avril 24, 2024

Monsieur Klein

De : Joseph Losey

Avec Alain Delon, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Juliet Berto

Année : 1977

Pays : France, Italie

Genre : Drame

Résumé :

Pendant l’occupation allemande à Paris, Robert Klein, un Alsacien qui rachète des oeuvres d’art à bas prix, reçoit, réexpédié, à son nom, le journal Les Informations juives qui n’est délivré que sur abonnement. Il découvre bientôt qu’un homonyme juif utilise son nom, et décide alors de remonter la piste qui le mènera à cet inconnu.

Avis :

Joseph Losey est un immense réalisateur à la carrière pour le moins internationale. Il débute le cinéma à la fin des années 30 avant de réaliser ses premiers longs presque dix ans plus tard. Sa période américaine est très prolifique, mais comme le réalisateur fait partie du Parti communiste américain, en 1952, alors qu’il est tout en haut de la liste noire des studios, le réalisateur s’exile en Angleterre, où il va continuer sa carrière et laisser derrière lui de sacrés morceaux de cinéma.

Dans son immense carrière, dans sa dernière décennie, Joseph Losey a souvent placé sa caméra en France. On pourrait presque dire que le cinéaste a eu une période française et ce fut une période très prolifique, qui l’a vu couronné de succès, nous offrant de bons films et allant même jusqu’à être nommé sur deux cérémonies des César, et remportant les précieux meilleur film et meilleur réalisateur en 1977 pour ce « Monsieur Klein« .

Froid, étrange parfois, fataliste, « Monsieur Klein » est un film qui tient un immense sujet que Jospeh Losey tient d’une main ferme, et si parfois le temps peu se faire un peu long, il n’en reste pas moins que ce « Monsieur Klein » et toute son horreur conjuguée à une sorte d’ironie pour son personnage marque profondément.

Paris, 1942, Robert Klein est un marchand d’art qui rachète au plus bas prix et sans aucun scrupule des œuvres d’art à des Juifs qui fuient la France occupée. Pour lui, tout va pour le mieux, jusqu’au jour où il découvre qu’un autre Robert Klein existe, qu’il est juif et qu’il a tout l’air de vouloir lui faire « endosser » son identité. Être assimilé juif en 1942 n’est pas une bonne chose et Monsieur Klein le sait, il va donc enquêter sur cet homme afin de le retrouver.

« Monsieur Klein » figure parmi les grands films de Joseph Losey et les grands rôles d’Alain Delon et il faut bien dire qu’il a vraiment de quoi marquer les esprits. « Monsieur Klein » est un film qui tient une idée et un thème passionnant, l’identité. Une identité qui est d’autant plus importante pendant la Seconde Guerre mondiale sous le régime de Vichy.

Avec cette « usurpation » d’identité, si l’on peut poser cela ainsi, Joseph Losey nous entraîne dans le Paris de 1942 pour une enquête personnelle pleine de troubles. Le scénario, même s’il peut contenir des moments qui sonnent comme étranges, est une pure merveille, qui va faire un effet boule de neige, car c’est en dénonçant cette « usurpation » que le personnage va entrer dans les radars de l’administration et déclencher sa propre histoire. De plus, le scénario décrit très bien l’ambiance suspicieuse qui devait régner à cette époque-là, tout comme il décrit, voire même pointe du doigt, l’implication de la France dans la déportation des Juifs. Dans ce film, on voit très peu de soldats allemands, Joseph Losey préférant se concentrer sur la France, sur son point de vue, pour ne pas dire « son point de fait ». Bien construit, ce scénario, pour son personnage, fait alors un effet boule de neige, où l’on imagine bien une fatalité s’abattre sur lui. Une fatalité que Joseph Losey gère avec beaucoup de suspens et d’intrigue, nous donnant toujours l’envie de savoir ce qui va bien pouvoir se passer par la suite.

Cette quête d’identité est tenue par un très grand Alain Delon, qui trouve dans la peau de « Monsieur Klein » un rôle passionnant de bout en bout de métrage. Delon livre une performance qui arrive à mélanger un certain angélisme et une froideur magnétique. Une froideur qui même si elle captive l’écran, véhicule aussi une déception, car malgré cette passionnante histoire et malgré son final marquant, « Monsieur Klein » est aussi un film qui est si froid, qu’il dégage finalement assez peu d’émotion, et même si on est forcément touché par cette trajectoire, il est vrai qu’émotionnellement parlant, « Monsieur Klein » aurait mérité d’être plus prenant.

Cette froideur, on la retrouve dans la mise en scène de Joseph Losey qui, si elle correspond bien à l’ambiance de son époque, livre bien peu d’émotion et de souffle pour ses personnages. Bon, ça n’empêchera pas « Monsieur Klein » d’être très intéressant à suivre, avec de bonnes idées, et une précision quasi-parfaite dans l’imagerie, et encore une fois cet effet boule de neige qui petit à petit fait avancer son personnage vers ce final qui peut être brusque, mais il n’empêche qu’il est marquant, et au-delà de ça, il est logique pour un tel film. On notera quand même dans cette quasi-perfection, quelques longueurs en milieu de film. Heureusement, ça ne sera pas bien long, et Joseph Losey nous rattrapera sans aucun mal.

Ce César 1977 est donc un bon cru, même si de manière personnelle, le film ne s’est pas révélé aussi touchant que je l’avais imaginé. Il n’empêche que derrière cette toute petite déception, « Monsieur Klein » est un film passionnant dans ce qu’il raconte, bien mis en scène et tenu par un excellentissime Alain Delon.

Note : 15/20

Par Cinéted

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