avril 25, 2024

Ghost – Impera – Enfer et Décadence

Avis :

Depuis son apparition en 2010, Ghost a toujours suscité l’engouement et la curiosité. Il faut dire que la formation aime à brouiller les pistes quant à l’identité de ses musiciens, mais aussi sur l’imagerie et l’histoire même du groupe. Car oui, derrière ses atours Black Métal et son identité gothique, le groupe suédois adore inventer des histoires sur le changement de nom du chanteur, inventant même des prestations scéniques pour passer le flambeau. Le succès international viendra avec Meliora en 2015, qui sera confirmé trois ans plus tard avec Prequelle. Aujourd’hui, chaque album de Ghost est attendu comme le messie et Impera ne déroge pas à la règle. Baignant toujours dans son histoire de passation, le cardinal Copia devient alors le Papa Emeritus IV et le groupe de prendre un virage intéressant, lorgnant vers le steampunk à tendance diabolique. Mais Impera est-il à la hauteur de nos attentes ?

Le skeud s’ouvre sur une introduction au riff très sympathique, qui reste immédiatement en tête. Imperium ouvre le bal avec quelque chose de très mélancolique et d’assez doux. On sent l’amorce d’un changement avec cet album, et c’est avec une certaine surprise que le groupe prend un petit virage vers quelque chose de plus popisant. En effet, Kaiserion, référence à Césarion, fils de Jules César et Cléopâtre, va venir nous cueillir de façon assez inattendue. On pourrait croire à une sorte d’AOR des familles dans les riffs et la mélodie, notamment avec ce petit cri aigu en guise d’introduction. Pour autant, le morceau fonctionne à plein régime et promet une ouverture de concert assez dingue. On sent aussi que le groupe cherche à aller plus loin que le simple Hard mélodique, avec un insert Prog assez couillu en plein milieu de titre.

En abordant Spillways, on va aussi se rendre compte que Ghost essaye d’élargir son spectre Rock. Renouant avec une voix plus granuleuse et des chœurs qui viennent apporter du coffre, le groupe s’aventure vers quelque chose de plus pop et de plus coloré. Cela dénote bien évidemment avec leur image « sataniste », chose qu’ils ont toujours fait, et cela prend une autre ampleur. Notamment avec l’ajout d’un clavier qui vient scander un joli rythme. Et que dire du refrain qui carbure à trois milles. Ce n’est certes pas le meilleur morceau de l’album, mais force est de reconnaître qu’il marche à plein régime. Tout comme Griftwood, le vilain petit canard de l’album, qui dépasse les cinq minutes, mais qui manque cruellement de mordant et qui utilise les mêmes ressorts que Spillways. Là aussi, le refrain marche, mais ça reste peut-être trop simple pour du Ghost.

Malgré quelques insertions dans un Rock plus Pop qu’à l’accoutumée, le groupe sait caresser le fan dans le sens du poil. Ainsi, le groupe rompt ses traditions sans pour autant les renier. Call me Little Sunshine est un exemple parmi d’autres. Avec ce titre, le groupe fait le lien avec Prequelle et Meliora, restant dans un registre connu que les fans apprécieront sans le moindre doute. On peut aussi noter Hunter’s Moon, qui sera une preuve de la prise de notoriété du groupe, puisque ce morceau est utilisé dans le film Halloween Kills. Certes, il ne fait pas le café, mais il reste bien rythmé et le travail sur la batterie est remarquable. Citons aussi Watcher in the Sky, avec son refrain ultra catchy et ses riffs assez brutaux, qui offrent une introduction à faire mal à la nuque. Ghost fait encore preuve d’une efficacité redoutable.

Comme dans quasiment tous les albums du groupe, on retrouvera aussi une petite ballade assez dark, et elle est ici marquée par Darkness at the Heart of my Love. Langoureux, insidieux, et surtout très entêtant, le titre est un petit bijou d’une grande simplicité, mais qui est rempli d’une grâce envoûtante. Parmi les drôles de surprise, on pourra aussi compter sur Twenties, qui s’avère être un étrange moment. Grandiloquent dans sa mise en scène, très imagé dans sa composition, on pourrait presque penser que le groupe renoue avec les tout premiers albums, mais rapidement, on voit que Ghost sait évoluer et reste dans une cohérence qui frôle l’insolence. Enfin, Respite on the Spitalfields clôture l’effort de la plus belle des manières, en synthétisant tout ce qui fait le groupe aujourd’hui, à savoir un mélange savant entre douceur, noirceur et nervosité. Le tout dans un écrin assez complexe et riche.

Au final, Impera, le dernier album de Ghost, est encore une fois une bien belle réussite. Certes, c’est inférieur aux deux précédents opus, mais on reste dans le haut du panier en termes de Rock. Non seulement c’est inspiré, mais c’est aussi très beau et d’une grande richesse. Derrière des apparats simplistes et des paroles parfois répétitives, le groupe suédois nous attrape toujours avec un univers en constante évolution et des compositions d’une efficacité incomparable. Terminant son album comme il l’a commencé, Ghost voit cet effort comme une boucle, un cycle qui se termine et qui renvoie vers un autre, dans un inlassable cercle bouillonnant. Malgré quelques réserves, Impera reste un excellent album, fidèle à l’image du groupe.

  • Imperium
  • Kaiserion
  • Spillways
  • Call me Little Sunshine
  • Hunter’s Moon
  • Wathcer in the Sky
  • Dominion
  • Twenties
  • Darkness at the Heart of my Love
  • Griftwood
  • Bite of Passage
  • Respite on the Spitalfields

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.