De : Mink
Avec Steven Seagal, Takao Osawa, Matthew Davis, Eddie George
Année : 2005
Pays : Etats-Unis, Japon
Genre : Action
Résumé :
A Tokyo, des yakuzas assassinent un politicien en pleine campagne de réélection. Les autorités entendent bien ne pas laisser ce crime impuni. Sur place, le chef du bureau de la CIA décide de faire appel à Travis Hunter, un ancien agent de son service, qui a grandi au Japon, et connait bien l’organisation de cette bande du crime organisé. Il a lui-même été entraîné au combat par un ancien yakuza. Grâce à son réseau personnel de renseignements, Hunter va découvrir une vérité bien plus inquiétante.
Avis :
À l’image de la mafia sicilienne ou des triades chinoises, les yakuzas ne cessent d’inspirer le cinéma à travers des productions plus ou moins notables. Véritable symbole du crime organisé au Japon, ils constituent une organisation antagoniste idéale pour les confronter aux preux justiciers du bien qui osent s’y frotter. Certes, on dénombre plusieurs films de qualité et des approches nuancées, notamment dans l’œuvre de Takeshi Kitano. En l’occurrence, ils sont aussi l’objet et le centre d’intérêt de séries B surannées, voire méphitiques. Dans sa frénésie de DTV, soit 9 métrages entre 2003 et 2005, Steven Seagal exporte ses « talents » sur l’archipel nippon.
De prime abord, le cadre n’est pas pour déplaire et peut même faire oublier la pathétique excursion de l’acteur en Thaïlande avec Clementine. Au regard de son passé et sa relation avec le Japon, on pourrait escompter quelques allusions biographiques, car il coécrit le scénario. En d’autres termes, l’idée de départ n’a rien d’absurde. Seulement, le traitement avancé se charge de rattraper cet état de fait par une négligence manifeste. Ce qui implique une histoire qui reste ancrée dans les années 1990 avec les clichés et les poncifs que cela suggère. On songe tout d’abord à cette caractérisation facile où le background nébuleux du protagoniste rejoint une relation de surface avec ses comparses, façon « buddy movie ».
Sur ce point, il faut donc se contenter de personnages prétextes, prompts à jouer la carte du désarroi ou de la légèreté suivant l’intervenant. Dans la mesure où les dialogues ne brillent guère par leur intelligence ou profondeur, on enchaîne les réparties à l’humour douteux. Celles-ci laissent perplexe quant à l’intégration de tels échanges dans des situations aux antipodes. À croire que Steven Seagal souhaite renouer avec cette bonhomie présente dans L’Ombre blanche, en vain. Sans surprise, cet aspect est à l’aune de l’intrigue qui tente d’amalgamer une histoire de vengeance, une guerre des gangs, le tout sur fond d’infiltration et d’ingérence de la part d’autorités étrangères.
Le clivage entre l’occident et l’Extrême-Orient se renforce avec les sempiternels symboles propres au pays du soleil levant ; des cerisiers en fleurs jusqu’aux artères bondées de la capitale. La vie tokyoïte est passée au crible avec un réalisme de façade. Là encore, on ressasse ce qui est communément admis et véhiculé sur la culture japonaise. Chose amusante, le doublage de la version française est aussi indigent qu’incohérent. Les Japonais peuvent s’exprimer dans une langue étrangère entre eux, tandis qu’un dialogue suivant se fait uniquement en japonais avec un interlocuteur… américain ou chinois, selon la séquence. Sans explication aucune, les échanges alternent entre les langues au bon vouloir des dialoguistes.
Quant à la partie action, elle demeure quelque peu en retrait. On privilégie surtout les incursions dans les bas-fonds de Tokyo, les bars sordides ou les boîtes de strip-tease. Les investigations sont laborieuses et prévisibles dans ce qu’elles impliquent. Entre temps, Steven Seagal réitère ses sempiternels prises et coups avec un minimum de variation. Pour tout gâcher, les affrontements sont mal filmés et s’affublent d’un cadrage approximatif. Mention spéciale à l’échange de « claques » entre deux adversaires pour distinguer celui qui est le plus rapide. Quant au dernier combat, il aurait pu donner lieu à une confrontation violente et sanglante, façon Kill Bill, s’il n’était pas aussi vite expédié et perclus de mouvements de caméra indigestes.
Au final, Into the Sun est, sans surprise, un piètre film d’action. Affublé d’un scénario simpliste, le métrage de Mink enchaîne les caricatures et les stéréotypes de circonstances. Cela vaut également pour les Japonais et la manière dont ils perçoivent les étrangers. L’ensemble tente de divertir par quelques touches humoristiques, à la fois maladroites et dispensables. On ne nous épargne guère les sentiments mielleux de la perte de l’être aimé, d’une promesse rompue et d’une implacable vengeance de notre héros (presque) solitaire. Il en ressort une incursion pas forcément catastrophique au regard des précédentes bévues de Steven Seagal, mais médiocre en tout point. Une production qui confirme une carrière bloquée dans les années 1990.
Note : 07/20
Par Dante