avril 20, 2024

Les Passagers de la Nuit

De : Mikhaël Hers

Avec Charlotte Gainsbourg, Quito Rayon Richter, Noée Abita, Megan Northam

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent… leur vie recommencée ?

Avis :

Parmi les nouveaux cinéastes français qui se sont fait très joliment remarquer, il y a Mikhaël Hers qui, en l’espace de trois films, s’est bâti une jolie réputation. Réputation qu’il s’est d’ailleurs constituée bien avant ça, avec ses trois courts-métrages qui ont été multi-primés. Le premier long de Mikhaël Hers date de 2010 et se pose comme une petite chronique adolescente le temps d’un été. Puis arrivera en 2016 la chronique d’un deuil dispatché sur trois étés avec « Ce sentiment de l’été« . Puis enfin, il y a eu le film de la confirmation deux ans plus tard avec le magnifique « Amanda« , chronique d’un jeune homme qui voit sa vie voler en éclats quand sa sœur meurt dans un attentat et qu’il se retrouve en charge de sa jeune nièce. Oui, en l’espace de ce trois films, Mikhaël Hers s’est installé comme une valeur sûre, et après « Amanda« , le metteur en scène été très attendu.

Après quatre ans d’absence, c’est dans les années 80, le temps du premier mandat de François Mitterrand, que Mikhaël Hers pose sa caméra pour une jolie chronique familiale pleine d’espoir, de vie et de tendresse.

Moins fort et moins joli qu’ »Amanda« , ces « … passagers de la nuit » est un film qui sonne tout en sensibilité. À travers le portrait de cette femme, admirablement portée par Charlotte Gainsbourg, se laisse suivre avec un joli mélange d’intérêt, d’humanité, de simplicité et d’un charme presque nostalgique, avec cette superbe reconstitution des années 80. Encore une fois, Mikhaël Hers démontre son talent avec un film très plaisant, qui nous fait bien dire que le réalisateur est l’une des valeurs sûres de notre cinéma.

Paris, 1981, Élisabeth, la quarantaine bien passée, est mère de deux adolescents. Élisabeth vient de se séparer de son mari et c’est aujourd’hui, seule, avec ses enfants, qu’elle doit faire face au quotidien. Elle, qui avait arrêté de travailler à la naissance de sa fille, doit retrouver un travail, et parmi ses recherches, elle va trouver un job de standardiste sur une émission de radio, « Les passagers de la nuit ». Peu à peu, Élisabeth va se reconstruire, reprendre confiance en elle et par la même prendre sous son aile, en plus de ses enfants, une jeune fille perdue qui s’est présentée un soir à l’émission de Wanda.

Quatrième film pour le très bon Mikhaël Hers qui, comme je le disais plus haut, signe là une chronique familiale vraiment attachante. « Les passagers de la nuit« , c’est le genre de film qui séduit bien plus pour le charme, la sensibilité et l’émotion qu’il dégage, plus que pour réellement son intrigue, même si cette dernière demeure, à bien des égards, jolie, voire même très jolie.

« Les passagers de la nuit » est un film qui est très riche en portraits de personnages. Mikhaël Hers nous propose de suivre principalement trois personnages, Élisabeth, impeccablement tenue par Charlotte Gainsbourg, Octave, le fils de la famille, qui est lui tenu par l’émouvant Quito Rayon Richter dont c’est le premier rôle au cinéma et le gamin est bourré de talent. Puis enfin, il y a cette jeune fille perdue qui va faire des allers-retours dans la famille. Une jeune fille incarnée par la toujours excellente Noée Abita. Le scénario oscille entre ces trois personnages pour dresser la chronique d’une famille avec leurs espoirs, leurs envies pour l’avenir, leurs naissances, avec les premiers émois et autres premières fois d’adolescents, ou encore leur renaissance avec le portrait de cette femme, qui voit son quotidien voler en éclats avec sa séparation et la reconstruction familiale qui s’en suit, mais aussi une reconstruction émotionnelle et professionnelle.

Mikhaël Hers dirige bien son film et son intrigue, même si tout n’est pas parfait non plus, avec quelques ficelles qui vont être édulcorées, et très vite désamorcées, notamment dans la troisième partie du film avec le retour d’un personnage, avec ses problèmes. Si Mikhaël Hers tient très bien la trame des personnages d’Élisabeth (c’est même celle qu’il développe le plus avec beaucoup de richesse et d’émotions à la clef) ou celle d’Octave ou même encore, la trame autour de la fille de la famille, qui est plus effacée, on restera assez dubitatif face à l’expéditif et la résolution (ou non) des problèmes de cette jeune fille qui sont bien plus complexes que ce qui va nous être raconté.

On ajoutera à cela un personnage que le cinéaste fait vivre de manière étonnante en hantant tout son film, ce qui lui conférera beaucoup de magie et de nostalgie. Ce personnage, ce sont les années 80. Mikhaël Hers arrive à capturer de manière sublime le charme de ces années, tous les espoirs, la liberté, voire l’insouciance et la révolution qui s’opère et émane de cette décennie.

Du côté de la mise en scène, « Les passagers de la nuit » est un film qui est bourré de très jolis moments. Mikhaël Hers arrive bien à conjuguer parcours de vies, ellipses, intrigue et émotions. Après, là encore, tout n’est pas parfait, et même si l’on reste accroché du début à la fin, il est vrai que parfois, le film tient un ventre mou, et quand le réalisateur ressert et active son intrigue, il y a quelques maladresses.

De plus, même si l’émotion est bien là, et elle est subtile, il est vrai qu’ »Amanda« , le précédent Mikhaël Hers, nous avait tellement bouleversé, que même si ici, c’est beau, c’est bien fait et c’est touchant, on s’attendait à quelque chose de plus émouvant que ce que le réalisateur nous livre. On aurait presque la sensation que le film se restreint parfois, n’osant pas trop en faire. Après, face à tous les bons et beaux moments que tient ces « … passagers de la nuit » (d’ailleurs, le titre nous fait penser à l’émission de radio animée par Emmanuelle Béart et là encore le film tient de très belles séquences), finalement, c’est assez peu et le film de Hers est beau et plaisant.

Moins fort qu’ »Amanda« , « Les passagers de la nuit » se pose comme un beau film plein de richesses et de subtilités. Cette chronique familiale entre deux mandats de Mitterrand démontre encore une fois le talent de son réalisateur, qui sait comment nous tenir et ça, malgré les maladresses et les imperfections de son film. Émotion, finesse, tendresse, reconstruction, parcours de vie, découverte et derrière ça, des acteurs impeccables. Bref, ces « … passagers de la nuit » est vraiment un joli film. On attend encore une fois le prochain Mikhaël Hers avec beaucoup curiosité.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

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