mars 28, 2024

Wolves

De : Bart Freundlich

Avec Michael Shannon, Carla Gugino, Taylor John Smith, Chris Bauer

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Un jeune basketteur prometteur de 18 ans est recruté par l’université de Cornell. Sur le terrain, il est une star et le capitaine de l’équipe. Mais sa vie familiale est nettement plus compliquée : son père est accro au jeu et sa mère tente par tous les moyens de subvenir aux besoins du foyer…

Avis :

Les films sur le sport, il y en a des caisses et des caisses. Ils sont l’opportunité de raconter des destins extraordinaires de champions tombés dans l’oubli, ou encore d’évoquer des thèmes importants comme la combativité, le courage, la coopération ou encore l’abnégation pour réussir. La boxe, le base-ball, le football américain ou le hockey sur glace sont des sports de prédilection dans le cinéma américain. Mais on y trouve aussi le basket, sport tout aussi important que le foot pour l’Europe. En abordant Wolves, on s’attend à suivre le destin tout tracé d’un jeune prodige du basket qui doit intégrer une grande équipe d’université. Mais Bart Freundlich vise tout autre chose dans la vie de ce jeune homme, transformant son film en un drame pathos et pénible, avec pour fond, quelques matchs de basket pour dynamiser l’ensemble. Mais est-ce réellement suffisant ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

Avec cette histoire, Bart Freundlich nous raconte le destin d’Anthony Keller, un lycéen qui et le meneur de son équipe de basket. Très doué pour les trois points et amenant souvent son équipe vers la victoire, il tape dans l’œil d’une université qui aimerait bien le recruter. Mais à l’extérieur du terrain, c’est une toute autre histoire pour Anthony. Sa vie de famille est compliquée, avec un père écrivain qui n’arrive plus à pondre un texte correct, qui est addict aux jeux et qui doit une somme astronomique à des parieurs peu recommandables, et une mère qui tente de joindre les deux bouts en acceptant des boulots minables. Anthony voit tout ça d’un mauvais œil et il doit subir les sautes d’humeur de son père. Et le réalisateur, plutôt que de se focaliser sur la réussite du jeune homme, va peindre le portrait d’une famille qui part à vau l’eau.

Wolves n’est pas vraiment un film sur le sport. Il s’agit plus d’un drame larmoyant sur un jeune prodige qui risque de voir sa carrière filer entre ses doigts à cause d’un père égoïste et malade. Le cinéaste ne s’intéresse pas vraiment aux rouages du basket et du recrutement dans les grandes facultés. Visiblement, ce qui l’intéresse, c’est tout ce qui gravite autour d’Anthony, de sa vie de famille pénible, à sa relation houleuse avec sa petite amie. Le film sombre alors, de son début à sa presque fin, dans un pathos qui flirte constamment avec le mauvais goût. Il faut dire que le pauvre Anthony accumule les tares, aussi bien dans sa famille, qu’avec ses amis ou sa petite amie. Au rayon des problèmes, on a droit à une grossesse non désirée, une séparation difficile, une tromperie dans les vestiaires, ou encore une blessure qui arrive au pire moment.

Mon père, cet ennemi

Si le destin d’Anthony est compliqué, cela va aussi venir de son père, qui est la source de tous les problèmes. Alcoolique notoire, il semble être jaloux de son fils qui réussit là où lui échoue lamentablement. Dès le départ, on sent une relation tendue, surtout lorsque son père lui apprend comment défendre à lui ouvrant le menton. C’est très étrange comme relation et cela va peser sur le destin du héros. D’ailleurs, certaines scènes seront gênantes, à l’image de ce moment où le père sent la main de son fils pour voir si ce dernier a peloté sa nana juste avant. On sent que le réalisateur pousse tous les curseurs à fond dans le cringe et ne se donne aucune limite pour rendre ce père antipathique. Cela va même beaucoup trop loin lorsque le paternel éclate le genou de son fils par jalousie, l’empêchant de jouer une finale importante.

Cette relation père/fils toxique va trouver quelques moments lumineux avec l’arrivée de l’oncle Charlie, un ami de la famille qui aide le père à sortir de ses addictions, mais qui aide surtout Anthony à réussir dans le basket. Il est comme un second père pour le personnage principal et s’avère assez sain dans le cercle familial. Même si on sent une attirance pour la maman, mais il est difficile de résister à Carla Gugino. Cependant, les rapports mère/fils sont aussi étranges, avec notamment une scène qui frôle allègrement l’inceste lorsqu’elle rentre dans la salle de bains alors que son fiston est nu, et qu’elle l’embrasse langoureusement dans le cou. Cela rajoute du pathos au pathos, et au bout d’un moment, l’ennui se fait de plus en plus présent. Le basket passe alors en second plan, et on assiste aux mauvais choix d’Anthony dans sa vie privée.

Malin, les trois points

Le film accumule les maladresses qui n’auront finalement que peu de conséquences. Certains arcs narratifs tombent rapidement dans l’oubli, notamment lorsque Anthony rompt avec sa nana pour tomber dans les bras d’une autre le lendemain, avant de se remettre avec la première. La tromperie n’ira pas plus loin et ne sera jamais abordée. Cela rajoute juste un truc encore craignos en plus, histoire de bien plomber le film. Mais le réalisateur est un petit malin, et il va conclure son métrage avec un match important, une finale, qui va permettre au jeune garçon de se dépasser, de rendre son père fier une dernière fois et faire gagner son équipe. Ce sera la seule fois où la mise en scène bougera un peu ses fesses, essayant d’être au plus près du jeu et donc de dynamiser le film. Mettre cela à la fin, permet d’oublier un peu le reste.

Au final, Wolves est un drame qui n’a que faire du basket. Sombrant de façon lente et sûre dans un pathos résolument lourd et pénible, le film de Bart Freundlich ne passionnera absolument pas et nous fera même souffler d’exaspération. Rajoutant sans cesse des malheurs à un jeune homme au haut potentiel sportif, le réalisateur se sauve avec un dernier acte plus nerveux et qui parle enfin du sport, sans jamais vraiment aborder des thèmes liés à celui-ci. Malgré un casting canon, Wolves est un film dépressif, qui va trop loin dans la relation toxique entre un père et son fils, et qui rajoute des embûches pénibles pour finalement ne jamais rien en faire. Les paniers sont manqués.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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