avril 27, 2024

Chair Pour Frankenstein

Titre Original : Flesh for Frankenstein

De : Paul Morrissey

Avec Udo Kier, Dalila Di Lazzaro, Joe Dallessendro, Monique Van Vooren

Année : 1973

Pays : Etats-Unis, Italie, France

Genre : Horreur

Résumé :

Victor de Frankenstein veut fabriquer de nouvelles créatures dangereuses et sanguinaires avec l’aide de son assistant. Pour ce faire, il n’hésite pas à commettre des actes abominables afin de réunir toutes les « pièces » nécessaires à son œuvre…

Avis :

Dans les années 70, Andy Warhol va ressortir ses collections de peinture, mais il va aussi produire quelques films, dont deux films d’horreur qui auront la nationalité américaine, mais qui seront tournés en Italie. Le premier de cette duologie est Chair Pour Frankenstein dont on retrouve le nom de Paul Morrissey derrière la caméra. Mais aussi le nom d’Antonio Margheriti dans le générique, ce qui causa un gros trouble à la sortie du film. En effet, à l’époque, les étrangers tournant à la Cinecitta devaient payer un surplus. Pour éviter cela, les producteurs ont eu l’idée de mettre Margheriti comme co-réalisateur, alors qu’il n’a été que consultant. Bien évidemment, un procès eu lieu et une lourde amende fut décidée pour le producteur. Bref, tout cela a permis de faire à quelque part de la pub pour ce film hybride, étrange et, disons-le, gore et outrancier.

La folie d’un homme

Comme toute adaptation du mythe de Frankenstein qui se doit, le film nous présente un homme qui veut créer la vie à partir de morceaux de cadavres. Pour cela, il est épaulé par Otto, un serviteur opportuniste et un brin malsain. Dans ce long-métrage, le docteur Frankenstein souhaite donc créer un couple de morts-vivants pour les faire s’accoupler, afin de lui donner une armée de petits zombies. Une idée saugrenue mais qui semble lui procurer beaucoup de plaisir. Un plaisir qui est absent de sa vie conjugale, puisqu’il ne touche plus sa femme qui s’ennuie et embauche un valet pour faire des galipettes avec. Manque de bol, la tête qu’utilise Frankenstein pour créer son monstre est celle du meilleur ami du valet, qui va le reconnaître et tenter de tout faire capoter. Sans compter sur les enfants lugubres du scientifique ou encore la bonne trop curieuse.

Chair Pour Frankenstein est un film très étrange dans sa proposition et dans son scénario qui se veut réellement putassier. Ici, le docteur assouvit simplement ses désirs, non pas pour devenir l’égal de Dieu, mais pour avoir des relations sexuelles avec des macchabées et voir deux corps putrides faire l’amour. Un amour qui passe par de nombreux sévices, dont insérer son pénis dans un plaie béante du ventre de la femme zombie. A travers cette histoire, Paul Morrissey va surtout explorer les mœurs légères d’un couple bourgeois qui sont attirés par des choses différentes. Des choses différents et dangereuses, comme on pourra le voir par la suite. Le problème, c’est que toute cette débauche de sexe ne mène finalement pas à grand-chose, si ce n’est à choquer le spectateur et à faire dans le sulfureux et le gratuit. Le réalisateur n’utilise pas son film pour critiquer quoi que ce soit.

Qui veut une pièce de viande ?

Très clairement, quand on regarde Chair Pour Frankenstein, on ne s’attend pas à un scénario mirobolant. Pour autant, le roman de Mary Shelley est un chef-d’œuvre gothique et les adaptations de James Whale sont de vrais bijoux. Alors pourquoi pas sur une petite production bis, qui plus est avec Andy Warhol dans les parages. Pourtant, le film ne porte jamais la marque de l’artiste peintre. Il faut croire qu’il a laissé quelques biftons, mais que le résultat lui importait peu. La réalisation de Paul Morrissey est assez fade, avec des passages qui flirtent avec le mauvais goût, voire l’absence de goût. Les éclairages ne sont pas travaillés ou marquants. Il n’y a pas de plans qui viennent titiller notre rétine et certaines images paraissent vides de sens, comme ce repas sur une longue table, où la caméra fait de longs allers-retours.

Il manque vraiment de la profondeur à cette production pour vraiment happer le spectateur. Mais il y a plusieurs choses qui font que l’on passe un agréable moment malgré tout. Et en premier lieu, il faut saluer les efforts gores qui parsèment le film. Il serait impossible aujourd’hui de sortir quelque chose d’aussi outrancier et sale. Certes, les « effets spéciaux » sont ridicules, puisqu’à chaque qu’un corps se blesse ou se fait blesser, il déverse des tonnes de bidoche sur le sol. Et c’est à chaque fois des pièces de boucher de choix. L’effet outrancier en devient alors drôle, devenant même un running gag que l’on attend impatiemment. Le réalisateur pousse les curseurs encore plus loin lorsqu’il faut filmer un Udo Kier gaga de sa création, qui va baiser avec elle en lui triturant l’intérieur du bide. Un passage décadent et horrifique, mais qui va prendre des atours humoristiques.

Des seins et de la VF

Outre l’aspect gore très prononcé, le film joue aussi énormément sur le sexe. Un sexe débridé où la débauche a sa place en tout lieu, même chez les bourgeois. Ce sera d’ailleurs un fil conducteur, où l’on passe d’une poitrine à une autre, avec un valet queutard dont le meilleur ami, et c’est là le comble de l’histoire, est homosexuel, mais se fait prendre pour un Dom Juan par Frankenstein qui lui coupe la tête, espérant le faire se reproduire avec son spécimen femelle. Le film joue alors avec cela, mais n’en tire rien de probant. Il n’y a pas de messages sous-jacents, et on est là pour montrer du sexe et du sang. La VF va alors réussir à tout faire passer en force, avec des doublages stratosphériques et surtout, des bruitages qui renforcent le côté salace de la chose. Et un pervers sexuel à la gestuelle improbable.

Au final, Chair Pour Frankenstein est un film très étrange, presque malsain. Le scénario n’est qu’une succession de scènes gores et de scènes sexuelles, qui n’ont pas vraiment de but, si ce n’est de confronter un savant face à sa propre folie et à l’abandon de sa famille. Malheureusement, tout cela sera vite effacé par un côté outrancier et putassier qui fait plus rire qu’autre chose. A défaut de faire peur ou d’être structuré, Chair Pour Frankenstein pourrait presque se voir comme un nanar de luxe, où sexe et gore font bon ménage autour d’une VF calamiteuse mais savoureuse.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.