avril 25, 2024

Bernard Minet – Metal Band

Avis :

Si la parodie fait les beaux jours de la variété française, il ne faut pas oublier que le métal semble être aussi un endroit propice à ce genre d’exercice. De Ultra Vomit à Gronibard, le métal français s’amuse à détourner des morceaux ou à prôner des paroles qui se veulent rigolotes. Simplement voilà, on en arrive à des dérives qui ne sont parfois pas drôles du tout. La preuve avec Henri Dès Metal, ou encore ce projet de Bernard Minet. Sorti en 2020, l’ancien batteur des Musclés a voulu rendre une sorte d’hommage à l’un de ses groupes favoris, Metallica. Pour se faire, il va rentrer en studio pour avoir la gratte du guitariste de Rise of the North Star, puis il va faire appel au groupe Heart Attack pour les sessions live. Reprenant ses génériques des années 80, on va vite voir que la nostalgie ne fait pas tout.

L’album débute avec la reprise des Chevaliers du Zodiaque, et le titre peut faire illusion. C’est-à-dire que l’on a droit à une guitare plutôt sympathique, qui frappe assez fort, avec quelques passages sympathiques. Cependant, on va vite se rendre compte qu’il y a une dichotomie frappante entre le chant de Bernard Minet et la volonté de faire du métal. Dans plusieurs interviews, l’artiste a dévoilé ne pas vouloir growler dans l’optique de ne pas trahir les fans des génériques. Malheureusement, il aurait mieux fallu pousser un petit peu, car là, rien ne va. On a une volonté de durcir les tonalités avec l’instrumentalisation, mais on reste sur du chant clair de générique. Et ça ne va absolument pas. Cela donne la sensation d’un vieux qui ne veut pas vieillir et espère redonner un coup de jeune à sa carrière en changeant un seul petit truc.

Et la ringardise va aller beaucoup plus loin tout au long de l’album. En effet, le but précis de cet album, c’est de jouer sur la fibre nostalgique des quarantenaires qui ont grandi avec le Club Dorothée. Cependant, ces gens-là ont vieilli eux-aussi, leurs goûts ont sûrement évolué (du moins, on espère pour eux), et il aurait été intéressant de veiller à respecter à la fois le monde du métal et celui des nostalgiques. En ne cherchant pas vraiment à durcir les rythmiques ou à growler, Bernard Minet démontre son incapacité à faire du métal et à respecter le genre. Un genre qu’il aime, sans aucun doute possible, mais qu’il prend ici dans un but commercial et non par passion. Il le dit lui-même lors d’interviews, où il estime qu’un type qui passe à la radio, même dans la variété, est quelqu’un qui a réussi son coup. Non !

De ce fait, on écume les 18 titres de l’album avec un goût assez rance dans la bouche. De Bioman en passant par Olive et Tom, ou encore Ranma ½ et Jeanne et Serge, on reste sur un truc hybride qui ne sait jamais sur quel pied danser. Il faut aussi faire ressortir que d’un point de vue musical, c’est très pauvre. Il n’y a pas un seul solo, et les riffs sont ultra répétitifs. De plus, il y a une sorte de douceur qui ressort de l’ensemble, et c’est très étrange. Il suffit d’écouter Capitaine Flam pour s’en rendre compte, avec une guitare qui fait sans arrêt la même chose, pendant plus de deux minutes. C’est d’une tristesse musicale assez difficile à digérer. De plus, ce n’est même pas drôle. La Merguez Partie retrouve ses atours ringards, comme La Fête au Village qui démontre qu’avant, tout n’était pas mieux.

Néanmoins, on retrouve une paire de bons titres là-dedans. Certes, il faut être patient et tenir jusqu’à la fin, mais la version de Ken le Survivant est vraiment très bonne. D’un autre côté, cela n’a rien d’étonnant, puisqu’à la guitare, on retrouve Brice Gauthier de Rise of the North Star,dont le nom du groupe provient justement de ce dessin-animé. Et le matériau de base n’est pas dégueulasse du tout. Il était donc assez facile d’en faire un excellent titre, mais c’est réussi, et au milieu de ce marasme ambiant, c’est toujours bon de trouver un peu de lumière. On peut aussi saluer les efforts pour La Chanson des Chevaliers, ou encore Denver le Dernier Dinosaure, qui là aussi part sur des bases déjà très rock. Réussir à réécrire cela n’a pas dû être très difficile…

Au final, cet album de reprises des chansons de Bernard Minet fouette sévère. Si on aurait pu jouer sur la corde nostalgique, il n’en est rien et on se retrouve à enquiller rapidement les dix-huit titres pour passer à autre chose. Autant métal que le style de Calogero, Bernard Minet mise beaucoup trop d’espoir sur la crédulité des fans pour vendre ce truc. Un projet foireux dès le départ, et qui laisse une vilaine trace marron quand on l’écoute…

  • Les Chevaliers du Zodiaque
  • Silver Hawks
  • Bioman
  • Le Retour de Goldorak (Goldorak Go)
  • Capitaine Flam
  • Conan l’Aventurier
  • Dragon Ball et Dragon Ball Z
  • Les Samouraïs de l’Eternel
  • Olive et Tom
  • Denver le Dernier Dinosaure
  • Un Collège Fou Fou Fou
  • Ranma ½
  • Jeanne et Serge
  • L’Ecole des Champions
  • La Fête au Village
  • La Merguez Partie
  • Ken le Survivant
  • La Chanson des Chevaliers

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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