décembre 11, 2024

Dual – Karen Face à Elle-Même

De : Riley Stearns

Avec Karen Gillan, Aaron Paul, Beulah Koale, Theo James

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Apprenant qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre, Sarah décide d’être clonée afin d’éviter à ses proches la douleur de sa perte. Mais deux ans après, la voici en rémission, avec une réplique qui lui a volé sa vie et ne compte pas la lui rendre. La loi n’autorisant pas la coexistence de l’originale et de la copie, Sarah commence à s’entraîner pour le jour du duel mortel, bien décidée à remporter la victoire.

Avis :

Réalisateur américain natif du Texas, Riley Stearns a débuté dans le cinéma au travers de l’écriture. Scénariste, il a tout d’abord travaillé sur le troisième « Destination Finale« , avant de travailler pour le petit écran sur des séries comme « Tower Prep« , « Mon meilleur ennemi« , ou encore « Bionic woman« . Il réalise son premier film en 2013, « Fault« , puis il va mettre du temps à réaliser son deuxième film, « The Art Of Self-Defense« , qui ne sortira qu’en 2019.

Aujourd’hui, il revient avec son troisième film, « Dual« , un petit film original qui pose la question du clonage et des avancements de notre société. Intéressant, cynique, parfois drôle, « Dual » se pose comme un petit divertissement qui se laisse gentiment regarder. Faisant partie de la compétition du Festival de Deauville, le film de Riley Stearns ne pourra pas prétendre au Grand Prix, mais je ne regrette pas de m’y être arrêté, car dans un sens, on ne m’avait pas encore raconté cette histoire-là, et rien que pour cela, le film mérite bien qu’on s’y attarde l’espace d’une soirée.

Apprenant qu’elle est atteinte d’une maladie rare et incurable, Sarah voit la possibilité d’être clonée afin que son départ ne soit pas aussi triste que cela pour son entourage. Acceptant cette solution, Sarah doit tout partager de sa vie avec son double, or, cette maladie qui devait être foudroyante ne l’est finalement pas et Sarah, bien des mois plus tard, apprend qu’elle est en rémission. Dès lors, son clone doit être effacé, mais il se trouve que cette deuxième Sarah n’a pas l’intention de partir. Mieux encore, elle dépose même une demande pour rester en vie…

« À travers cette histoire, Riley Stearns évoque bien sûr le clonage, mais aussi la question du deuil et de la vie, ce qui va rester de nous après la mort. »

Quatrième film de la compétition de Deauville 2022, « Dual » est le genre de petit film sympathique qui débarque avec une très belle idée, mais qui n’arrive jamais à réellement s’imposer, ce qui le rendra assez anecdotique, ce qui est dommage.

Tenant un scénario ô combien sympathique, qui abordera tout un tas de thèmes au travers de son intrigue, « Dual » se posera comme un film qu’on apprécie suivre. On peut même dire qu’il nous offrira son petit suspens, avec cette idée de duel, et d’une survivante à la fin. À travers cette histoire, Riley Stearns évoque bien sûr le clonage, mais aussi la question du deuil et de la vie, ce qui va rester de nous après la mort. L’idée du clonage pose la question de cette envie presque d’éternité, avec la possibilité d’être « prolongé » après la mort. L’éthique est soulevée aussi, tout comme la présence d’un clone et l’acceptation de ce dernier au sein du famille.

Dans son écriture, Riley Stearns se fait très intéressant, du moins dans sa première partie, car après une fois le duel planifié, le film devient plus plan-plan, et c’est là qu’il perd un peu de son intérêt, ce qui l’empêche clairement de s’imposer, malgré un final qui redonne de l’intérêt, d’autant plus qu’il est tout en nuances. Le film prend aussi le point de vue du clone, et son envie de vivre, même s’il faut aussi dire que de ce côté-là, c’est un peu survolé.

On notera aussi le cynisme des dialogues, notamment quand le film parle de la mort. Parfois, le curseur est tellement poussé que l’on ne peut que rire de ce qui est balancé, notamment par les médecins.

« Le film nous offre quand même une bonne Karen Gillan dans un double rôle qu’elle campe à la perfection. »

Ce qui empêche « Dual » d’accéder à une rangée au-dessus et marquer les esprits, c’est la réalisation de Riley Stearns. Il est vrai que l’ensemble est bien filmé, et le rythme est bon. Jamais l’on ne s’ennuie, on peut même dire que le film est divertissant et l’on ne voit pas le temps passé. Mais derrière ça, « Dual » est aussi un film qui manque d’ambiance, on pourrait même dire qu’il n’a pas vraiment d’ambiance qui s’en dégage. Le film manque aussi de caractère, tout est assez plat en fin de compte, et même si l’ensemble se laisse suivre simplement, ce même ensemble se pose aussi comme trop classique, et finalement anecdotique et oubliable.

Et ça, c’est bien dommage, car le film nous offre quand même une bonne Karen Gillan dans un double rôle qu’elle campe à la perfection. On notera aussi ceux qui incarnent sa mère et son petit ami, respectivement Maija Paunio et Beulah Koale, qui sont tout deux révoltants, et ubuesques dans leur personnage. Du côté de ce casting, on restera déçu par un Aaron Paul assez effacé. Si le comédien n’est pas mauvais, on ne peut pas dire qu’il marquera les esprits dans ce prof de combat. C’est bien simple, le rôle aurait pu être donné à un autre comédien, que le résultat aurait été le même.

Ici, ce « Dual » se pose donc comme un bon petit divertissement. Il ne peut prétendre à l’être l’un des films qu’on retiendra cette année, ni même de cette sélection deauvillaise, et malgré son manque de caractère, sur son ensemble, et sur l’instant, le film de Riley Stearns se laisse regarder avec un certain petit plaisir.

Note : 13/20

Par Cinéted

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