De : Amir Valania
Avec DMW, Louis Hertum, Wes Brown, Caleb Michaelson
Année : 2008
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Alan dérobe un ancien artefact vaudou permettant d’invoquer une créature destinée à assouvir les moindres vengeances de la personne l’ayant appelée. Après avoir tué une jeune femme, un groupe d’adolescents va en faire les frais…
Avis :
On le sait pertinemment. Quand on a droit à une jaquette avec un nom à coucher dehors, une silhouette de bestiole géante et le nom, en gros, d’un rappeur américain, on plonge directement dans le navet de luxe. Et ce n’est pas ce Lockjaw (connu aussi sous le titre Mâchoire d’Acier) qui viendra prouver le contraire. Sorti en toute discrétion en 2008, destiné au marché lugubre du DTV, il n’y a pas grand-chose de notable concernant la production de ce film. On reste dans quelque chose d’assez obscur, avec à la réalisation Amir Valania, adepte de la grosse daube, avec notamment à son actif Jurassic Predator, ou un policier déjà avec DMX, Jump Out Boys. Bref, tout est clairement réuni pour faire un film d’horreur lowcost où rien n’est à sauver, et c’est ça que l’on va avoir sous les yeux.
Le film débute avec des enfants, un couple, qui va se rendre dans une maison pour voler un artefact magique et dangereux. L’objet en question est une sorte de crayon avec une tête de crocodile, qui réalise les dessins effectués en invoquant un dieu vaudou. Le jeune garçon, tyrannisé par son père, dessine alors la divinité en train de le boulotter, et le père en question va mourir. Trente ans plus tard, on retrouve le garçon qui a bien grandi, toujours en couple avec sa dulcinée. Cette dernière trouve l’artefact dans le jardin, mais elle se fait renverser par un groupe de jeunes qui partent faire la fête. Le groupe ne s’arrête pas. Miné par le chagrin, l’homme réutilise l’objet pour se venger du groupe. Mais perclus de remords, il décide de faire marche arrière, mais cela ne fonctionne pas.
Voilà le pitch de base de Lockjaw, qui ne détient vraiment rien de bon. D’un point de vue scénaristique, c’est le néant total. Ici, on flirte avec les légendes vaudou, mais on reste constamment en surface. D’ailleurs, on apprend que tardivement les origines de ce monstre, moitie serpent et moitié alligator. Et de là, on va voir un pseudo survival qui ne tient jamais ses promesses, la faute à des personnages indigents, des situations superflues, et surtout, des effets spéciaux complètement à la ramasse. Il faut dire aussi qu’en termes d’écriture, c’est la bérézina, avec une situation qui se délite vite, mais qui se résout aussi vite, grâce à DMX et un bazooka sorti d’on ne sait où. On se fout royalement de la cohérence dans cette histoire, le but étant de mettre de l’action, du cul et un monstre en CGI grotesque.
Bien évidemment, dans ce film, tous les personnages sont débiles. Parmi les jeunes qui tuent accidentellement la femme, on aura droit à deux types bodybuildés complètement stupides, qui ne pensent qu’à baiser la même meuf. Une nana blonde à gros seins qui joue constamment de son corps et qui se révèle d’une bêtise crasse. A leurs côtés, on peut signaler le groupe de « gentils », un prof et une jolie brune, qui vont s’acoquiner et tenter de résoudre le problème. Manque de bol, cette jolie brune est aussi un peu couillonne sur les bords, et la version française (la seule disponible sur le DVD) ne lui rend pas service, la rendant encore plus greluche. A cela il faut rajouter un DMX qui s’emmerde, présent seulement quelques minutes pour dégommer la bestiole et s’en sortir avec les honneurs. Bref, on ne ressent aucune empathie pour personne.
Pire, on a envie qu’ils crèvent tous au plus vite. Ce qui n’arrivera pas vraiment. Le réalisateur pense être de bon ton de présenter ces personnages jusqu’à la lie, alors qu’il n’y a rien à voir. On aura de longs plans sur les seins de la jolie blonde, et surtout son fessier. On verra que ce sont des alcoolos complètement débiles et rien ne viendra leur donner une once de charisme en plus. On notera aussi des personnages inutiles, à la manière du jeune frère skateur, qui arrive comme une fleur et dont l’influence ne sera que… sans intérêt. Le film met alors du temps à se mettre en place, et le body count est très faiblard, s’octroyant en plus le luxe de mettre en avant des effets gores d’une laideur sans précédent. Il suffit de voir l’unique décapitation du film pour s’en rendre compte.
Pour autant, le film n’est pas un gros ratage en matière de mise en scène. Certes, c’est nul et d’une transparence qui flirte avec l’amateurisme, mais justement, on sent que tout est réfléchi. C’est-à-dire que l’on est loin d’un Five Across the Eyes ou d’un I am the Ripper, où là, on sent le film de potes, fait sans le sou, avec aucune production derrière. Là, il y a des gens qui ont mis des sous dans le projet (et notamment DMX) et quand il n’y a pas d’effets spéciaux gênants, ça ressemble à quelque chose. Rien ne viendra sauver le film de la benne à déchets, mais il faut tout de même noter que la réalisation est lisible, et que le matériel utilisé est plus que correct. Mais ce sera-là le seul bon point d’un film qui se fout royalement de la gueule du public, et des amateurs d’horreur en règle générale.
Au final, Lockjaw est, sans aucune surprise, un très mauvais film. Le délire vaudou autour de cette divinité mi-serpent, mi-alligator, est risible, et la caractérisation des personnages est d’une nullité sans fond. Sans bien évidemment évoquer les effets spéciaux numériques dégueulasses, ou encore la présence fantomatique et sans intérêt de DMX, qui se frise la nouille sur chaque plan, se la jouant badass pour rien. Bref, un navet qui a conscience de sa médiocrité, et dont seule la VF viendra sauver de l’ennui, car elle est drôle. On cherche les bons points là où ils se trouvent…
Note : 02/20
Par AqME