De : Christopher Alender
Avec Brigitte Kali Canales, Andrea Cortes, Julia Vera, Sal Lopez
Année : 2020
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Cristina Lopez, une journaliste mexico-américaine, se rend à Veracruz afin d’investiguer sur la sorcellerie et les guérisseurs au Mexique. Bientôt Cristina devient la protagoniste de son enquête après s’être fait kidnappée par une » bruja » et son fils.
Avis :
Tout d’abord producteur au début des années 2010, on ne peut pas dire que Christopher Alender ait marqué l’histoire du septième art. Si on peut y voir un amour immodéré pour l’horreur, avec des sous mis dans 666 Road (Southbound), Terre Maudite ou encore Body at Brighton Rock, les critiques furent assassines et chacun de ses projets semble ne pas tenir la route. Trop lent, trop fauché, trop long, rien ne semble aller dans les productions de l’homme. Sauf pour The Mortuary Collection, qui semble redresser la barre. Et c’est sans doute cela qui va lui permettre de se caler derrière la caméra pour la première fois en 2020, après un projet avec J.J. Abrams qui n’aboutira pas. The Old Ways est donc le premier long-métrage de Christopher Alender, qui va tenter de revisiter le mythe de l’exorcisme en plantant son intrigue au Mexique.
Comme tout film d’horreur contemporain qui se respecte, le film débute avec une introduction qui montre une femme en train de se faire exorciser devant les yeux apeurés de sa fille. Après le générique d’ouverture, on retrouve une femme avec un sac sur la tête, qui est maintenue prisonnière dans une maison. Cristina est journaliste, et elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Sa cousine lui explique alors qu’elle l’a retrouvée dans une grotte interdite et qu’elle est désormais possédée par un démon. Elle doit donc subir un exorcisme pour faire sortir le mal en elle. Le film se scinde alors en deux parties distinctes. En effet, ce pitch n’est que la partie émergée de l’iceberg, puisque le réalisateur va vouloir aller plus loin, et montrer ce qui se passe après l’exorcisme. Un choix qui aurait pu être intelligent, si l’écriture du scénario avait été un peu plus réfléchie.
Car on va rapidement comprendre les rouages de la première partie, qui essaye de changer des autres films d’exorcisme en mettant en avant une religion plus exotique. D’ailleurs, on parlera plus de tradition que de religion, avec des méthodes qui disparaissent avec le temps, faute de personnes à qui transmettre les coutumes. The Old Ways se place alors comme témoin du temps qui passe et des coutumes qui se perdent au fil du temps. Malheureusement, il a fallu que le scénariste use d’un autre thème, celui de l’addiction à la drogue, pour faire le parallèle avec la possession d’un démon. C’est très cliché, et surtout cela masque le vrai point fort du scénario, les traditions qui se perdent, et notre incapacité à trouver des méthodes subsidiaires pour pallier à un manque évident. Il semblerait que ce thème ne soit pas suffisant, et il fallait en rajouter une couche.
Histoire de bien enfoncer le clou, la transition entre les deux parties du film est d’une naïveté qui fait peine à voir. Toujours possédée et souhaitant s’enfuir plus que tout, Cristina se rend compte de son mal-être et va devenir gentille avec ses geôliers. Elle s’excuse, boit le lait de chèvre à une table, et commence à taper la discussion avec cette mère qui est une « bruja » et son fils qui l’assiste depuis toujours. Christopher Alender transforme alors son film en une sorte de mélo à tendance soap, qui peint le portrait d’un homme qui a peur de vieillir et de perdre ses repères une fois sa mère morte. Le film perd en intensité, mais aussi en cohérence, le démon n’étant vraisemblablement plus de la partie. Comment ? Pourquoi ? On le saura un peu plus tard, à travers une pirouette scénaristique décevante.
Quant à la dernière partie, elle va montrer la fin de parcours du personnage principal, qui va enfin trouver sa voie en vivant son exorcisme comme une libération de sa condition. Le film joue alors sur deux tableaux. D’un côté, on retrouve l’addition au travail et au rythme de vie effréné des citadins. De l’autre, un questionnement sur ses origines et d’où l’on vient. The Old Ways épouse ces deux thématiques en libérant Cristina d’un poids. Son démon n’est-il finalement pas celui imposé par la société ? Ce choix, intelligent, va cependant se rompre avec un dernier tiers tout moisi, où la confrontation devient frontale. Le film essaye alors de plonger dans une horreur visuelle qui ne convainc pas, et surtout, qui reste d’une banalité affligeante. Seul vrai bon point, le design du démon, même si on aurait aimé le voir un peu plus.
Et il est dommage de voir que le film se fourvoie plusieurs fois dans des fautes de goût et d’écriture. Avec sa transition mielleuse au possible qui ne sert à rien et sa conclusion frontale, avec un twist à la clé appuyant très fort le propos sur le fait que le démon est notre addiction au travail et à la rentabilité, The Old Ways perd toute sa force et son intérêt, noyant l’ambition de mettre en scène un exorcisme dans la jungle mexicaine. Fort heureusement, le film est joliment shooté. On est loin de certaines productions catastrophiques, et il y a une vraie recherche en termes de lumière et de plan. Certes, ce n’est pas la panacée, et certains effets spéciaux numériques dont de la peine, mais on est dans quelque chose qui se soucie de son esthétisme, et c’est déjà pas mal.
Au final, The Old Ways est un film qui très inégal. Il part d’une bonne idée et se fait très agréable à regarder (surtout si on le compare à d’autres films d’horreur sans budget), mais il souffre d’une écriture sporadique et de mauvais choix. Entre sa transition mièvre, son final débile ou encore ses personnages qui n’ont pas beaucoup d’épaisseur, il est difficile de ne garder que le positif. Dommage, il y avait pourtant matière à faire quelque chose de sympathique…
Note : 07/20
Par AqME