avril 20, 2024

La Vraie Famille – Dans l’Amour des Familles d’Accueil

De : Fabien Gorgeart

Avec Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati, Gabriel Pavie

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».

Avis :

Fabien Gorgeart est un réalisateur français qui a débuté sa carrière il y a tout juste une dizaine d’années. Après deux courts-métrages, il réussit à convaincre et sort alors en 2017 le joli « Diane a les épaules« , ou le récit d’une femme qui accepte sans hésiter (ou presque) de porter un enfant pour un couple d’amis. Si le film est resté assez discret en salle, il fut porté par un joli bouche-à-oreille, ce qui a parmi à son metteur en scène de pouvoir s’assurer un deuxième film.

Et nous voilà cinq ans après ce premier film, et c’est au tour de « La vraie famille » d’arriver en salle. Deuxième long de Fabien Gorgeart, « La vraie famille » puise dans l’enfance du réalisateur, pour mettre en lumière un sujet dont on ne parle quasi-jamais, les enfants placés pour un temps en famille d’accueil, et surtout l’attachement des familles pour ces enfants. Beau, juste, sensible, émouvant et horrible en même temps, si « Diane a les épaules » fut une jolie entrée en matière, « La vraie famille » confirme le talent de son réalisateur qui nous envoûte, nous bouleverse, et surtout, il nous fait repartir de la salle avec lui. Bref, assurément, cette « … vraie famille » sera l’un des plus beaux films français de l’année.

Anna, trente-quatre ans, vit avec son mari et ses deux fils, et Simon, un petit garçon de cinq ans qui a été placé dans la famille d’Anna à l’âge de dix-huit mois. Aujourd’hui, Simon est totalement intégré au sein de cette famille. Il appelle Anna, maman, et les deux fils d’Anna sont ses frères. Simon voit son vrai père un week-end par mois. Puis un jour, après avoir prouvé les efforts que ce dernier a fait pour se reconstruire, le père de Simon réussit à convaincre qu’il peut de nouveau garder son fils.

Le sujet des enfants placés en famille, on pourrait se dire que le sujet est déjà vu et revu. On pourrait même se demander ce qu’un nouveau film sur la question peut apporter de neuf et ça, c’était sans compter sur le talent de Fabien Gorgeart qui, comme je le disais, en puisant dans son enfance (sa famille a accueilli un petit garçon), le cinéaste nous offre là une petite merveille. Une petite merveille aussi bien dans son récit, les sujets qu’il explore, que dans sa forme, qui est d’une beauté absolue, nous réservant des scènes assez extraordinaires.

Bienvenue chez Anna et Driss, une famille où tout va bien. On pourrait même dire en grossissant le trait, que c’est une famille « Ricorée ». Ici, les rires d’enfants sont maîtres, ça court dans tous les sens, ça fait des bêtises, le plus grand commence gentiment sa crise d’adolescence, puis il y a Anna et Driss qui sont amoureux comme au premier jour, et bienveillant auprès de leurs enfants. La première chose qui frappe avec cette « … vraie famille« , c’est la spontanéité de son écriture. Ici, Fabien Gorgeart a tenu à raconter les petites choses du quotidien. Ici, il n’y a pas vraiment de problèmes, et même si tout le monde est à fleur de peau, tout sonne émotionnellement juste.

Fabien Gorgeart sait comment nous raconter cette famille, ses bons moments, puis ses maux qui vont petit à petit prendre un peu plus de place. Tenant un très beau sujet, l’attachement de cette famille avec des enfants placés, petit à petit le réalisateur nous raconte comment, après des années de vie « commune », il faut apprendre à se séparer d’un enfant placé, et c’est là que le sujet de cette « … vraie famille » se distingue d’autres films qu’on a déjà vus. Bien souvent, ces histoires sont vues du point de vue des enfants justement, alors qu’ici, le réalisateur regarde et raconte cette histoire du point de vue de cette famille, de ces frères de cœur, de ce père, et surtout cette mère, dont c’est le métier d’accueillir des enfants. Avec cet angle, Fabien Gorgeart raconte l’attachement de cette famille, de ce petit garçon qui ne comprend pas forcément tout ce qui se passe.

Puis, il raconte l’horreur de cette situation, qui est pourtant nécessaire finalement pour « transiter » cet enfant entre les familles. Le réalisateur approche aussi l’administration, parfois trop froide, qui évite l’émotion justement pour garder une certaine forme de tête froide. Le scénario, émotionnellement parlant, nous place à la hauteur de ce petit garçon merveilleusement incarné par le petit Gabriel Pavie. On se retrouve donc baladé comme ce petit garçon entre ces différents amours, ces différentes situations, et peu à peu, à force de justesse, à force de vérité, Fabien Gorgeart finit par faire exploser nos cœurs dans un dernier acte absolument magnifique. Un dernier acte sublime que le réalisateur traite avec la plus belle des sincérités. Franchement, c’était compliqué d’éviter le pathos, et Fabien Gorgeart le fait à merveille.

Ce fond superbe s’allie aussi à une forme des plus belles, car « La vraie famille » est visuellement magnifique à regarder. Oscillant entre les rires et les drames, Fabien Gorgeart nous immerge totalement dans le quotidien de cette famille, et l’on se laisse totalement happer au point qu’on aurait pu suivre Anna, Driss et leurs enfants n’importe où. La photographie de Julien Hirsch est sûrement l’une des plus belles de l’année. Visuellement, le film nous entraîne de scènes merveilleuses en scènes merveilleuses et ça, il le fait dès son ouverture dans un parc aquatique. On ajoutera à cela une BO magnifique signée Gabriel des Forêts qui accompagne et souligne les émotions. Bref, « Diane a les épaules » était déjà très beau, mais avec ce film-là, Fabien Gorgeart s’élève.

Cette « … vraie famille« , c’est aussi un film sublimement incarné par une troupe d’acteurs bluffants de simplicité et vérité. Gabriel Pavie, Idriss Laurentin-Khelifi et Jean Wihelm, qui jouent les trois enfants du couple, sont géniaux, tordants et tellement touchants en même temps. Lyes Salem, qui incarne Driss, est une belle découverte. Félix Moati dans la peau de ce père qui veut récupérer son fils est fabuleux. Puis enfin, il y a Mélanie Thierry qui est tout simplement bouleversante, tenant là son plus beau rôle.

Avec ce deuxième film, Fabien Gorgeart nous entraîne dans un film bouleversant de bout en bout. Un film plein de vie, plein de rires, de bêtises, et au-dessus de tout ça, plein d’émotions. Je le répète, Fabien Gorgeart fait exploser nos cœurs, et cette « … vraie famille » le pose désormais comme un cinéaste à suivre de très près. Très bien distribué, « La vraie famille » est assurément l’un des immanquables de Février, et même de ce début d’année.

Note : 18/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.