avril 19, 2024

Premières Vacances

De : Patrick Cassir

Avec Camille Chamoux, Jonathan Cohen, Camille Cottin, Jérémie Elkaïm

Année : 2018

Pays : France

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

Marion et Ben, trentenaires, font connaissance sur Tinder. C’est à peu près tout ce qu’ils ont en commun ; mais les contraires s’attirent, et ils décident au petit matin de leur rencontre de partir ensemble en vacances malgré l’avis de leur entourage. Ils partiront finalement… en Bulgarie, à mi-chemin de leurs destinations rêvées : Beyrouth pour Marion, Biarritz pour Ben. Sans programme précis et, comme ils vont vite le découvrir, avec des conceptions très différentes de ce que doivent être des vacances de rêve…

Avis :

S’il y a bien un genre dans lequel il est difficile de se renouveler, c’est la comédie romantique. Il faut dire qu’on en bouffe à tous les râteliers, et à toutes les sauces chaque année. On ne compte plus les histoires où il y a des différences de classes sociales, ou encore lorsque la vision de la vie est différente entre l’homme et la femme. Bref, on a toujours tendance à se méfier de ce genre de film, notamment par peur de rentrer dans clichés que l’on connait par cœur. Pourtant, c’est dans ce style que se lance Patrick Cassir pour son premier film, dont il a co-écrit le scénario avec sa compagne, Camille Chamoux. Premières Vacances est une romcom classique, qui utilise justement le voyage pour mettre à l’épreuve l’amour de deux jeunes tourtereaux. Mais le résultat est-il à la hauteur ?

Le début est on ne peut plus classique. Le but est de nous présenter deux trentenaires qui ont déjà des vies bien différentes. Ben est un garçon qui travaille dans la finance, qui a des moyens et qui est très proche de sa mère et de son frère. Marion est une fille plus intrépide, qui vit en colocation, dessine des bande-dessinées, et vit un petit peu au jour le jour. Pourtant, grâce à Tinder, les deux personnes se rencontrent et ça matche bien. Dès lors, malgré leurs différences, un lien se crée et Ben propose à Marion de partir en vacances ensemble. Sauf que lui aime le calme et les hôtels de luxe, alors que Marion veut vivre l’aventure et dormir chez l’habitant. Déjà, on voit les premières tensions se créer, et tout le film de jouer sur les différences d’envie et de goût du couple.

« On peut regretter que Premières Vacances ne soit pas vraiment drôle. »

Le scénario est donc assez simple, voire simpliste, et il ne réserve pas vraiment de surprise, notamment dans sa finalité. On sent que le couple qui a écrit l’histoire a envie de mettre en avant le fait que l’on peut être différent, et pourtant s’aimer. On peut y voir alors un jeune couple qui fait des concessions de chaque côté, pour tenter d’équilibrer la balance entre eux. Mais parfois, les tensions sont trop fortes, tout comme les tentations d’aller voir ailleurs. Le film joue alors sur plusieurs tableaux pour rendre cette comédie assez caustique. On y voit la rudesse et l’hypocrisie des auberges espagnoles, qui semblent convenir à quelques profiteurs pseudo-écolos, mais on décèle aussi un certain mépris pour ces bourgeois qui se ruent sur leur transat dès huit heures du matin. Tout est bon pour créer une ambiance électrique entre les deux amoureux.

Cependant, on peut regretter que Premières Vacances ne soit pas vraiment drôle. Certaines situations peuvent pousser à certains gloussements, notamment lorsque Jonathan Cohen découvre certains lieux de vie plutôt rustiques, mais on sent de nombreuses maladresses qui rentrent dans des caricatures pas forcément élogieuses. Il y a un regard assez mesquin sur les bulgares, que l’on peut voir comme des beaufs sympathiques, ou alors comme des queutards profiteurs qui sont prêts à voler n’importe qui. Il y a aussi une image du pays qui est assez maladroite et pas forcément intéressante. Même constat sur les blagues sur les homosexuels, les juifs ou encore les israéliens. On est souvent dans la moquerie, et pas forcément dans un humour fin qui amène à une réflexion sur les vacances ou le couple. Heureusement que Jonathan Cohen est là pour faire le show.

« Premières Vacances manque d’épaisseur et on sent qu’il ne voit jamais plus loin que sa vision un peu étriquée du nouveau couple. »

L’acteur se régale dans ce genre de personnage où il joue les jeunes premiers un peu prétentieux mais qui n’a pas grand-chose dans le slip. Quand on sait que le réalisateur a laissé beaucoup de place à l’improvisation, on ne peut que se réjouir de certaines séquences, comme celle où il découvre l’auberge espagnole et la chambre commune. Mais pour le reste des personnages, on est dans une inexistence crasse. Certes Camille Chamoux a quelques répliques drôles, mais elle a du mal à s’imposer face à la prestance de Cohen. Et les personnages secondaires n’ont aucun impact sur le couple star, en plus de ne rien raconter de vraiment probant. De ce fait, Premières Vacances manque d’épaisseur et on sent qu’il ne voit jamais plus loin que sa vision un peu étriquée du nouveau couple.

Quant à la mise en scène, on flirte encore et toujours dans la bonne comédie française qui ne prend pas vraiment de risque. Si le choix de rester dans une lumière naturelle et de ne prendre que des décors existants en Bulgarie et louable, il manque tout de même une véritable identité au long-métrage. C’est très random comme mise en scène, avec de nombreux champs-contre-champs, et il n’y a rien de véritablement marquant pour nos mirettes. On sent que c’est un premier film, et que la prise de risque est minimale. Après, ce n’est pas ignoble d’un point de vue technique, mais on reste dans du classique. Tout comme la bande originale qui ne sort pas des sentiers battus, selon la volonté du réalisateur. Bref, il s’agit-là d’un film assez transparent, qui manque d’une identité visuelle forte et marquée.

Au final, Premières Vacances n’est pas un mauvais film en soi. Il comporte quelques moments drôles et Jonathan Cohen vole la vedette à tout le monde dans un personnage qu’il connait par cœur. Néanmoins, difficile de passer à côté des scories qui peuplent l’histoire, comme un humour qui se base beaucoup trop sur la moquerie, ainsi qu’une mise en scène plate et sans saveur. Bref, une comédie romantique cousue de fils blancs, qui va s’oublier rapidement, et sans forcément avoir envie d’y revenir dessus…

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.