avril 25, 2024

16 Ans – Roméo et Juliette de la Téci

De : Philippe Lioret

Avec Sabrina Levoye, Teïlo Azaïs, Jean-Pierre Lorit, Nassim Lyes

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Nora et Léo se rencontrent le jour de la rentrée en classe de Seconde. Leurs regards s’enchâssent et tout est dit. Le frère de Nora, manutentionnaire à l’hypermarché local, est accusé de vol et viré sur-le-champ. Le directeur de l’hypermarché c’est Franck, le père de Léo. Les deux familles s’affrontent, les différences s’exacerbent et le chaos s’installe. Les vies de Nora et Léo s’embrasent.

Avis :

Philippe Lioret est un metteur en scène dont j’aime bien le cinéma. Découvert avec « Je vais bien ne t’en fais pas« , le réalisateur a toujours su me toucher, voire même me bouleverser avec ses films suivants ou précédents. Des films comme « Le fils de Jean« , ou surtout « Welcome« , se sont durablement installés dans ma mémoire. D’ailleurs, « Le fils de Jean« , sorti en 2016, fut le dernier film de Philippe Lioret qui est sorti en salle de cinéma. Depuis, le réalisateur a fait un tour à la télévision avec « Paris-Brest« , mais c’est bien tout. On pourrait dire alors qu’il se faisait désirer et son retour était attendu.

Pour son retour, Philippe Lioret se lance dans une version moderne de « Roméo et Juliette« . Avec « 16 ans« , le metteur en scène va reprendre toutes les grandes lignes de la mythique pièce de Shakespeare, tout en l’adaptant à notre époque. Ici, Roméo et Juliette s’appellent Nora et Léo, et leurs parents se livrent une haine à cause d’une affaire de licenciement, qui n’est qu’une étincelle mettant le feu aux poudres. Intéressant dans les thèmes qu’il aborde, « 16 ans » demeure aussi un film inégal, qui s’aventure parfois dans le cliché et le gros trait, ce qui alourdit l’ensemble, et peut même avoir une tendance à se faire agaçant.

« L’ensemble tire les lourdes ficelles du cliché sur le film de banlieue.. »

Nora et Léo ont tous les deux seize ans, et le jour de la rentrée des classes, leurs regards se croisent et en un rien de temps, c’est le coup de foudre. Le frère de Nora, Tarek, est manutentionnaire dans l’hypermarché du coin. Accusé du vol d’une luxueuse bouteille, Tarek est licencié sur-le-champ. Ce licenciement est l’étincelle qui va allumer un immense brasier qui va devenir incontrôlable, et bientôt, la vie des deux adolescents va en être rudement impactée.

Sept ans d’absence, autant dire que je l’attendais avec beaucoup de désir ce nouveau film de Philippe Lioret et à la découverte de « 16 ans« , je ressors de ma séance partagé. Partagé entre un film qui fait le parti de se réapproprier « Roméo et Juliette« , et il le fait assez bien, mais derrière ça, l’ensemble tire les lourdes ficelles du cliché sur le film de banlieue, et le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure, exacerbant les traits, au point que parfois, c’est si gros que c’en est agaçant. Du coup, il va falloir nager au milieu de tout ceci, face à un film qui parfois aura de magnifiques envolées, et d’autres fois nous laissera plus circonspect.

Cela faisait un bon bout de temps que Philippe Lioret voulait adapter la pièce de Sir William Shakespeare à notre époque. Pour cela, il a une idée en tête et il a pris le temps de tout adapter à notre époque contemporaine. « 16 ans » et le brasier qui va suivre, c’est le résultat d’un manque de communication, et derrière ça, tout un tas de préjugés qui vont être exacerbés. En un sens, Philippe Lioret a bien écrit son histoire, au sein de laquelle il y a injecté des sujets contemporains vraiment intéressants.

« Les ficelles que tire Philippe Lioret sont parfois trop grosses, et le film tombe régulièrement dans le cliché qu’on connaît par cœur.. »

Au départ, « 16 ans » commençait bien, avec ce licenciement sec, et du côté du personnage du directeur, Philippe Lioret en profite pour parler de l’entreprise, de son fonctionnement, de sa politique du chiffre et de l’image, et derrière ça, de son hypocrisie. Toujours dans ses bons côtés, le film parle bien du sentiment amoureux à seize ans. Des émotions poussées presque à l’excès, de la folie du premier amour, et de l’envie de liberté et d’amour de ces deux jeunes gens coincés au milieu d’un problème qui ne cesse de grandir et de les étouffer.

Mais voilà, face à cela, il y a aussi tout le côté religion, honneur et tradition qui, même si souvent intéressant, les ficelles que tire Philippe Lioret sont parfois trop grosses, et le film tombe régulièrement dans le cliché qu’on connaît par cœur. Alors c’est vrai qu’un cliché bien employé, « ça peut le faire », mais ici, c’est lourd, et en plus d’être cliché, l’ensemble ressemble trop à une ficelle de scénario. Puis derrière ça, il y a le personnage du frère de Nora. Si le personnage est très bien tenu par Nassim Lyes, le personnage en lui-même est parfaitement détestable, et quand bien même il aurait à subir une injustice, ses traits sont si exaspérants qu’ils finissent par casser le personnage et une partie du film. Beaucoup des grosseurs de ce film viennent en partie de ce personnage, qui prend bien trop de place, et qui aurait mérité plus de nuances.

Des nuances qui vont manquer aussi dans la mise en scène de Philippe Lioret. Si l’ensemble se laisse regarder, bien souvent « 16 ans » va avoir tendance à en faire de trop. Comme je le disais plus haut, le film aura des envolées, et il arrivera même à se faire surprenant, alors même que ce qui s’y passe est assez attendu (vers la fin), mais on ne peut nier aussi que les grosseurs de cette histoire et de certains personnages cassent l’émotion qui cette histoire aurait dû produire.

« Sabrina Levoye, dont c’est le premier rôle, crève l’écran. »

« 16 ans« , c’est enfin un film qui met en avant deux jeunes acteurs qu’on se plaît à découvrir. Deux jeunes acteurs qui seront restés très juste de bout en bout de film, et arriveront à illuminer ce drame, malgré ses clichés. Ces deux jeunes acteurs, c’est d’un côté Sabrina Levoye, dont c’est le premier rôle, et la jeune comédienne crève l’écran. À ses côtés, on trouvera Teïlo Azaïs, qui tient un beau personnage. Le couple à l’écran est beau, et se pose comme une belle réinterprétation moderne d’un Roméo et d’une Juliette. Pour le reste du casting, Jean-Pierre Lorit, Arsène Mosca, Fejria Deliba sont de la partie.

Ce nouveau Philippe Lioret se pose donc comme un petit film dans sa filmographie. Un film qui a ses défauts et ses qualités, et même si parfois, il a su se faire agaçant et cliché, cette idée, et cette bonne idée, de transposer « Roméo et Juliette » à notre époque, est plutôt réussi. D’un côté, je suis déçu, car comme tous les films de son réalisateur, j’en attendais plus et mieux, et surtout, je m’attendais à être plus touché, mais malgré tout, le moment passé ne fut pas si désagréable que cela.

Note : 11/20

Par Cinéted

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