucune explication. Il en va de même sur le bestiaire des créatures. On aura droit à l’aveugle qui ressemble à un scientifique, celui qui se camoufle avec sa peau en pierres, ou encore le grand chef, nommé Hadès, qui a une langue de dix-mètres. Si le premier film expliquait l’origine de ces créatures, là, on reste dans les mêmes origines, mais rien ne va plus loin. Il n’y a aucun approfondissement, aucune volonté de livrer quelque chose de nouveau. On est clairement dans une suite pour faire une suite, pour surfer sur le succès du premier, mais aussi sur une sorte de mélange opportuniste de Torture-Porn et de Survival.

Du côté des « gentils », des militaires qui seront les victimes, on restera aussi dans l’attente, impatiente, qu’ils se fassent tous zigouiller le plus rapidement possible. On ne ressentira aucune empathie pour tous les personnages. Les clichés s’accumulent, avec le militaire tête brûlée, l’intello de service tête de turc, la bombasse atomique qui a une relation avec le beau gosse sûr de lui, la maman qui vient là pour gagner de l’argent. Bref, on a tous les profils, mais aucun d’eux n’a vraiment de profondeur ou d’intérêt. Il s’agit de chair à canon dont on se fout éperdument, et cela empêche de ressentir de la peur pour eux. Et si l’implication du spectateur n’est pas totale dans ce genre de projet, alors c’est peine perdue. Il est loin le temps de ce père courage qui va affronter tous les dangers pour sauver son bébé…

De la crasse

Malgré tous les défauts du film, on ne peut pas lui reprocher une chose, il est sale et accumule les moments craspecs. Les décors sont bien réalisés, notamment à l’intérieur de la mine, où les tableaux gores sont nombreux. Le rythme est aussi effréné, ne s’arrêtant pas une seconde durant l’heure et demi. Le body count est élevé et on retrouve des effets gores dans tous les sens. Et si Martin Weisz galère salement pour filmer l’action, certains plans larges suscitent une petite tension, notamment lorsque deux soldats descendent dans les tréfonds de la mine. Le problème, c’est que le film ne tient que sur cet aspect-là, et au bout d’un moment, ça devient lassant, voire répétitif. On devine à l’avance qui va se faire dézinguer et tous les éléments mis en place pour faire monter la tension ne fonctionnent pas. Reste un bon combat de fin bien nerveux.

Au final, La Colline a des Yeux 2 est une mauvaise suite. Si elle n’est pas exempte de bons points, comme un gros rythme et une ambiance malsaine au possible, force est de constater qu’elle enfile tous les clichés du genre. Les personnages n’ont aucune profondeur, la mythologie des méchants n’est pas approfondie et il n’y a aucun message sous-jacent, pas même une petite critique de la politique américaine ou de son armée. Bref, on sent fortement la suite opportuniste, qui n’a ni l’aura, ni la profondeur de son aîné, qui reste une œuvre culte de l’horreur moderne.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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