mars 28, 2024

Ripper – Un Shonen Français Réussi?

Auteur : Jeronimo Cejudo

Editeur : Ankama

Genre : Shonen

Résumé :

À la suite d’un cataclysme sans précédent, l’air est devenu irrespirable et des créatures hostiles ont pris le contrôle de la planète, forçant les derniers survivants à se confiner dans une tour de fortune. Parmi eux, des volontaires sont formés pour trouver un nouvel Eden. On les appelle les Rippers ! Lors d’une mission de reconnaissance, l’escadron du Chêne rencontre Junk, un jeune garçon optimiste qui ne semble pas être affecté par l’état de la Terre…

Avis :

La France est le deuxième pays, après le Japon, a consommé le plus de mangas. Il n’est donc pas étonnant de voir de plus en plus d’artistes français se lancer dans ce médium, en copiant le même style que leur homologue nippon. Si Reno Lemaire avait un peu ouvert la voie avec Dreamland, d’autres se sont rapidement engouffrés dans la brèche, floutant de plus en plus les frontières entre mangaka japonais et français. Parmi tous ces artistes, on peut citer Jeronimo Cejudo. Il commence avec une série en trois tomes, Lil’Berry, qui ne trouvera pas son public, mais perce réellement au Japon, alors qu’il termine deuxième au 100ème concours Tezuka. Il récolte au préalable les louanges d’Akira Toriyama, ce qui n’est pas rien. Remonté comme un coucou après ce succès, il revient en France avec Ripper, un shonen tout ce qu’il y a de plus Shonen.

Inspiré par les Power Rangers et tout un tas de références allant de Fire Force à Fire Punch, Ripper est un manga post-apo où l’humanité a quasiment disparu. Dans ce monde désolé où seuls les insectes semblent heureux, on va suivre Junk et Crappy, un couple mal assorti qui survit comme il peut. Malgré des créatures agressives, les Wendigos, le jeune garçon et ce raton-laveur parlant s’en sortent bien, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent confrontés à un groupe d’humains, dotés d’exosquelettes surpuissants. Cachant bien des mystères, ce groupe décide de prendre sous son aile Junk, mais c’est alors que survient un autre groupe d’humains, bien décidé à tuer tout le monde. C’est avec ce postulat que débute (et même un peu plus) ce premier tome de Ripper. Un premier tome prometteur, qui pose les bases d’un univers cohérent et étrange.

Cependant, cette entrée en matière est assez complexe. L’auteur nous plonge directement dans un monde dont on ne connait rien, aux côtés de Junk qui doit fuir des monstres qui sont à sa poursuite. Si le trait est vif et que le talent est indéniable, on se retrouve tellement dans le feu de l’action, que l’on ne comprend pas vraiment dans quoi l’on met les yeux. Certes, c’est dynamique, parfois assez drôle (on retrouve tous les gimmicks du sidekick marrant du Shonen), mais l’introduction est très bordélique. Fort heureusement, par la suite, les choses nous seront expliquées, et on comprendra mieux dans quel monde nous évoluons. Un monde post-apo, où l’humanité galère pour survivre, et où des escouades font des raids pour trouver des rescapés ou de la nourriture. Mais ce n’est pas là la principale trame de ce premier tome.

Ici, Jeronimo Cejudo veut nous mettre en avant une humanité à la dérive, qui suspecte tout et n’importe quoi. Junk est un être très fort, qui tient aussi bien de l’humain que du monstre, car il génère des plantes et arrive à respirer un air vicié qui peut transformer les humains. Ses origines seront le centre de la série, mais aussi le gros souci de l’escouade qui le trouve. Car si Lance, le chef remplaçant, le trouve passionnant et veut le protéger, le reste de l’équipe souhaite s’en débarrasser, pensant qu’il s’agit-là d’un Wendigo particulier. La recherche d’origine, aussi bien pour notre héros que pour l’escouade qui cache un terrible secret, sera le thème principal, et certainement celui qui sera travaillé par la suite. En plus, bien évidemment, d’approfondir cette société étrange, qui fait confiance au patriarche, qui semble être un vrai messie.

Mais ce n’est pas tout. Le jeune auteur n’hésite pas à citer ses références lorsqu’il faut transformer les héros. Doté d’armures très stylisées avec un pouvoir particulier, il est évident que l’on pense au Power Rangers mais pas que. Les origines de ces pouvoirs sont inconnues, et on espère par la suite avoir plus de précision, surtout que le tome se termine sur un gros type balèze qui semble bien violent. Bref, Ripper, c’est un peu le bazar, entre ce monde à l’agonie, ce héros doté de pouvoirs naturels, ce raton-laveur qui parle, ces humains qui peuvent se transformer en super-héros ou encore cette secte qui offre un pouvoir à certains élus, c’est beaucoup de choses à assimiler. Il y en a dans tous les sens, et même si on reste dans un Shonen classique, notamment dans la narration, il faut s’accrocher pour tout comprendre.

Fort heureusement, tout cet aspect complexe passe grâce à une narration fluide et simple. On reste dans du Shonen pur jus et on aura notre dose d’action et de monstres gigantesques. Jeronimo Cejudo a été biberonné aux mangas et cela se voit, que ce soit dans son trait ou dans sa façon de présenter les choses. On aura droit à des bonus, à des pages avec des fiches sur les monstres, etc… Bref, tout est fait pour nous faire croire que cela est japonais, alors que c’est français. Le travail est bluffant, et même dans son style, c’est très impressionnant. L’auteur est talentueux et on comprend aisément qu’il ait pu finir deuxième au concours Tezuka. De plus, c’est assez frais et les combats sont très dynamiques, parfois un peu trop. Mais tout cela contribue à rendre l’ensemble prenant.

Au final, ce premier tome de Ripper annonce du très bon pour la suite, tout du moins pour les fans de Shonen. Si l’univers est compliqué à appréhender, la faute à un rythme effréné et des réponses qui arrivent de façon sporadique, le tout est largement rattrapé par le talent graphique de l’auteur, et par les nombreuses références citées. Sans être pour l’instant un immanquable du genre, il n’en demeure pas moins que Ripper reste un premier tome frais et qui se déguste sans déplaisir, et c’est déjà ça !

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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