avril 25, 2024

Tron

De : Steven Lisberger

Avec Jeff Bridges, Bruce Boxleitner, David Warner, Cindy Morgan

Année : 1982

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Flynn, un concepteur de jeux vidéo qui s’est vu voler ses jeux par son ex-employeur, veut à tout prix récupérer une preuve qui lui ferait valoir ses droits. Avec l’aide d’Alan et de Lora, deux de ses anciens collègues, il infiltre le MCP (Maître Contrôleur Principal), un ordinateur avide de pouvoir à l’intelligence artificielle surdéveloppée. Quand ce dernier découvre que Flynn veut s’infiltrer dans ses circuits, il le téléporte dans un jeu vidéo. Pour s’évader, Flynn devra compter sur l’aide de Tron, un programme indépendant inventé par Alan.

Avis :

A la fin des années 70, Disney jalouse le succès de Star Wars et décide alors de changer son fusil d’épaule en essayant de proposer des films plus adultes. Cela commencera en 1979 avec Le Trou Noir, mais ce sera un flop commercial retentissant. Il en ira de même avec le seul film d’horreur Disney, Les Yeux de la Forêt, puis Tron, qui n’échappera pas à cette règle. Pourtant, au fil des années, ce dernier film va devenir culte. Outre son aspect avant-gardiste, le film de Steven Lisberger arpente un médium en plein essor, le jeu vidéo. Accueilli de façon très mitigée, autant pour son histoire que pour son aspect graphique, aujourd’hui, Tron est considéré comme un précurseur, à un tel point que des produits dérivés ont pullulé, jusqu’à faire une suite vingt-huit ans plus tard. Alors qu’il fête ses quarante ans, que reste-t-il de ce film ?

Au niveau du scénario, il faut vraiment rentrer dedans, et comprendre un petit peu les enjeux qui se passent autour du jeu vidéo. Car le film se passe en deux endroits différents, dans le jeu et dans la vraie vie. On va donc suivre trois personnes qui vont s’introduire dans un programme informatique pour diverses raisons. Si l’un veut récupérer tout son travail qu’il s’est fait voler par l’actuel PDG, un autre veut tout simplement avoir accès à un endroit qui lui est interdit, et il aimerait savoir pourquoi. La mise en place du plan se déroule alors dans notre monde, avec un trio qui se met en place et qui va faire équipe pour s’introduire dans les locaux de la firme, et ensuite entrer dans le système informatique via des avatars. Sauf que l’un d’entre eux va y aller directement, se faisant téléporter dans le programme.

« Le film joue avec des codes de geek, et c’est en partie ce qui va causer sa perte. »

Bien évidemment, le film est ultra en avance sur son temps. En jouant sur les deux tableaux réalité et virtualité, le film floute les limites entre utilisateur et bot, montrant l’infini possibilités du jeu vidéo. On se retrouve alors dans une sorte de course-poursuite où trois personnes essayent de trouver une tour de communication afin de télécharger un programme pour annihiler l’unité centrale. C’est fait de manière maline, brisant à chaque fois les barrières de ce qui est vrai et de ce qui est faux. Les gentils sont alors caractérisés par des lumières bleues, alors que les méchants sont en rouge. De même, le frisbee symbolise la mémoire de ces unités, et ces unités peuvent être détruites d’un simple revers de la main. Cela démontre alors la fragilité des programmes et la prise de risque du personnage de Flynn, directement dans le jeu.

Ainsi, on aura droit à un vrai film d’aventures, où les courses-poursuites seront légion, en plus d’arpenter quelques jeux dangereux, comme cette espèce de pelote basque qui fait disparaître le sol sous les joueurs. On retrouvera même quelques références à l’informatique, comme la mémoire qui garde l’entrée du temple, les fichiers corrompus qui sont tout vilains ou encore l’unité centrale qui ressemble à une grosse tête antipathique. Le film joue avec des codes de geek, et c’est en partie ce qui va causer sa perte, car à l’époque, on en était qu’aux prémices du jeu vidéo, et forcément, cela parlait à peu de personne. Tout comme le choix graphique, très marqué, très particulier, mais qui confère au film un charme fou, même aujourd’hui. Certes, c’est parfois difficile à regarder, mais il réside un réel amour de la SF des années 80 qui donne au film une véritable aura.

« Tron est une vraie boule nostalgique, mais en gardant vraiment le meilleur. »

Et le film trouve même des codes liés à la bande-dessinée franco-belge. Ce n’est pas pour rien que Jean Giraud (aka Moebius) a pris part au projet et fut subjugué par les effets visuels de l’époque, avec ce travail fait sur ordinateur. Ainsi donc, Tron est un film qui est très en avance sur son temps et qui va permettre d’ouvrir la voie à d’autres techniques. John Lasseter le dira lui-même, sans Tron, il n’y aurait pas eu de Toy Story. Ce parti pris graphique, qui peut paraître désuet aujourd’hui, reste une véritable marque de fabrique et permet même de se plonger avec une certaine nostalgie dans les premiers jeux vidéo connus, notamment ceux sur Amstrad. Tron est une vraie boule nostalgique, mais en gardant vraiment le meilleur, c’est-à-dire que le côté épique et aventure est frais, un peu naïf, mais terriblement respectueux.

Et puis que dire de ce casting qui s’éclate vraiment. Jeff Bridges est vraiment très touchant dans ce rôle de beau gosse souriant, qui ne prend pas grand-chose au sérieux, mais qui s’avère très sympathique. Sa quête est juste, et il va tout faire pour participer à la réussite de tous, même en se sacrifiant. A ses côtés Bruce Boxleitner joue le héros, et il est lui -aussi très empathique. Sa quête est noble et il a tous les atours du chevalier blanc, héros arthurien par essence. Cindy Morgan complète le trio, et même si elle est un peu en deçà des deux hommes, elle se glisse parfaitement dans son rôle. Et que dire de David Warner, qui enchaîne les rôles de méchant dans les années 80, et qui campe une parfaite saloperie, avec son faciès si mécontent. Tout ce petit monde contribue à la réussite du film.

Au final, Tron est, encore aujourd’hui, n’en déplaisent à ceux qui sont incapables de remettre les choses dans leur contexte, une très belle réussite. Bien évidemment qu’il était difficile, à l’époque, d’en faire un blockbuster mainstream (aujourd’hui encore), et il était presque sûr que le film allait se faire planter, mais le temps a donné raison à Steven Lisberger. Véritable film d’aventure, vrai précurseur en son genre, parti pris graphique qui fut une véritable avancée technologique, Tron mérite bien son statut de film culte et à part.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Tron »

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