mars 29, 2024

La Colère de Black Adam – Pourquoi est-il si Méchant?

Auteurs : Peter J. Tomasi, John Ostrander, Keith Champagne et Doug Mahnke

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

Ancien champion du Sorcier Shazam et détenteur du pouvoir de l’éclair vivant, Teth-Adam a passé de nombreux siècles dans un sommeil magique, rêvant de son Égypte antique. Réveillé aux temps modernes, il décide de faire régner la justice par tous les moyens possibles. Ses méthodes expéditives attirent l’attention de tous les super-héros du monde, et sous peu, Black Adam se retrouve seul contre le monde entier. Mais derrière cet inflexible justicier en lutte perpétuel contre le mal se cache un être blessé et fragile, hanté par un amour perdu.

Avis :

A chaque fois c’est pareil. Il suffit qu’un film DC déboule sur les écrans de cinéma pour que l’on nous tartine de nouveaux recueils mettant en image le nouveau super-héros (ou super-vilain) qui viendra envahir les salles. Est-ce un mal ? Bien sûr que non ! Car derrière le côté marketing, il faut aussi y voir l’opportunité de s’instruire un petit peu sur le personnage en question, d’autant plus lorsque celui-ci est un peu obscur, ou moins connu des fans. Ici, il s’agit donc de Black Adam, qui sera interprété par Dwayne Johnson au cinéma, et Urban Comics de nous asséner d’une sortie massive, dont La Colère de Black Adam, qui revient non pas sur les origines du bonhomme, mais plutôt sur les raisons de sa colère. L’occasion parfaite donc pour plonger dans une psyché complexe, même si on a parfois l’impression de prendre un train en marche.

Dans ce recueil, Black Adam n’est point présenté. Il faut avoir un minimum de rudiment pour comprendre ce qu’il se passe sous nos yeux. D’emblée, on est plongé dans une troisième guerre mondiale, où tous les super-héros font bloc contre Black Adam, qui ne veut que justice. Une justice expéditive, qui fait fi des dommages collatéraux. Ainsi donc, après avoir décimé toute une population, il va devenir l’ennemi public n°1, ce qui sera aussi l’occasion de mettre un peu de géopolitique là-dedans. En effet, lorsque le méchant pénètre en Chine, tous les super-héros étrangers doivent attendre le feu vert pour venir prêter main forte aux super-héros chinois. Un petit tacle qui montre la nécessité de faire front commun face à un adversaire coriace et dangereux. Bref, ce début pose Black Adam comme une grande menace et un despote qui ne voit pas le mal qu’il fait.

Pour lui, ce qu’il fait est juste. Malgré les victimes innocentes, malgré des dommages effarants, Black Adam reste dans sa ligne de conduite, troublant alors les limites entre le bien et le mal. Car au final, ce n’est pas par pure méchanceté qu’il fait cela, ni même par mégalomanie, mais simplement pour un monde plus juste envers son peuple. Il y a là un matériau de base très intéressant qui sera encore plus exploité par la suite. Car oui, Black Adam se fait arrêter par Shazam suite à un tour de passe-passe, où il change son « mot de passe » pour devenir un demi-dieu. Black Adam devient alors Adam-Teth, sans aucun pouvoir. C’est ici que ce termine ce qui s’appelle 52, et c’est à partir de là que débute The Dark Age, montrant les raisons de l’état d’esprit du personnage.

N’ayant plus ses pouvoirs, Adam va alors partir à la recherche du squelette de sa bien-aimée, Isis, pour la réanimer dans un puits de Lazare. Les choses ne se passent pas comme prévu, et le « héros » se rend alors à la tour de Doctor Fate pour obtenir des réponses. Qu’il obtiendra grâce à Faust, un méchant coincé dans cette tour par une malédiction. Adam reçoit alors les pouvoirs d’Isis pour retrouver les fragments d’une amulette qui permettrait à Faust de ressusciter sa chère et tendre. Encore une fois, cela va permettre de parler de géopolitique, avec l’exploration d’endroits interdits, mais on va surtout se focaliser sur la psychologie du personnage, où il voit la mort de sa femme comme une injustice, et il est prêt à tout pour la faire revenir à la vie. De là va naître une nouvelle facette du personnage.

De tyran sanguinaire, Black Adam devient un homme meurtri dans sa chair, qui n’arrive pas à accepter la mort de son épouse. Déchiré, ne pouvant faire le deuil, on va se retrouver face à un personnage qui a des faiblesses, et qui va se faire exploiter comme un bleu par un autre méchant, qui n’a finalement que peu d’intérêt. Le plus dur dans tout ça, c’est que ce pauvre Adam va perdre sa femme plusieurs fois, rajoutant de la douleur à une plaie grandement ouverte. C’est là que l’on voit que ce vilain n’est pas si lisse que ça, et que derrière le côté politique, il y a aussi un cœur brisé, un homme avec des sentiments. De là à dire que ça l’humanise, il ne faut pas pousser non plus, car les cadavres s’enchainent derrière lui, et il n’a aucun regret.

Ce qui fait aussi la force de ce recueil, c’est la présence de dessinateurs hors du commun, avec notamment Doug Manhke qui signe The Dark Age. On est dans des traits vifs et précis, qui s’allient parfaitement à un style un peu voluptueux, mais qui peut tout aussi bien introduire du gore ou de grosses batailles. La deuxième partie sera dans un registre plus intimiste, alors que les parties de 52 sont dantesques, avec tous les super-héros qui font front ensemble. Les dessinateurs ont beau s’échanger entre les chapitres, on reste ébahi par autant de maîtrise technique. Alors certes, certains diront que l’on est dans le tout-venant du comics, avec un manque flagrant d’identité, mais ça reste du travail d’orfèvre et dans une continuité qui force le respect, malgré les changements d’artistes.

Au final, La Colère de Black Adam est un recueil plutôt satisfaisant. Si on ne tombe pas dans les origines du personnage, le choix est clairement de montrer ses faiblesses et les raisons de son acharnement. En gros, on comprend pourquoi il devient si méchant. Si on a la sensation d’avoir louper des choses avant, surtout si on est un profane sur ce personnage, cela n’empêche pas de comprendre la douleur de Black Adam et de voir l’épaisseur de ce méchant qui viendra bientôt bousculer les écrans de cinéma. Bref, un bon recueil, beau et plaisant. Que demande le peuple ?

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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