décembre 11, 2024

Les Amandiers – Un Trop-Plein

De : Valeria Bruni Tedeschi

Avec Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

Avis :

Actrice italienne originaire d’une famille bourgeoise, Valeria Bruni Tedeschi a su se faire une très belle place au cinéma en Italie, mais aussi et surtout en France où elle s’est établie avec sa famille à l’âge de neuf ans. Après avoir passé presque deux décennies en tant que comédienne, Valeria Bruni Tedeschi a cédé à l’envie de passer derrière la caméra et depuis son premier film, « Il est plus facile pour un chameau…« , elle n’a plus posé sa caméra.

Alors qu’elle vogue doucement vers ses vingt ans de carrière en tant que réalisatrice, pour son septième long-métrage, Valeria Bruni Tedeschi a décidé de s’arrêter sur ses années d’apprentissage, avec son passage dans la célèbre école de Patrice Chéreau, le théâtre des Amandiers. Avec une part de fiction, « Les Amandiers » est une jolie plongée à la fin des années 80, pour y suivre les débuts de jeunes comédiens pleins de rêve. Bien que trop long, clairement deux heures et six minutes, c’est trop pour raconter cette histoire, le nouveau-né de l’actrice/réalisatrice demeure touchant au bout du compte.

« Valeria Bruni Tedeschi se lance dans un film tout à fait personnel qui va être en très grande partie inspiré de sa propre jeunesse. »

1985, Stella a vingt ans et elle veut être actrice. Cette année-là, elle passe le concours d’entrée pour la célèbre école du réalisateur Patrice Chéreau, au théâtre des Amandiers à Nanterre. Retenue parmi beaucoup d’évincés, la jeune femme, entourée d’une troupe de comédiens de son âge, va vivre une année particulière. Une année faite de passion, de rêves, d’apprentissages, d’amour, de pressions, de peur, de doute, de vie et de tragédies.

Pour son septième film en tant que réalisatrice, Valeria Bruni Tedeschi se lance dans un film tout à fait personnel qui va être en très grande partie inspiré de sa propre jeunesse. Sorte de teen-movie théâtral, « Les Amandiers » est un joli film qui change de ce que la cinéaste a pu faire. Nous plongeant au cœur des années 80 pour y suivre une troupe d’acteurs plein de rêves et de désirs (dans tous les sens du terme), « Les Amandiers » est un film qui tient une énergie au sein de sa troupe qui fait qu’on est directement emmené dans ce théâtre au plus près de cette jeunesse. Avec plus ou moins de réussite (car oui, le film est imparfait et il y a beaucoup de choses qui ne vont pas), Valeria Bruni Tedeschi nous raconte le quotidien et l’insouciance de cette troupe, qui va réussir à nous faire sourire, nous faire rire, nous ennuyer, et nous toucher.

Le scénario qu’a écrit Valeria Bruni Tedeschi avec sa complice de toujours Noémie Lvovsky, aborde tout un tas de thèmes qui vont composer un joli et prenant kaléidoscope des ressentis, des aventures, des drames, des répétitions, et même des actualités de « ces années-là ». « Les Amandiers » oscille alors entre les amours au sein de la troupe, les doutes des comédiens, la pression que va mettre le directeur du théâtre pour une future représentation de fin d’année. Le film aborde aussi l’insouciance de la jeunesse, rattrapée par l’amour avec ses beautés et ses drames, puis il y a les années sida évidemment, que le film aborde de manière légère, partagée entre drôlerie et drame.

« Parfois, le film peut avoir une tendance à faire dans l’hystérie. »

Puis enfin, le scénario, derrière tout ça, sera aussi le récit d’un premier amour. Un premier amour intense, très cliché parfois, avec lequel on peut avoir du mal, tant les traits sont parfois bien trop grossis, mais on finira par être pris dans cette histoire, qui emmènera vers une conclusion vraiment touchante.

Après, comme je le disais, le film est loin d’être parfois et plusieurs éléments entravent sa route. La première qui vient en tête, c’est un défaut de rythme. Si le début déborde d’énergie, et si la réalisatrice pose une patte étonnante, très vite, entre les « errances de sa jeunesse » et les répétitions, ces « … Amandiers » ont tendance à s’étirer pour pas grand-chose et plus son film avance et plus il se fait long, avec même un sentiment qui se développe : où veut-elle aller ?

Le scénario accorde bien trop d’importance à une histoire d’amour qui use de clichés déjà vus et redondants. Il faut dire que les traits grossis dont je parlais plus haut se retrouvent ici chez un personnage qui peut très vite agacer. Un personnage incarné par un acteur qui en fait beaucoup trop, mais d’ailleurs, cette critique, on peut la reporter sur d’autres personnages, car parfois, le film peut avoir une tendance à faire dans l’hystérie, et ce n’est pas forcément toujours très juste. Bref, tout ça pour dire que ces « … Amandiers » tient une belle demi-heure en trop, et cette dernière se fait terriblement sentir dans sa dernière partie, où Valeria Bruni Tedeschi rebondit et rebondit, alors qu’il aurait été plus sage de couper peu après une parfaite et très émouvante montée sur scène.

Si les traits sont parfois trop gros, « Les Amandiers » est un film qui nous fait découvrir toute une bande de comédiens qui sont pour la plupart excellent, avec en-tête Clara Bretheau, Vassili Schneider, Baptiste Carrion-Weiss, ou Léna Garrel. On ajoutera à cela des acteurs déjà connus comme Louis Garrel en Patrice Chéreau, Micha Lescot, et bien entendu, au-dessus de tous, parfait dans la peau de Valeria Bruni Tedeschi sans jamais le mentionner, d’ailleurs, le personnage s’appelle autrement, on trouve la talentueuse Nadia Tereszkiewicz qui continue à se faire éblouissante, même si le personnage en fait parfois bien trop.

« Les Amandiers » est donc un film intéressant qui a de belles qualités pour lui. Son énergie, la vie au sein de cette troupe, la patte que la réalisatrice lui injecte, sa bande d’acteurs, la folie, le désir, la vie qui anime tous ces personnages. Mais face à tout cela, il faut aussi dire que le film est loin d’être mesuré, en fait bien souvent trop, et surtout, derrière ça, il s’encombre de longueurs dont on a l’impression que plus ces « … Amandiers » avance dans sa dernière partie, et plus il se fait long. C’est donc un joli film tout à fait personnel pour Valeria Bruni Tedeschi, mais un joli film en demi-teinte.

Note : 11/20

Par Cinéted

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