avril 25, 2024

In Tenebris – Maxime Chattam

Auteur : Maxime Chattam

Editeur : Pocket

Genre : Thriller

Résumé :

Chaque année, des dizaines de personnes disparaissent à New York dans des circonstances étranges.
La plupart d’entre elles ne sont jamais retrouvées. Julia, elle, est découverte vivante, scalpée, entre autres sévices, et prétend s’être enfuie de l’Enfer.
On pourrait croire à un acte isolé s’il n’y avait ces photos, toutes ces photos… Jeune détective à Brooklyn, Annabel O’Donnel prend l’enquête en main, aidée par Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série. Quel monstre se cache dans les rues enneigées de la ville ?
Et si Julia avait raison, si c’était le diable lui-même ? Ce mystère, ce rituel… Dans une atmosphère apocalyptique, Joshua et Annabel vont bientôt découvrir une porte, un passage… dans les ténèbres.

Avis :

Maxime Chattam est aujourd’hui un auteur reconnu de thrillers, mais aussi de fantasy et de fantastique. Si son premier roman écrit est le 5ème Règne qu’il termine en 1999, il ne sera qu’édité en 2003, après le succès fulgurant de L’Ame du Mal (écrit en 2001 et publié en 2002), premier tome de ce que l’on va appeler plus tard, la trilogie du Mal. Pour donner plus de poids à ses histoires, mais aussi corréler au maximum avec la réalité, l’auteur va passer un an à l’université de Saint-Denis en criminologie pour peaufiner ses récits. C’est ce qui donne alors une véritable plus-value à ses romans, et notamment à cette trilogie, dont le deuxième tome, In Tenebris, sera publié en 2003. Mettant toujours en scène le détective privé Joshua Brolin, cette histoire va encore une fois sonder ce que l’âme humaine a de plus sombre et de plus déviant.

L’histoire commence très fort avec la découverte d’une jeune femme qui court nue dans les rues de New York, scalpée, et tenant dans chaque main le scalp de deux autres femmes. L’enquête tombe entre les mains d’Annabel O’Donnel, qui va faire rapidement un lien entre la victime et des disparitions inquiétantes. Dès le départ, le ton est donné, on plonge dans un thriller sombre, qui dépeint la grosse pomme comme une ville tortueuse où tous les vices sont représentés. Maxime Chattam nous met dans une ambiance délétère, froide, dans un hiver rude où même la neige ne semble pas vraiment vouloir rester sur Terre. L’enquête va prendre une ampleur inédite lorsque l’on va se rendre compte que cette première victime n’est que la partie émergée de l’iceberg, avec plus d’une soixantaine de disparus. On se demande alors comment l’auteur va pouvoir gérer une si grande affaire.

Et pourtant, on va rester scotché du début à la fin à cette histoire, qui va suivre des chemins balisés en faisant intervenir deux personnages en parallèle, qui vont ensuite se retrouver pour se communiquer leurs découvertes. D’un côté, Brolin va mettre ses qualités et son libre-arbitre en exercice pour remonter la piste de plusieurs tueurs, voire même d’une secte qui s’adonne à des plaisirs étranges, et gardés secrets jusqu’à la toute fin. Quant à Annabel, elle pourra compter sur son équipe pour trouver d’autres pistes et résoudre des énigmes laissées par les tueurs. Cela permet donc d’avoir différents points de vue et voir se développer une intrigue en deux points qui vont ensuite se rejoindre pour ne former qu’un. C’est malin, cela ménage le suspens, et petit à petit, on voit se dessiner les contours d’une folie macabre.

La force de ce récit se situe aussi dans la relation qu’entretiennent les deux personnages principaux. Deux âmes esseulées qui ont besoin l’une de l’autre pour exister, mais qui se refusent à s’aimer réellement. Maxime Chattam évite avec brio toute mièvrerie dans son histoire, ne voulant pas tomber dans une relation amoureuse téléphonée et bateau. De ce fait, la romance en est encore plus belle, donnant une véritable épaisseur aux personnages, ne voulant jamais céder à des désirs qui pourraient tout détruire sur leur passage. Il se dégage alors une belle mélancolie entre ces deux êtres, qui concorde parfaitement avec le ton de l’histoire. Ici, point de soleil, point de lumière au bout du tunnel, mais quelques éclats de lumière qui permettent d’entrevoir les contours d’un bonheur qui serait trop fugace.

Enfin, il est difficile de ne pas évoquer toutes les horreurs qui sont présentes dans le récit. Des horreurs qui font froid dans le dos, permettant alors de renforcer ce sentiment de malaise. Plus les éléments de l’enquête se mettent en branle, plus on devine les motivations des tueurs, qui vont jusqu’au bout de leur envie. Femmes, enfants, hommes, tout le monde y passe, jusqu’à tomber dans les tréfonds d’une âme noire qui est symbolisée par un marché caché, où l’humanité cède à ses pires déviances. L’auteur ne nous laisse espace de respiration lors de ce passage qui peut se révéler véritable. On connait tous les légendes autour du Dark Web, ici à travers un vrai marché. Même la fin se révèle forte, avec la découverte d’un antre qui évoque Jeepers Creepers, où la mégalomanie d’un homme prend tout son sens.

Au final, In Tenebris, le deuxième volet de la trilogie de l’âme du Mal, est une parfaite réussite, qui suit parfaitement les rails d’un premier tome qui présentait Joshua Brolin. Maxime Chattam offre une histoire sombre, terrifiante, qui prend tout son sens au fil des pages en jouant avec une enquête à deux niveaux. Non seulement c’est bien écrit, mais en plus ça nous prend aux tripes et il sera très difficile de lâcher les pages, jusqu’à un dénouement quasiment nihiliste, baignant dans une mélancolie qui ne demande qu’une chose: que l’on retrouve Joshua et Annabel très vite.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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