avril 26, 2024

Les Secrets de mon Père

De : Véra Belmont

Avec les Voix Originales de Michèle Bernier, Jacques Gamblin, Arthur Dupont, Esteban Oertli

Année : 2022

Pays : France, Belgique

Genre : Animation

Résumé :

Dans les années 60, en Belgique, Michel et son frère Charly vivent une enfance heureuse dans leur famille juive. Leur père, taiseux et discret, ne livre rien de son passé. Les deux frères l’imaginent en grand aventurier, pirate ou chercheur de trésors… Mais que cache-t-il ?

Avis :

Immense productrice française à la carrière impressionnante, Véra Belmont est une femme d’affaires qui aime découvrir et soutenir de nouveaux talents. Au cours de sa carrière, la productrice a découvert ou soutenu des gens comme André Téchiné, Jean-Jacques Annaud, Robin Davis, ou plus récemment Xavier Durringer. S’ajoute à cette carrière déjà riche que Véra Belmont est aussi actrice de cinéma et de théâtre. Puis elle est aussi scénariste et enfin, et c’est la partie sur laquelle on s’arrête aujourd’hui, Véra Belmont est aussi une réalisatrice, qui a sept films au compteur.

Toujours active et à la recherche de nouveaux défis, c’est à l’âge de quatre-vingt-douze ans que Véra Belmont se lance dans son premier film d’animation. Adapté du roman graphique de Michel Kichka, qui raconte la jeunesse de Kichka qu’il passe dans l’ombre de la Shoah, pour ce nouveau défi, Véra Belmont aura mis du temps pour que son nouveau film voit le jour, puisque dix années se sont écoulées entre l’achat des droits du roman et la sortie de son film.

Intéressant dans ce qu’il raconte, faisant appel au devoir de mémoire, notamment puisqu’en choisissant d’aller dans l’animation, Véra Belmont touche un public plus jeune, « Les secrets de mon père » est un film duquel on ressort avec un gout de mi-figue mi-raisin, dans le sens où si ce qui nous est raconté est aussi beau que difficile et triste, le film en lui-même manque d’un côté de rythme, et de l’autre d’émotion, ce qui fait que malgré les bons et beaux moments passés, l’heure et quart que dure ces « … secrets de mon père » se fait longuette.

Belgique, dans les années 60, Michel et Charly sont deux enfants qui aimeraient bien passer plus de temps avec leur père. Malgré une enfance heureuse, les mystères qui entourent leur père prennent beaucoup de place. Leur père, Henri, est un rescapé du camp d’Auschwitz. Henri est un homme renfermé sur lui-même, c’est un homme discret qu’on remarque à peine. Les deux frères essaient bien de découvrir leur père, et surtout ce qu’il cache dans son bureau qui est toujours fermé à double tour. Puis un jour, à la télévision, il y a un procès, celui d’un criminel nazi, Adolf Eichmann, et ce procès va libérer la parole, dont celle de leur père.

De l’animation française… en voilà une bonne idée, d’autant plus que cette dernière est plutôt rare. Pour son septième film, la réalisatrice Véra Belmont, qui revient après quatorze ans d’absence (en tant que metteur en scène) se lance dans un dessin animé qui explore aussi bien le devoir de mémoire une quinzaine d’années après la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’une relation père/fils.

Sur le papier et dans les faits, « Les secrets de mon père » est un film riche, qui sait être un beau film. Il est bien difficile de ne pas être intéressé par tout ce que nous raconte la cinéaste, d’autant plus que le point de vue qu’elle prend, celui d’un enfant en manque de père, car ce dernier est écrasé par ce qu’il a vécu, et par le devoir qu’il a d’en parler autour de lui, est on ne peut plus intéressant. Le scénario, qui s’inspire de la véritable histoire de Michel Kischa, nous offre un film tout en douceur et douleur.

Véra Belmont, qui sait qu’avec un film d’animation, elle va forcément parler aux plus jeunes (comme aux adultes), réalise un film qui laisse place à la parole et explique avec des mots justes, tant en restant à portée d’enfants, l’horreur de l’histoire, et l’importance du devoir de mémoire, et il est vrai qu’à l’heure d’internet et de ses théories les plus folles, à l’heure des discours révisionnistes, le devoir de mémoire, et enseigner l’histoire, est d’autant plus important, et ne serait-ce que pour cela, le film de Véra Belmont mérite d’être vu, surtout chez les plus jeunes.

Puis derrière ça, « Les secrets de mon père » est un film qui s’attarde sur la famille, avec ce jeune garçon qui ne comprend pas son père, et qui a bien du mal à conjuguer son histoire de famille, avec la grande histoire du monde. Le film aborde de belles manières une relation complexe entre ce père qui parle à tout le monde de son histoire, sauf à ses enfants, et ce jeune garçon, qui aimerait briller aux yeux de son père, qui aimerait connaître mieux son père et qui finalement passe inaperçu aux yeux de celui-ci. Inaperçu, jusqu’à ce qu’évidemment le destin en décide autrement, et c’est là où le film de Véra Belmont va trouver sa limite, car malgré l’importance de l’histoire, malgré ses personnages qui sont assez attachants, et malgré la suite logique de cette intrigue, « Les secrets de mon père » est un film qui va manquer d’émotion.

On peut même dire de manière très étrange qu’on suit ce film sans jamais être vraiment touché par ce qui nous est raconté, et ça, malgré l’horreur et la dureté de cette histoire. En fait, plus j’y pense, et plus je me dis que cette histoire aurait été bien plus touchante si elle avait été faite autrement qu’avec un film d’animation.

S’ajoute à cela que derrière l’animation qui est de très jolie facture, avec un film qui sait parfaitement tenir ses personnages, et tous les lieux par lesquels passe son intrigue, « Les secrets de mon père » est un film dont la réalisation, et plus précisément le montage, a tendance à manquer de rythme, ce qui fait que le film en lui-même traîne en longueur, et malgré l’histoire intéressante, sur l’ensemble, cette petite heure et quart passée en compagnie de ces personnages a tendance à paraître bien plus longue, ce qui est bien dommage.

Le nouveau film de Véra Belmont est donc un métrage duquel on ressort partagé, ou plutôt duquel on ressort intéressé d’un côté et ennuyé de l’autre. Intéressant par cette histoire, par ses personnages, et cette relation père/fils, mais derrière ça, les longueurs et surtout le manque d’émotion, font que finalement, « Les secrets de mon père » se regarde avec sympathie, mais ne marquera pas les esprits, du moins chez les plus grands, car pour les plus petits, ce que raconte ce film est nécessaire et se pose comme une première et plutôt bonne confrontation avec l’histoire.

Note : 11/20

Par Cinéted

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